vendredi 30 mai 2008

Femme de ville et femme des chambres

La beauté est supposée relative à celui qui l’apprécie. La couleur bleue n’est pas la plus belle aux yeux de tout le monde, chacun à ses goûts en architecture, etc.

Tout le monde semble pourtant s’entendre sur ce qu’est une belle femme. Pas seulement au niveau du visage, mais, surtout, du corps, de sa posture. Et de cet « unanimité » se déduit un «canon féminin».

Une femme est dite bien faite lorsqu’elle est svelte, élancée et, surtout, lorsqu’elle a un ventre plat.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent pour compagnes mondaines et pour épouses. Ces femmes là sont présentables. Leurs corps attirent les commentaires avoués des hommes. Ce sont elles que l’on recrute comme modèles.

Alors, beaucoup de femmes rêvent de cette apparence. Elles sont prêtes à subir toutes sortes de régimes alimentaires barbares ou à jeûner tout un mois pour garder la ligne. Et constater qu’une jupe leur est devenue trop grande est une victoire.

Ces types de femmes sont «admirées».

Il y a aussi les femmes «d’envergure». Celles qui prennent de la place avec certaines parties de leurs corps.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent comme amies intimes ou comme amantes. Elles donnent des idées et provoquent les soupirs inavoués des hommes.

Certaines femmes, l’ayant compris, font tout pour se donner de l’envergure. Elles se résignent à partager la médication des truies ou vont jusqu’à passer des heures, assises sur un seau pour que leurs arrière-trains en épouse la forme. (Le résultat est spectaculaire. Je me demande si certaines ne devraient pas être contraintes, comme pour la circulation routière, d'y arborer un ruban pour indiquer le dépassement de la longueur règlementaire. ;)

Ces femmes-là sont «désirées».

Les hommes, pour avoir le beurre et l’argent du beurre, se marient à une admirée (ou qu’ils croient en être une) puis se trouvent comme maîtresse une désirée (et qu’ils savent l’être).

Et bien souvent, aucune d’elle n’est vraiment aimée.

Tilou

vendredi 23 mai 2008

La Mer des Fêtes

L’année comporte plusieurs fêtes donnant l’occasion de rendre hommage à ceux que nous chérissons: la fête des Aïeux, celle des Héros, celle des Morts, la fête des Pères, depuis peu; celle des Enfants et, surtout, la Fête des Mères qui selon moi a toujours été la plus gaie.

La fête des Mères n’est, pourtant, plus ce qu’elle était il y a quelques années. En Ayiti, en tout cas, elle semble perdre de son intensité et les Flèdèmè* ne se portent presque plus. Aussi, la Fête des Pères semble la rattraper à grands pas.

Le cliché Père-irresponsable-et-bourrue contre mère-tendre-et-débrouillarde s’estompant peu à peu, le regard et l’amour des enfants pour les deux parents s’équilibre.

De plus en plus de pères savent aujourd'hui changer la couche du bébé ou lui préparer son biberon. Et au retour ils sont bénéficiaires, au même titre que les mères, de la tendresse de leurs enfants.

Il y a aussi que les mamans «modernes» semblent perdre de l’instinct de leurs prédécesseurs. Parce qu’en ces temps, c’est la bonne** qui nourrit, lave et met au lit le petit. La maman, elle, doit se rendre au bureau. Et comme les bons vieux papas d’antan, elle est trop fatiguée, au retour, pour faire plus qu’un baiser sur le front et dire «bonne nuit».

Cet équilibre ne pourrait-il pas nous amener, et ce ne serait mauvais que pour les magasins, à ne fêter les parents qu’un seul jour? Tiens!? Ce ne serait pas mal: la fête des «Parents». Et on pourrait même faire mieux...avec une seule grande «fête de la Famille» qui remplacerait en les réunissant celle des Mères, celle des Pères et celle des Enfants.

Cela renforcerait peut-être l’unité familiale, éviterait la polémique entre père et mère et surtout nous protègerait de la noyade dans la mer des fêtes.

Tilou

*Fleur des Mères: petite broche que l'on accroche au niveau de la poitrine et dont la couleur varie suivant que sa mère est encore vivante ou non. ** Servante

PS. En attendant que mon rêve soit réalisable, je souhaite une joyeuse fête des Mères à toutes les mamans qui me lisent: Mes amies, mes tantes, mes cousines, mes belles-sœurs, ma belle-mère, mon épouse et ma mère chérie.

vendredi 16 mai 2008

Copies Conformes

Ces derniers temps, il est souvent question de droits d'auteur en Ayiti. Cela devient tellement important de les protéger qu'a été mis sur pied une institution devant y veiller: le BHDA: Bureau Haïtien des Droits d’Auteurs.

L'idée serait qu'une œuvre, surtout musicale, ne soit exploitée sans l'aval de son compositeur ou sans que les détenteurs des droits ne puissent en tirer parti.

À bien y réfléchir, c'est protéger les musiciens de certains autres musiciens (ceux que je me plais à nommer «busniciens»). Parce que les premiers bourreaux de ces busniciens sont les busniciens eux-mêmes, qui plagient sans aucune gêne ce que font d'autres. On ne compte plus les groupes musicaux s'étant mis au pas de Djakout en copiant ses solos.

Et c'est carrément la mode: Hier, Djakout copiait T-vice qui copiait Micky qui copiait Top-Vice. Aujourd'hui, T-Vice, Carimi et bien d'autres copient Djakout qui copie System Band. Ne parlons même pas des autres qui ne savent plus où donner de la tête tant les groupes qu'ils désirent copier sont nombreux. Tous, des copies conformes, les uns des autres.

Le problème est que si le BHDA décide de faire le boulot pour lequel il existe, la production musicale devrait baisser sensiblement.

Alors, on met tout sur le dos de celui qui achète une mauvaise copie (copie non conforme ?) au coin de la rue. C'est lui qui empêche les artistes de manger. Pourtant, ce malheureux ne fait-il pas qu'obéir à la loi du marché, si chère à nos économistes?

Entendons-nous: Tijòj vend, au su de tous, des copies qu'il étale en pleine rue. Il les vend à très bon marché avec la possibilité de retour en cas de mauvaise qualité sonore. Et on voudrait convaincre le citoyen que c'est à lui d'acheter plutôt les mêmes musiques d'un CD beaucoup plus cher et pour lequel, d' ailleurs, il ne pourra que difficilement faire une réclamation?!

Allons..., soyons sérieux... et reconnaissons que les copies à sanctionner sont d'abord les originales.

Tilou

jeudi 1 mai 2008

À leur Santé!

Il a été de coutume que la famille Ayitienne célèbre ses moments importants - baptême, première communion, épousailles, etc. - en recevant pour quelques heures les proches amis.

L’événement est souvent clos par une réception au cours de laquelle les principaux concernés - le bébé, l’enfant, les époux - se verront offrir des cadeaux et des voeux par ceux venus apporter leurs félicitations.

Cette tradition semble ne plus être de nos jours. Non pas dans la forme - Il y a toujours réception et toujours des invités (E pou anpil la, yo anpil) - mais dans le fond.

Connaître les époux, le communié ou le baptisé n’est plus nécessaire. Certains, d’ailleurs s’invitent eux-mêmes. «Gratteurs» qu’on les appelle!. Et avec ça, plus question de voeux ou de souhaits.

Il s’agit maintenant de venir profiter du repas. Uniquement du repas: on arrive, on mange, on se goinfre si possible et on fout le camp (littéralement hein!). Et une fois qu’ il ne reste plus rien à «descendre», tout le monde ne cherche qu’à partir. D’abord une partie des gratteurs qui n’ont personne à qui dire au revoir, ensuite les invités et, enfin, le reste des gratteurs qui attendait une roulibe pour faire la route.

Chaque fois que j’assiste à pareil événement, je me demande pourquoi la famille ne réclame pas de subvention auprès du gouvernement. Parce qu’en fin de compte, c’est contribuer à l’apaisement social, non!?

Comment ça j’exagère? Mais non! Ce n’est pas seulement caricatural. Sinon, pourquoi personne ne rend visite pour féliciter quand il n’y a pas de réception et de repas?

Tilou