vendredi 30 septembre 2011

Point de vue


Aviez-vous remarqué comme la relativité était présente dans notre quotidien?

Bon oui, je sais qu'il n'échappe à personne que tout n'a pas la même valeur pour tout le monde.

Certains trouvent que l'instruction est importante et encouragent les actions qui permettent aux jeunes d'accéder aux salles de classes. D’autres préfèrent investir dans les journées RAP  et autres bals où la marijuana est servie comme plat du jour (ou de nuit, plus précisément).

Certains encore, pensent que les postes électifs devraient être respectés et occupés par les plus qualifiés. D'autres ne voient qu'une position avantageuse et, égoïstement ou naïvement, ils y mettent n'importe qui.

Nous sommes donc tous d'accord tout le monde n’a pas le même regard sur tout.

Cependant, la relativité dont je parle concerne plutôt les regards diamétralement opposés qu'une même personne peut avoir sur un même sujet.

La gouvernance par exemple. À chaque élection, tous nos candidats se tuent à nous expliquer comme il convient de faire autrement que les dirigeants en place. Que le gouvernement ne fait rien, que la Minustha doit partir. Mais, ne sont-ce pas les mêmes qui, une fois arrivés aux postes viennent nous démontrer que le gouvernement d'avant faisait en fait, ce qu'il fallait faire, disais ce qu'il fallait dire?

Mais là encore, ça peut passer. Le discours n'ayant changé qu'après la prise de fonction, on ne saurait leur tenir rigueur. Et puis, il n'y a pas que les intelligents qui changent. ;-)

Ici en Ayiti, on se plait à déplorer la prise du pays par les étrangers. « Mezanmi, blan fin pran peyi a !». Et les plus nationalistes (ou kwè!?) se désolent en se remémorant l'illustre Charlemagne Péralte. Mais quand ces mêmes propos sont tenus par le Front-National en France, ça n'a plus la même saveur.

Le cas de l'épouse pro féministe est encore plus flagrant. À la télé ou face à son mari elle se bat pour la reconnaissance de toute la corvée qu'elle abat à la maison. «Travay nan kay pi rèd pase travay nan biro» ou encore «mesye yo al chita nan biro, men nou menm se tout jounen an n’ap bourike nan kay la». Hmm...Est-ce le même discours quand il faut négocier le salaire de la bonne? N’est-ce­ pas plutôt : «O! Kot travay ki gen pou fèt la a pou fi a ap mande tout kòb sa a? Rete ! Pa preske gen anyen pou fèt nan kay la non!»

Vous voyez comme tout peut être relatif?

Et si vous cherchez bien, si vous jetez un œil autour de vous ou, même, si vous prêtez attentions à chacune de vos prises de position, vous en trouverez bien d’autres exemples de relativité dans le regard que vous portez à un sujet :)

Alors, et si de temps à autre on essayait de se mettre à la place de l'autre? Et si on arrêtait de tirer aveuglément la corde de son côté?  Ça ne vous dirait pas, d’essayer de temps en temps de comprendre ce que l’autre peut être en train de vivre ? Si tout le monde s’y mettait, peut-être que les compromis seraient moins difficiles à trouver, qui sait ?

Mais bon, c’était juste une idée comme ça hein! Pas la peine non plus d’en faire une fixation…n’est-ce pas ? D’ailleurs, il n’est  écrit nulle part que tous, nous souhaitons vraiment un monde meilleur ;)

Tilou

jeudi 22 septembre 2011

Yo pa vle wè n’ !


Beaucoup d’Ayitiens sont à la recherche du vrai blocage de notre pays. Ils pensent que d’une façon ou d’une autre, il existe UN problème qui une fois résolu, ne constituera plus un obstacle au progrès tant souhaité par la grande majorité.

Certes, les plaies de l’ancienne chelèn des caraïbes sont nombreuses. Si nombreuses qu’il semble de plus en plus impossible de la polir sans la faire disparaître. 

Mais bien d’autres jolies perles d’aujourd’hui ont été des  grizon  par le passé. Et encore plus kolboso que l’est l’Ayiti contemporaine. L’intuition est donc qu’il faut trouver LE problème. Mettre la main sur LE fil à couper pour désamorcer cette bombe dont la minuterie n’est pas loin de terminer son compte à rebours.

Alors, moi aussi je me suis mis à la recherche de cette tare qui fait notre malheur. J’ai procédé méthodiquement en me demandant ce que nous, Ayitiens, avions en commun.

D’abord, Ayiti! Mais ça ne peut pas être ça. ça n’aurait pas de sens que le pays soit maudit parce qu’il nous est commun. Et même si on considère cet angle, cela signifie simplement que c’est nous le problème et donc, retour à la case départ : qu’avons-nous donc en commun qui puisse nous être néfaste?

Notre couleur de peau? Peut-être! Les pays les plus pauvres sont ceux où les noirs sont majoritaires. Mais, le Brésil et l’Inde sont en pleine progression. L’Afrique du Sud n’est pas mal lotie non plus. Et puis, avec nos mulâtres et nos « bobistò blitch », on se rattrape pas mal hein! 

Parce que nous ne parlons pas anglais? Hmm Je doute fort que les américains parlent vraiment anglais ;)

Ainsi donc, après avoir passé en revue tous les points communs que je nous connais, je n’en ai trouvé qu’un seul qui puisse faire l’affaire : la persécution (Nou gen pèsekisyon!).

Mais oui, ç’est ça. Tous nos problèmes sont dus à une persécution :

Un  bébé mal nourri ou trouvant peu de soin ne meurt jamais de faim ou de maladie. Il a tout simplement été manje. Et le pauvre vieillard du quartier sera soupçonné. Même que si en plus d’être tigranmoun et pauvre, il circule aussi très sale, il a intérêt à déguerpir du quartier le plus vite que possible car sa culpabilité ne souffrira alors d'aucun doute.

Un écolier abonné à l’école buissonnière et qui ne réussit pas est simplement victime de l’instituteur qui lui aura volé ces notes pour les donner à un autre camarade. (Bon sa a vre, mwen pa janm konprann li. Vòlè nòt : ok! Men pou bay yon lòt la…)

Les  protestants et les karismatik eux, ils visent haut. C’est le diable qui est constamment après eux. (Tout la jounen y’ap lonmen non li, kou li reponn yo kouri!)

Un président qui fait reculer le pays n’est pas coupable non plus, il indexera les traditionnels « fòs fè nwa » que personne ne pourra identifier.

Le groupe musical s’en prendra aux « malpalan yo » qui constamment « ap fè manti sou do djaz la » et si ses soirées sont de moins en moins réussies, les malpalan en question seront les animateurs d’émissions musicales, coupables de boycott.

Et le commerce qui verra sa clientèle diminuer à cause de ses prix exhorbitants et du peu de service offert renverra la balle à un supposé zonbi que lui aura expédié le voisin d'en face.

Eh oui! Quelle que soit la situation, quelle que soit l’action que nous posons ou que nous ne posons pas, la cause de nos problèmes vient toujours d’un autre qui, pour milles raisons que nous tâcherons mystérieusement d’identifier, nous en veut et fait tout pour nous mettre les bâtons dans les roues.

Alors, pourquoi donc les malheurs du pays devraient échapper à la règle? Nous continuons à être corrompus, à oublier toute notion de civisme, à ne pas éduquer nos enfants…mais le mal dont souffre le pays n’est toujours qu’une persécution des autres nations, des blancs ou même des lwa parce que nous ne les « servons » pas assez…

C’est ce point commun là que j’indexe, moi; Le «yo pa vle wè n’». Tachons de ne plus fuir nos responsabilités et peut-être ainsi, un jour,  y’a kontan wè n’!

Tilou
.