vendredi 31 octobre 2008

Vive les Morts!!!


En Ayiti, nous affectionnons beaucoup les morts. Bien plus que les vivants. ça vous étonne peut-être, mais c'est une réalité.

En témoignent les jours fériés officiels:

2 janvier: Jour des Aïeux (tous, des morts!)

17 octobre: Mort de Dessalines (Remarquez que l'on fête sa mort et non sa naissance)

1er novembre: Fête des Saints (surtout ceux qui sont morts!)

2 Novembre: Fête des Morts (sans commentaire!)

Ça ne s' arrête pas là. Il y a aussi les enterrements.

Premièrement, il devient beaucoup plus coûteux d'enterrer un parent que de donner naissance à un enfant. Très souvent , le mort n' a jamais eu espoir, durant sa vie (pas sa vie de mort, bien entendu), de posséder la somme dépensée pour ses funérailles. Deuxièmement, l'ambiance qui y règne...:Caméra, pâté, kola,... On ne rencontre presque plus de têtes d'enterrement à des funérailles. Il ne manque qu'un gâteau coiffé d'une petite maquette de cercueil!

Mais c'est compréhensible aussi. Faut dire qu'en Ayiti, on n'est jamais sûr du décès d'un mort. Même, parfois, on rencontre des morts bien vivants qui courent les rues.

Il y a une expression très révélatrice de ce trait de notre culture. Alors que normalement nous devons nous aimer «jusqu'à la fin de nos vies», ici nous disons: «Mwen renmen l' amò!»*

Tilou
*Je l'aime à mort

vendredi 24 octobre 2008

Secrets publics

Ce qui est secret, logiquement, ne doit être connu que de ses détenteurs. Faire circuler un secret va à l'encontre du caractère secret de l'affaire. Vous êtes d'accord?

En tout cas, si c'est le cas, il n'est pas certain que vous ayez raison. Parce que ça dépend de qui détient le secret.

Si c'est à une femme qu'un secret est confié, ce n'est qu'un secret provisoire. Une sorte de scoop à l'état latent. Scoop qu'elle dévoilera avec fierté un jour, pas très lointain, venu.

Si c'est à un prêtre que vous confiez votre secret, par exemple, dans un confessionnal, vous aurez au moins la garantie de votre anonymat dans l'histoire. Mais n' allez pas croire que l'histoire elle-même restera forcément secrète. Ah non! Ca peut arriver que dans une banale conversation ou, et c'est la meilleure, lors d'une homélie, il déclare: «...Comme l'autre jour au confessionnal, un fidèle m'a avoué avoir...»

Certains entendent, aussi, par secret, ce qui ne peut se dire qu'en chuchotant et à deux. Tout le monde peut être au courant, pas de problème. L'essentiel c'est de ne pas le divulguer à plusieurs dans une même conversation. Ce secret est dit de polichinelle. J'appelle ça, moi, un ch'cret. Parce qu'avant de le dévoiler il faut toujours préciser: «Chuuut! Ne le dis à personne!»

Et puis il y a aussi les secrets que l'on vient raconter à la télé, sans pour autant vouloir les dévoiler. Ah, oui! ça existe. Et il y a même des émissions pour ça. L'autre jour. j'en ai suivi une au cours de laquelle des femmes venaient raconter et expliquer leurs relations avec des hommes mariés (pas à elles-mêmes, évidemment ;). Ces femmes s'étaient faites maquillées de sorte qu'on ne les reconnaisse pas parce que...non, sa a debòde,...ça doit rester secret!

Pas mal hein!? cette idée d'aller raconter à la télé une histoire qu'on veut garder secrète?

Tilou

vendredi 10 octobre 2008

Inventifs...ces tordus!

Un ami me faisait remarquer, l’autre jour, que l’expression « thé glacé » était insolite. Avouons qu’il n’a pas tout à fait tort.

D’accord, ça a bon goût. Enfin , le thé lui-même, pas l’expression. Et en plus de goûter bon, c’est rafraîchissant.

Ceci étant dit, il ne faut pas avoir le cerveau trop à l’endroit hein, pour trouver un truc pareil. Du « thé glacé »! et il y en a d’autres : du chocolat…blanc ! du jus en…poudre ! du café…décaféiné ! etc. Carrément des oxymores tangibles.

Il paraît que c’est à mettre sur le compte de «l’inventivité» des gens du Marketing. Pour faire ce boulot, il faut donc se tordre le cerveau: On prend quelque chose de naturel, on le met à l’envers et hop! Ça donne un produit révolutionnaire, probablement utile,... avec un nom coucher dehors.

Je me demande comment n'ont-ils pas encore lancé «l'allumette à geler» ou la «bière chaude».

Certains autres noms, par contre, sont de belles trouvailles. La « Permanente » par exemple.

Ça ne dure pas du tout et il faut la réappliquer régulièrement. Tous les 2, 3 ou 4 mois, suivant les cheveux de la personne (sivan pòch li !). Et en fin de compte il n’y pas plus de permanence dans les effets de la permanente que dans la stabilité des taux de change en Ayiti.

Mais, ne croyez pas que les gens du Marketing aient berné les femmes. Non. Le mot Permanente est convenablement et judicieusement choisi. Parce qu’une fois la permanente essayée, il faudra l’utiliser en permanence.

Ah! ces gens du Marketing!. Croyez-moi, il auraient déjà proposé «l’eau en poudre» s'ils savaient avec quoi mélanger la poudre pour retrouver l’eau.

Tilou

vendredi 3 octobre 2008

Liberté à surveiller!

La démocratie est un terme très utilisé de nos jours. C’est un concept cher à nos dirigeants. Son établissement s’avère cependant néfaste dans certains cas.

S’il est incontestable que la dictature fait du tort à un pays, en empêchant l’épanouissement d’un grand nombre de personnes, dans sa volonté de réprimer toute opinion qui lui soit contraire; il n’en demeure pas moins qu’à la démocratie il faut une structure de forte autorité sinon de répression. Sans cela, la soit-disant démocratie risque de causer plus de tort qu’aurait pu en faire une dictature.

Prenons un exemple banal: le fonctionnement de la presse et des autres médias de communication.

La dictature imposait à la radio et à la télévision ce qui convenait comme émissions et comment elles devaient être présentées. Certaines musiques ne s’y diffusaient pas. Le créole ne s’y parlait pas. Et tout ceci non pas par choix de la population, mais simplement parce que le contraire ne plairait pas au gouvernement.

Ceci a changé, de nos jours. Mais je ne parierais pas que la radio et la télévision se soient améliorées.

Toute censure ayant disparue, la télé nous offrent toutes sortes d’images. Toutes sortes d’images qui ne devraient pas êtres diffusées: des scènes pornographiques ou de violences gratuites que pullulent les productions cinématographiques avant-gardiste ou, comme on a pu le voir récemment, des images de cadavres d’enfants morts, noyés dans les inondations et ramassés à la pelleteuse; sans aucun respect de la dignité humaine.

Et que dire de la radio qui ne trouve plus aucune retenue dans leur émission de chansons triviales?

Évidemment, je pourrais trouver plusieurs autres exemples à mettre dans l’ensemble des exercices de liberté plutôt nuisibles . Le vacarme de certains aux mépris des autres n’y serait pas un intrus.

Mais les pratiques de la radio et de la télé doivent pouvoir convaincre que même en démocratie, il faut une censure de certaines pratiques de la liberté.

Tilou