vendredi 18 juin 2010

Joumou pa donnen Kalbas ?

Sa ou plante, se li ou rekòlte!

En Ayiti, nous semblons avoir juré de démentir cette expression.

Je sais que l’exemple des dirigeants que nous élisons est le premier à vous venir à l’esprit...et vous avez bien raison. Comment s’attendre à la construction d’un état pas des femmes et hommes n’ayant aucun sens de l’Etat? (enfin, ne donnant pas à ce mot le sens qu’il devrait avoir).

Nos proches à qui nous aurions pu faire confiance pour leur intégrité, leur honnêteté et leur intelligence; nous les encourageons à ne pas se mêler de la politique active. «monchè, pa foure tèt ou nan bagay sa yo non!» leur disons-nous pour ensuite nous étonner «Mesye! Peyi sa a pa gen chans menm. Se vòlè sèlman ki ap dirije li! »

Mais je ne m’étendrai pas plus sur nos gouvernants. Il y a encore plus intriguant.

Nous éduquons nos filles et fils avec des principes dont nous nous étonnons de leur application plus tard.

Nous rappelons toujours à l’ordre les bambins de la maternelle lorsqu’ils tentent de dénoncer un de leurs camarades qui aurait fait un p’tit dezòd. « Tu ne dois pas rapporter! »

Comment leur reprocher alors, une fois devenus adultes, leur reflexe à se taire lorsque témoins d’un écart d’un concitoyen?

Comment condamner leur attitude à régler seuls leurs conflits avec d’autres lorsque nous les encouragions à se défendre seuls face aux taquineries de leurs camarades au lieu d’en faire part à la maîtresse?

Comment s’étonner qu’ils n’aient d’yeux que pour les mauvais gestes de leur entourage, ne remarquant jamais les bonnes actions de leurs prochains? N’est-ce pas ce que font nos profs avec leur exercice d’orthographes?

Ah, mais oui! La dictée peut bien avoir 200 mots à orthographier, si s’y retrouvent 10 fautes, la note est pareille que si aucun mot n’avait été bien écrit. Les 190 bien écrits ne valent rien. Seuls comptent ceux mal écrits.

Bon, on me dira que c’est pour viser la perfection. Peut-être. Mais la méthode n’est pas très encourageante et je ne suis pas certain qu’il y en ait beaucoup à se rappeler ces exercices comme d’agréables souvenirs.

Il y a bien d’autres exemples, et bien plus dramatiques que la dictée, qui pourrait illustrer cette contradiction chez nous. Mais qui sait il se pourrait qu’un de ces quatre matins, le giraumon donnera effectivement de la Calebasse. La greffe…euh…pardon! L’aide internationale se rapprochant, on s’endormira peut-être un jour ayitiens pour se réveiller américains ;)

Tilou

3 commentaires:

  1. cette affaire de dictée m'énerve.
    Je viens de perdre une place de lauréat dans un concours de dictée créole de la caraïbe pour avoir fait 2 fautes comptabilisées pour 8 fautes parce que les deux mots se répètent de temps en temps dans la dictée.
    Par ailleurs, dénoncer l'autre, c'est pas bon dans le contexte scolaire, puisque la solidarité entre élevé et/ou entre écolier, c'est à prôner.

    RépondreSupprimer
  2. la solidarité est-elle à proner même dans le mal???

    RépondreSupprimer
  3. Ah oui! L'expression "Joumou pa donnen kalbas" ne cesse de faire son p'tit bonhomme de chemin."Chen pa konn fè chat". Donc, Tel père tel fils.

    RépondreSupprimer