Bon. Je ne sais pas trop ce que pourrait être ce «bonheur parfait», mais le bonheur se rencontre aussi sur la terre. Croyez-moi, je l'ai vu.
Oui, les moments et occasions de bonheur ne manquent pas dans nos journées, dans nos vies.
Pour un autre regard...
Je ne sais pas si, comme moi, vous aimez observer les gens. Je ne le fais pas spécialement pour admirer leurs tenues (quoique…) ou quelque partie bien «hypnotisante» de leurs corps (encore que…). Mais plutôt leurs attitudes, leurs comportements. Ah, c’est mon passe-temps favori. Et pour cause, je ne m’en ennuie pas. Alors, là, pas du tout !
À force d’observation, j’en suis à la conclusion que la majorité des gens que nous rencontrons, par leur volonté de se faire une image, jouent la comédie.
Il y a d’abord ceux qui font rire: La vedette de musique, l’homme politique, le responsable d’une grande entreprise commerciale... lorsqu’ils s’expriment à la télévision.
La première parlant d’elle-même à la troisième personne, hachant ses phrases de «you know!», de «yessay» et convaincue qu’il faille impérativement simuler un rire après chaque quatre mots. Le deuxième s’efforçant de prendre un ton solennel et s’affichant comme le plus préoccupé du sort de SON peuple. Le troisième quant à lui, l’air le plus innocent du monde et ne convainquant que lui-même de son désir véritable et de sa vocation noble de servir le pays en fournissant le meilleur service possible.
Oui, tous ceux-là me font rire parce que je devine bien qu’ils ne sont pas vraiment tels qu’ils se montrent. Ils tiennent un rôle et le font si mal qu’ils sont les seuls à y croire.
Il y a ensuite les groupes de gens qui font pitié: Ces dames invitées à un mariage, ces frères protestants, ces «tòg» ou «bredjenn», etc.
À l’église, on voit ces dames-Jumbo se faisant violence avec des robes de barbie et tenant à peine en équilibre sur des talons-aiguilles, poussant les « janmdebwa » du carnaval à la retraite.
Les frères protestants se sentent l’obligation de s’exprimer comme des attardés, ils donnent l’impression d’avoir peur de mordre les mots.
Quant à ceux du troisième groupe, c’est leur démarche qui m’intrigue. Que dis-je ? Ils ne marchent même pas, ils sautillent, clopinent, comme le ferait un cheval privé d’une jambe, pour bien paraître aux yeux du reste du clan.
Ces gens là me font pitié parce qu’ils se privent du naturel et de leur aise pour ne pas passer inaperçues.
Enfin, il y a ceux qui me font pleurer : Les petites gens au service de celles de haut rang, la réceptionniste d’une boite commerciale, l’épouse malheureuse.
Vous n’observez jamais le visage des gens de services quand ils croisent leurs employeurs ? Un sourire bête déforme leurs visages, témoignant de leur manque d'assurance, de leur crainte, de leur complexe d’infériorité. Ils sont comme renfermées sur eux-mêmes, regrettant vraisemblablement de ne pas disposer d’une carapace comme la tortue.
Dans la salle d’attente de l’entreprise, celle qui vous reçoit fera tout son possible pour donner l’impression qu’elle est en joie et contente de vous voir, même si la veille, elle comprit que l’amour de sa vie ne l’aimait plus. Elle fera tout pour ne rien laisser paraître parce qu’apparemment, on n’apporte pas ses problèmes au bureau.
La femme déçue de son union ne prendra plus plaisir à l’acte sexuel, mais continuera de simuler. Elle se fera peut-être même plus bruyante qu’avant, finira par se résigner, se convainquant que cela devait forcément se passer ainsi. Son comportement pourrait duper si de son visage ne s’effaçaient pas la jovialité et l’envie de vivre de ses vingt ans.
Toutes ces personnes jouent donc la comédie. Consciemment ou pas, de gré ou de force, elles ne sont jamais tout à fait ce qu’elles laissent paraître.
Mais je les comprends. Dans certaines d' entre elles, Je me reconnais…un peu.
Tilou
Pour un rien, rigwaz ! À l’enfant qui désobéit, rigwaz ! À ceux qui se bagarrent en pleine rue, rigwaz ! Pour un mauvais carnet scolaire, rigwaz ! Et pour des écarts bien moins admissibles, rigwaz ! Rigwaz ! Rigwaz !
Pour être bien à la mode, certains parents se targuent déjà : « Moi-même, je ne bats pas mes enfants. Oh! Mais c’est vieux jeu ! » Et d’autres qui se préparent déjà à proposer la loi qui aborderait la question.
Les pays avancés (avanse ? pou ale ki bò ?) ont des structures qui leur permettent d’appliquer de telles lois. Ils disposent de grandes institutions et établissement pour récupérer les enfants qui seraient soustraits à la garde de leurs parents. Malgré cela, la délinquance juvénile reste florissante chez eux.
Et puis, c’est quand même bizarre que l’on veuille priver un parent de son enfant parce qu’il essaie de le bien éduquer alors que beaucoup de dégénérés qui auraient dû être enfermés vivent tranquillement avec des enfants à élever.
Tilou
Quelques personnes m’ont trouvé un côté zuzu à cause de mon précédent billet. D’après elles, c’est parce que j’arrive à m’exprimer en Français que je suis contre le Créole, notre langue, dit-on « maternelle ».
Bon. Mettons-nous d’accord : Je ne suis pas contre le Créole ou sa pratique. Mais le Créole pose quand même quelques problèmes, ayons le courage de l’avouer.
D’abord cette histoire de langue maternelle. Normalement c’est la première langue que l’on apprend, non ? Alors, le Créole n’est pas ma seule langue maternelle. J’ai appris à m’exprimer en français avant de pouvoir le faire en Créole. Et c’est le cas de beaucoup de mes compatriotes, bien que la plupart, il est vrai, ne connaissent que le Créole.
Mais que dire alors de nos frères de la diaspora qui, pour certains, ne parlent que difficilement le Créole ? La constitution, déjà, ne les reconnais pas comme fils du pays, si maintenant si en plus ils doivent avoir une langue maternelle qu’ils ne parlent pas…
Ensuite, je ne comprends pas trop bien cette affaire de « penser dans sa langue maternelle » Ça voudrait dire que le français ne pense qu’en français ? Le Chinois, qu’en chinois, l’Ayitien, qu’en Créole ? Et ceci parce que c’est leurs langues maternelles respectives ? Humm. Alors, le muet, dont la mère est muette, il ne pense pas, lui ? Ou, pense-t-il en signes ? (Nou gen pou nou tande mezanmi !)
Tilou
Il est bien de penser au peuple, de travailler à son bonheur. Ça devrait être le devoir de tous, mais encore plus de tous ceux qui prétendent travailler pour son bien (celui du peuple, je précise). Mais attention, «rendre le peuple heureux» n’est pas synonyme de « lui faire plaisir». Et ce, pour la bonne raison que le peuple, lui-même, n’est pas forcément en mesure de reconnaître le chemin qui doit le mener à son bien-être.
Ah, j’imagine déjà certains hommes et femmes politiques, ces éternels défenseurs du peuple, crier leur désaccords : «Le peuple Ayitien est mature», «Pèp la konn sa li vle». Pour eux, chaque journée électorale attirant la foule dans les bureaux de vote est une «leçon de démocratie», une preuve de «l’intelligence politique» du peuple.
Bon. Je serais prêt à l’admettre si ce n’était les membres de ce même peuple qui continuent à inonder de détritus les rues, les places publiques, les églises et même leurs propres quartiers. Quel bel exemple de maturité pour une population que de détruire sa propre terre. ;)
Mais pour beaucoup d’entre ces employés du Ministère des Crises Nationales, plaire au peuple passe avant même le bonheur de ce dernier. L’exemple le plus parlant de cette attitude est la propagande menée il y a quelques temps, et qui continue encore, à propos de l’utilisation de la langue créole :
Affirmer que notre langue dite maternelle doit être privilégiée était devenu un slogan. Il fallait qu’à la radio, qu’à la télévision, dans les journaux et qu’à l’école, le créole soit primé.
D’accord, un certain changement s’était avéré vraiment nécessaire. Que toute l’administration se fasse dans une langue non maitrisée par la population, que le créole soit interdit des cours de récré et, pire encore, que l’on demande à un enfant qui parle créole de changer de langue en lui intimant : «exprime-toi !» relevaient de la sauvagerie. Et puis, certains, à écouter les français -marron (et même «kaka jako») ont dû avoir pitié de la langue de Bonaparte. (Comment ça «on dit la langue de Voltaire» ? il ne parlait pas Français, Napoléon ?).
Bon, ceci étant dit, le changement n’a rien apporté de bon. D’abord, parce que les français-marron n’étaient pas dus aux difficultés de la langue de Chirac (fè respè nou wi !) ni à une quelconque incompatibilité entre la culture Ayitienne et la langue française ; mais plutôt par une distance à cette langue des gens de la classe modeste, causée par le snobisme de ceux qui la parlaient couramment.
Et puis ensuite, à l’école c’est le comble. Le Français étant de moins en moins apprécié, les cours de grammaire, de littérature n’ont plus d’importance. Ils sont bâclés tant par les élèves que par les enseignants. Maintenant, on parle Créole même en plein cours de Français. Résultat, évidemment, on ne comprend plus rien à la langue de Sarkozy (bon la a, nou gen rezon !). Pour les écoliers, passer des examens en Français, c’est les travaux forcés.
Pour pallier à ça, on a voulu mettre les contrôles en Créole. Mais…hé hé ! Ce n’est pas du gâteau hein de coucher tout ce qui se dit dans une langue dont le vocabulaire n’a pas encore été défini ! Et comment on va dire ceci ou cela ? Alors là ! (se la bagay la gate a).
Ça ne vous est jamais arrivé de demander si un mot ou un autre existait en Créole ? On me dit souvent, à moi, que tel mot ou tel autre ne se disait pas parce que ceux qui n’ont pas fréquenté l’école ne le connaissent pas. (Kifè si ou vle konn pale kreyòl, fòk ou pa ale lekòl ?!)
Quant à l’orthographe, ils ne se sont pas cassé la nénette (clin d’œil à joujou). C’est phonétique. Très bien. Mais du coup, personne n’arrive à lire convenablement le créole. Quand j’écris «CHANY» on comprend avec peine que je parle de cireur de bottes. Cette écriture phonétique ne nous dit rien du tout.
Enfin de compte, ça a peut-être plus au peuple, mais ça n’a pas du tout fait son bonheur. Le résultat est probant : Une personne ayant arrêté ces études au certificat d’études primaires en 1960 s’exprime mieux, même en créole, que nos actuels écoliers de la rhétorique.
Tilou
Ah ! Quel beau spectacle hein, le festival du week-end dernier ! Franchement, chapeau !
Beaucoup de monde, beaucoup de...euh !, beaucoup de…Monde. Et puis… du bruit ! Oui, beaucoup de bruit, beaucoup de sons. Oh, que ça tapait fort ! C’était à rendre aux sourds l’usage de l’ouïe ou à leur ôter tout espoir de le retrouver. J’habite à des kilomètres du lieu du spectacle et je peux vous assurer avoir bien tout reçu.
Évidemment, il y aura toujours des insatisfaits qui viendront se plaindre de la qualité du spectacle. «Le décor n’était pas à la hauteur», «Les groupes n’ont fait montre d’aucune originalité dans leurs prestations», «On a eu droit aux mêmes interprétations que d’habitude», «l’organisation a témoigné d’amateurisme» (se pa mwen non, se entoleran yo ki ap di sa !), «l’horaire n’a pas été respecté» et patati…et patata !
Mais c’est qu’ils n’ont rien compris du tout, ces coincés ! C’est justement par souci de surprendre que la fête a été ainsi pensée.
Mais oui, réfléchissons. Tous ceux qui s’y sont rendu l’ont fait en pensant que cette fois-là serait la bonne, qu’il y aura du beau spectacle, avec de jolies chorégraphies, de la bonne musique (pas forcément à faire hurler les chiens de douleurs), de spectaculaires prouesses d’instrumentistes sous des jeux de lumières recherchés, comme on le voit à la télé.
D’abord, ça se fait déjà partout ailleurs. Donc, c’aurait été du copiage que de faire comme les autres.
Mais ensuite, et surtout, si les spectateurs s’étaient vu offrir ce à quoi ils s’attendaient, il n’y aurait point eu de surprise ! N’allez tout de même pas croire que les gens qui s’y sont rendus s’imaginaient que c’était ÇA, un spectacle. Voyons, Ils ne sont tout de même pas aussi débiles ! Et les organisateurs avaient bien compris ça. Et quelle meilleure garantie de surprendre que de proposer le contraire de ce qui est attendu ? Vraiment, ce spectacle a été un coup de maître dans l’art de déconcerter.
Bon, l'année prochaine, ça risque de se corser. Entre surprendre ceux qui ne s'attendent pas à l'être, par quelque chose de surprenant; et dérouter ceux qui s'y attendent par un nième spectacle banal, le choix ne sera pas facile. Mais j'ai confiance. Ils sauront nous surprendre comme cette fois-ci.
Le seul Hic a été le public. Là vraiment, ce fut la preuve que les mœurs et les temps ont changé : plus une once de politesse ! Témoigner de la gratitude envers quelqu’un pour son dévouement à nous servir, ça semble avoir disparu. Les musiciens ont dû, pendant tout le spectacle, demander aux spectateurs de montrer leur appréciation en levant les mains, en applaudissant ou en gueulant «Anmwey». Certains chanteurs ont même été jusqu’à les supplier : «Mezanmi, rele anmwey non !» Et malgré tous ces efforts, certains trouvent à redire sur le savoir-faire de nos «atis».
Moi, en tout cas, ce festival ne m’a pas laissé de marbre. Reconnaissant le prophète même lorsqu’il est de mon pays, je ne me ferai pas prier avant de crier «Anmwey !». Et je l’avoue, depuis ce week-end, mon envie de chanter a augmenté. Je me surprends de temps à autre entonnant cette ancienne musique :
«Konpa m’ tonbe, BLOW… blow... blow!!!»
Tilou
Nous sommes en 2009. Déjà la neuvième année du XXIe siècle. Certaines coutumes injustes, certains comportements barbares ont disparu. Il n’y a plus de ségrégation raciale, d’apartheid; les expressions du racisme s’effacent. Les mœurs ont changé.
Cependant, on a beau s’enorgueillir de notre civilisation moderne, certains réflexes, reconnus pourtant vils, peinent à disparaître. Le machisme, par exemple.
Certes, il devient de plus en plus difficile pour un homme de rosser sa femme sans que personne ne trouve quelque chose à redire. Et la femme peut maintenant prétendre, sans scandale, pratiquement à toutes les places qu’occupe l’homme (sòf chany!, mwen pa konn pou kisa). Mais une femme est très rarement perçue d’abord comme une personne. Même presque jamais.
Les hommes préfèrent voir partir une femme que la regarder venir, rien que pour admirer son arrière-train. Et croyez-moi: à cette pratique-là, ils se donnent à cœur joie. Surtout si l’arrière-train en question est emballé convenablement (selon eux) dans un pantalon bien plaqué. «Hmmm! Manman bèf!», pensent-ils. Comment ça vous n’aviez pas remarqué? C’est systématique, pourtant. Dès qu’une femme tourne le dos, les yeux des hommes se dirigent vers son bas. (Menm si yo pa rete pou lontan, y'ap fè yon ti desann kan menm). J’en ai même surpris à reluquer celui de mon épouse, en ma présence. Mais c’est plus fort qu’eux.
Et n’allez pas croire que c’est un vice de petites gens. Même dans les hautes sphères, c’est le sport favori. Cette semaine, une photo circule, montrant le président américain louchant sur le popotin d’une femme autre que la sienne, à une rencontre internationale.
Bon, ce ne serait pas trop dramatique si le machisme moderne se limitait à cette affaire de fesses. Mais c’est plus grave que ça. Bien plus grave.
Sur une page d’un tabloïd de la semaine dernière s’étalait une dame légèrement vêtue. « Gad’on bebe! » se récria un collègue admiratif. Évidemment, son exclamation attira plusieurs autres à s’enquérir de ce QUE c’était. Mais pas de QUI il s’agissait : Personne ne demanda son nom ou pourquoi elle était en première page d’un journal. Les féministes ont raison sur ce fait: Une femme n’est plus perçue que comme un corps. Elle n’a plus de valeur que le plaisir charnel qu’elle peut apporter.
Et comme nous ne pouvons le dire, nous le montrons :
Faites un tour des clips en rotation à la télévision : rien que des femmes n’exhibant que leurs corps. Parfois, on ne voit pas leurs visages. Elles tournent le dos pour mieux afficher leurs fesses, quand ce n’est pas la caméra qui fait un gros plan sur la marchandise, coupant du cadre la tête et les autres membres.
Certains carrément militent dans le ridicule. Ils mettent des femmes nues partout. J’ai encore en tête une scène où un chanteur est dans une remise intérieure, debout à côté d’une belle voiture et, avec lui, dansant deux femmes…en bikini! (oui, moi aussi je cherche encore l’explication d'une telle tenue dans une remise).
En plus de l’impudeur s’y mêle l’indécence. Il devient normal d’exposer un homme et deux femmes. Ça ne gêne personne. Les pubs de journaux, Les affiches géantes, les clips musicaux…tous semblent prêter leur service à la promotion de la polygamie. (Et au cas où vous penseriez que je verse dans la paranoïa, demandez-vous pourquoi ce n’est jamais une femme et deux hommes!).
Malgré donc notre modernité, nos mœurs raffinées, nous n’arrivons toujours pas à nous défaire de ce réflexe qui veut que toute femme ne soit qu’une femelle à saillir. Nous finissons par ne plus considérer la femme comme une personne ayant besoin d’être aimée ET respectée…et nous cherchons ailleurs les causes des échecs des couples?!
Tilou
Ce qui est bien avec Ayiti, c’est qu’on ne finit jamais d’apprendre. Mais vraiment jamais! Lorsqu’on croit comprendre quelque chose, la connaître, la maîtriser…on est surpris de réaliser qu’on avait tout faux.
Cette semaine c’est la définition du mot chômeur que je dois revoir. J’aurais pourtant juré savoir ce que ça veut dire, que ça désignait quelqu’un privé involontairement de travail.
Eh bien, non ! Ce n’est pas ça. Le dictionnaire dont je dispose doit être une contre-façon!? ...En tout cas, ce n’est pas ça. Parce qu’à la radio cette semaine, il y a un spot qui prouve le contraire. C’est un message de l’Association Nationale des Chômeurs - ANC, réclamant la création d'emplois.
Bon ! Rien que l’existence d’un tel regroupement me laisse abasourdi. Comment peut fonctionner une telle organisation? Exige-t-elle une cotisation de ses membres? Parce que c’est pas donné hein, de faire tourner un spot sur plusieurs stations de radio et plusieurs fois durant la journée. Pauvres membres (au propre comme au figuré ?), déjà qu’ils n’ont pas de boulot, ils doivent, en plus, débourser pour être reconnus chômeurs.
Mais n’est-ce pas la première, sinon la seule, organisation qui aurait comme but son inexistence? Mais oui, si l’ANC vise à pourvoir d’un emploi chacun de ses membres, elle travaille à sa perte parce que si tout le monde travaille, personne n’est chômeur. Et il n’y a plus personne pour faire vivre l’association. (Heureusement que le gouvernement se charge lui-même du recrutement. ;)
Et qui organise tout ça ? Certainement un comité ; avec un président ou un secrétaire général et des adjoints. Il y a peut-être même un trésorier. Qui sait ? Mais ceux-là, sont-ce aussi des chômeurs ? Enfin ce n’est pas une mince affaire hien, d’être trésorier, secrétaire général ou président d’une organisation NATIONALE !? Et pour eux, pas question d’aller déposer des CV et postuler pour un emploi ailleurs. Ce serait de la trahison, d’aller pactiser avec l’ennemi. Et puis ça mettrait l’administration de l’association sens dessus-dessous. Non. Les membres du comité doivent rester fidèles et ne travailler que comme chômeurs.
En même temps, ça fait un peu bizarre que des chômeurs soient chargés de trouver du travail à ceux qui n’en ont pas. La charité bien ordonnée ne commence-t-elle plus par soi-même ? Quelle preuve d’abnégation, d’altruisme !
Et pour ces héros, finalement, ça devient un sacré boulot…le chômage.
Tilou
Je ne sais pas si vous avez remarqué l’importance du corps dans la communication du peuple et de l’individu Ayitiens. C’est peut-être le support d’expression le plus utilisé. Même plus que le parler.
Si le Carnaval offre déjà une idée de l’affection que témoigne le peuple pour la danse – bien plus que la musique puisqu’il danse n’importe quoi – il pourrait, par les nombreux refrains prétendant que c’est la seule occasion de se défouler, laisser croire que l’on ne danse qu’occasionnellement.
Pourtant, la danse (enfin, le souke kò) fait partie du quotidien.
Quand l’Ayitien éprouve une grande joie, il danse. Quand un chômeur gagne à la borlette, quand un bachelier entend son nom dans la liste des admis en niveau supérieur, quand l’équipe nationale de football gagne une compétition (bon, sa a se pa pou semenn sa a), quand un groupe social voit son candidat remporter les élections ; tout ce beau monde se met à danser.
Certes, ces personnes ne dansent pas forcément dans le sens classique du terme. Ils ne «s’expriment pas en interprétant des compositions chorégraphiques». Ce n’est même pas «une suite harmonieuse de gestes et de pas».
Elles se meuvent de façon assez rythmée pour laisser comprendre qu’elles dansent ou, plutôt, assez désordonnée pour porter à croire qu’elles parodient la danse. Certaines fois, elles fredonnent même des airs de circonstances.
Également quand l’Ayitien éprouve une grande peine, une grande douleur ; il danse. Quand une marchande se fait voler la recette du jour, quand une dame apprend la mort de son mari ou de son enfant…elles dansent de douleur. Elles disent la ressentir au ventre, dans les tripes (yo di trip yo ap kòde). Mais de l’extérieur, on les voit danser. Mains sur la tête ou sur les hanches, se tenant peut-être le bas ventre ; elles trépignent, sautillent…
En fin de compte, quelles que soient l’époque, la période, la saison, la fête ; quels que soient les événements, les troubles politiques, les misères, les chimères ; le peuple Ayitien reste un peuple qui danse.
Tilou
C'est dommage que je n'aie pas de frère jumeau. J'ai toujours eu ce regret. J'aurais pu accomplir tant d'exploits, changer tant de choses.
J'aurais commencé par «marrer» ceux-là qui remplissent les rues d'immondices. Tous. Les clochards en haillons comme les turlututus motorisés qui ne baissent la vitre de leurs portières que pour balancer leurs bouteilles vides.
J'aurais utilisé le «sékrè» pour «kenbé» les assassins de pays qui n'utilisent les institutions étatiques que pour se remplir les poches et la gorges (non. «s» la pa yon fot. Men gòj moun sa yo tèlman laj ke li paka o sengilye).
Attention ! Je ne ferais de mal à personne. Ce serait une punition pédagogique pour changer leur mentalité. Et surtout pour enlever de leur quotidien l’affection vouée à la superstition.
Mais là ça causerais un paradoxe. Vouloir démontrer l’inexistence d’une chose en s’en servant.
J’avoue, cependant, que c’est quelque chose qui me tient à cœur que de ramener mes compatriotes à la raison, leur faire comprendre qu’une bonne partie de leurs croyances ne sont que chimères, illusoires vérités.
Allons donc ! un humain qui se transforme en chat, cabri, dinde et même papillon !? Un type qui ingurgite, lui-même, un breuvage pour qu’un autre ait la diarrhée !? Des jumeaux qui, par le simple fait d’avoir partagé un même placenta, sont pourvus du pouvoir de «kenber» et de «marrer» les gens !? (bon, se vre ke gen de marasa ki gen kèk tan yap bann pwoblèm la a). Quand même !?
En tout cas, avec ses atouts, soit nous sommes les plus idiots de l’univers, soit ces pouvoirs nous viennent directement de l’enfer. Autrement, je ne comprends vraiment pas comment l’arbre aurait pu produire d’aussi mauvais fruits.
Tilou
La tendance, ces jours-ci, est à penser que, le niveau scolaire ayant chuté, les jeunes sont moins intelligents. Je n'en suis pas convaincu.
Certes, les écoliers sont moins aptes à résoudre un problème mathématique ou même à comprendre le message porté par un texte.
Mais ne vous méprenez pas. Ils accomplissent des exploits inimaginables et insoupçonnables.
Les fêtes de graduation, par exemple. Les écoliers en classe de terminale réussissent à se procurer un bon nombre de cadeaux à l'occasion des fêtes de graduation. Leur truc: se choisir, chacun, un parrain et une marraine.
Fini cette histoire de parrain ou marraine de promotion, se croyant un modèle et qui venait discourir sans rien apporter (Enfin, ils payaient la salle de cérémonie et le goûter, mais ça ne profitait pas aux poches des écoliers). Maintenant, place à ceux et celles qui n'arrivent pas les mains vides.
Attention, il ne leur est rien demandé. C'est même moins fatigant que lors d'un baptême où parrain et marraine sont contraints de faire écho au prêtre, répétant une tonne de "oui, j'accepte" et de "je renonce".
Là, rien à dire. Rien à faire. Et en fin de compte, on ne comprend vraiment pas de quoi, de qui, pourquoi on est parrain ou marraine.
Toutefois, vous vous sentez toujours obligé d'arriver avec en main un «p'tit quelque chose.»(Pas trop petit quand même).
Vu le nombre de paquets reçus par certains gradués, ils doivent avoir plusieurs parrains et marraine.
Même que je soupçonne certains de reprendre l'année rien que pour revivre la graduation. Tiens! Ça expliquerait le taux élevé d'échec aux examens de la philo!?.
Quand je pose la question de la raison d’être de la cérémonie de graduation (y compris celle des jardins d’enfants), les concernés me rétorquent que c’est pour maquer le passage d’une étape à l’autre.
Oh ! Les rusés ! Oh ! Les finauds !
Ils doivent sans doute planifier 3 ou 4 graduations par année. Mais oui. Parce que depuis qu’il n’existe plus les Trimestres, on ne parle plus que d’étapes. Et s’il faut célébrer chaque changement d’étape…
Tilou
Commentant les problèmes du pays, j’entends souvent dire qu’il faut une prise de conscience, que nous devons tous faire notre (ou nos) Mea Culpa pour repartir d’un bon pied.
Bon, ce n’est pas une mauvaise chose que ceux qui aient quelque chose à se reprocher se repentissent et décident d’agir différemment. Nul doute que le pays en profiterait grandement.
Cependant, cette tendance à mettre tout le monde dans le même lot est inacceptable. Ce discours du « nou tout koupab » est même dangereux.
D’abord parce que c’est inexact. Tout le monde n’est pas coupable ! Personnellement, je ne vois pas en quoi j’ai contribué aux malheurs d’Ayiti. Pas seulement moi, d’ailleurs. Je connais pas mal de personnes qui paient leurs impôts, se rendent aux urnes et veillent à ne pas salir les villes et aident leurs concitoyens du mieux qu’elles peuvent. Prétendre que « Nou tout koupab » c’est témoigner de l’irrespect envers celles-là.
Ensuite, parce que ce discours, au lieu d’aboutir à une prise de conscience réelle des autres qui contribuent à dégrader la nation, ne fait que les conforter dans leurs attitudes. Ce langage n’étant qu’une arme qu’utilisent les lâches hypocrites pour ne pas se mouiller.
Ils sont au courant de toutes les magouilles, des moindres détails des magouilles, mais n’accusent toujours qu’au sens large. Lorsqu’il s’agit d’un scandale au Sénat, ils certifient sur les ondes que les sénateurs sont corrompus, mais prennent toujours les soins de ne nommer personne et, surtout, de disculper ceux qui les accompagnent sur le plateau.
Ainsi donc, il fait bon vivre pour les pillards. Ils ne sont jamais pointés du doigt. On dénonce l’action en protégeant l’acteur. On protège l’acteur en accusant tout le monde. Le discours paraît sensé mais il ne sert à rien. Et il ne servira à rien jusqu’à ce que le fraudeur soit dénoncé et sanctionné aussi sévèrement que l’est la fraude.
Tilou
En Ayiti nous disposons de très peu d'argent mais de beaucoup de devises.
La Gourde est la monnaie reconnue par la Loi, mais elle est loin d'être la seule à parader sur la place.
Ces temps-ci, le Dollar américain lui fait de l'ombre. Il devient courant, même normal d'être facturé en grinbak par les commerçants et fournisseurs de services. Plusieurs entreprises, d'ailleurs, paient leurs employés dans cette devise.
Et le gouvernement, qui pourtant a pour devoir de faire respecter la loi s'y met aussi, notamment à l'aéroport de Port-au-Prince où certains frais sont perçus en dollars youwès.
L'utilisation du Dollar américain n'est cependant pas la plus intrigante. On peut très bien comprendre la préférence qui lui est accordée en tenant compte de l'instabilité du taux de change.
Il existe plusieurs autres devises qui, carrément, peuvent donner le tournis à un étranger.
D'abord le Dollar Ayitien, qui vaut 5 gourdes, est plus utilisé que toutes les autres. Même loin devant la Gourde. Pourtant il n'existe pas. Aucun billet ne mentionne « Dollar haïtien » Il n'a même jamais existé. C'est un vestige d'une époque très lointaine où 5 Gourdes s'échangeaient contre un Dollar américain. Et croyez-moi, le Dollar Ayitien a encore de longs jours à vivre.
Ensuite il y a le Adoken. Enfin…LES Adoken. Le gros Adoken qui vaut 5 gourdes et le petit Adoken, que je préfère appeler brik, qui vaut 1 Gourde. Mais ce n’est pas tant leurs valeurs qui font leur particularité, mais plutôt leur aspect.
Il y a enfin la devise cryptée. Celle qu’on utilise pour ne pas attirer l’attention. On l’appelle aussi Gourde. Plutôt Goud, en créole. Ne vous y fier pourtant pas : ça n’a rien à voir avec la monnaie nationale. Elle peut d’ailleurs faire référence au Dollar ayitien aussi bien qu’au Dollar américain. Mais avec la particularité de sous entendre les milliers ou les centaines.
Ainsi un type peut vous proposer 4 Goud pour sa voiture et un autre 4 Goud pour sa camera numérique. N’allez pas croire que les deux objets se valent. Le premier vous coûtera quatre mille Dollars américains tandis que le second, quatre cents Dollars ayitiens.
Vous voyez ? Si en Ayiti l’argent ne circule pas assez, les devises, elles, courent les rues.
Tilou
Si beaucoup de gens méprisent le rastafarisme, c'est par peur et par ignorance.
D'abord, certains se contentent de l'apparence des adeptes pour s'en faire une opinion. Et l'apparence étant trompeuse, elle induit forcément en erreur.
Certes, les rastas, avec leurs «dread locks», ont un air de brocolis calcinés, mais c'est pour la bonne cause, pour l'équilibre de la planète. En effet, avec le déboisement que connaît la terre, il faut bien que la reforestation se fasse quelque part. Et même à bien observer leurs crinières, je me demande si certains d'entre eux, prenant le problème environnemental trop à cœur, ne s'y rajoutent pas un peu de fumier.
Le seul hic avec leurs coiffures (je ne suis vraiment pas sûr que ce mot convienne) c'est la chaleur que ça dégage. C'est de ce côté, peut-être qu'il faudrait rechercher la cause du réchauffement planétaire. Ah, oui! J'ai remarqué que la chaleur croissait avec le nombre de nouveaux rastas.
À part ça, il n'y a rien à craindre du rastafarisme. C'est d'ailleurs une religion comme beaucoup d'autres.
Elle a un dieu: Hailé Sélassié, le Ras Tafari. Elle à son Moïse, Marcus Garvey qu’on appelle d’ailleurs The Black Moses, et son messie, Bòz...euh, pardon!...Bob Marley.
Bon! Leur dieu, celui qu'ils appellent Jah, n'a pas voulu marcher dans l'affaire parce qu'il était chrétien orthodoxe (le traître).
Mais c'est pas grave. Ils se sont rabattus sur le messie. Bob Marley est donc devenu leur dieu. Exactement comme ça se passe aux États-Unis d'Amérique quand le président est empêché.
La place du messie étant donc vacante maintenant, il va falloir la combler avec un nouveau messie. Et quoi de mieux que s'inspirer d'une autre religion. Vous rappelez-vous l'annonciation, avec l'ange qui disait à Marie de ne pas avoir peur, etc.? Et bien les rastas ont voulu faire pareil. Mais comme ils n'avaient aucun tuyau sur qui cela pouvait être, ils ont fait une annonciation «plon gaye». C'est une chanson qui circulait sur les ondes et disant «kè kal manman, kè kal si pitit ou rasta». Pas mal hein!?
Et puis, ils ont leur repas sacré aussi. Non, ça n'a pas de levain. Ce n'est d'ailleurs pas du pain. C'est du ganja, du chanvre ou «pay» pour les initiés. Ç'est une aide à la méditation, disent-ils. Entre nous, ils doivent méditer seulement en altitude, puisqu'ils avouent qu'en en absorbant ils se sentent toujours «High».
Quoiqu'il en soit, le ganja, c'est leur meilleur atout. Si le rastafarisme prêche la fraternité, la sagesse et la simplicité COMME les autres religion, elle est la seule qui offre la High-attitude. Vous ne savez pas ce que c'est ?
Eh bien, après une bonne bouffée de ganja, vous mettez votre index et votre majeure en V et vous commencez vos phrases par «Peace» et les terminez par «dja rastafaray Ayile selasyay». hm ! Coooool.
Tilou
Les événements sportifs se développent d’une façon assez curieuse.
Normalement, un match de foot ou de basket, est un spectacle. Donc, ceux qui viennent y assister paient leur place pour admirer une représentation. Exactement comme pour une pièce de théâtre. La seule différence est que, pour le sport, le jeu des acteurs est improvisé.
Et si une pièce de théâtre ou un cirque attire beaucoup de monde, c’est que le spectacle offert est jugé bon. Parce que si ce n’est pas le cas, l’événement n’intéressera pas grand monde.
Les événements sportifs ne semblent plus faire partie de cette catégorie. À écouter un chroniqueur, l’autre jour, j’ai eu l’impression que se rendre au stade pour suivre un match de foot relevait plus d’un geste de charité que de l’envie de voir le spectacle. Il exhortait ses auditeurs à ne pas abandonner le championnat national de football. Vous trouvez ça normal, vous ?
Imaginez-vous abordé en pleine rue par le propriétaire du bar d’en face qui vous supplie de venir acheter une de ses piquettes rien que pour lui éviter la faillite. Vous auriez sans doute raison de lui expliquer que c’est la mauvaise qualité des boissons qu’il propose qui cause sa faillite ; et non votre désintéressement au vin.
C’est exactement ce qu’il faudrait répondre à ceux qui se plaignent du désintéressement du public à nos matchs de foot.
Mais pour notre Sport-Roi, ça va plus loin encore. Payer pour un spectacle médiocre ne semblent manifestement pas assez. « Ayisyen pa konn sipote ekip, se lè ekip la ap mennen sèlman, oubyen lè li ap jwe byen ke li bat bravo ! » Là, sérieusement, je ne comprends pas. N’est pas normal d’applaudir ce qui est bien et de bouder le mauvais ? C’est le monde à l’envers.
Évidemment, je comprends qu’il puisse être bénéfique d’enhardir les joueurs lors d’une rencontre, comme cela se fait avec les applaudissements de débuts de représentation théâtrale, mais on ne saurait passer tout le match à « ponpe, chante, danse » alors que rien de ce qui est offert n’est plaisant.
Et puis, on en revient aussi trempé de sueur que les joueurs sur le terrain. Et beaucoup plus que ceux restés sur le banc de touche. Tiens ! Pourquoi ils n’encouragent pas leurs coéquipier, ceux-là ? Et je n’entends personne leur reprocher de rester de glace lorsque l’équipe perd hein !
Dans toute cette histoire, c’est le spectateur qui se fait arnaquer : Il se rend au stade, doit bosser encore plus dur que certains joueurs de l’équipe et il doit payer pour ça.
Tilou
Vous rappelez-vous les anciennes bouteilles de kola? Elles avaient ce défaut de sembler trop petites lorsqu'il fallait partager leur contenu avec les quatre ou cinq petits frères.
On aurait pu croire que la taille de nos actuelles «grands-mangeurs» aurait amélioré la chose. Eh bien non! Si la part de chacun a bien augmenté, l'insatisfaction est restée pareille.
Et ceci, simplement parce que nous nous sommes habitués à consommer beaucoup plus. Ce qu'un enfant d’aujourd’hui avale comme fridòdòy et Junkfood peut facilement atteindre le double, voir le triple de celui d'il y a à peine vingt ans.
Jetez un œil aux paquets de popcorn dans les salles de cinéma, aux paquets de chips sur les comptoirs de boutique ou aux piwouli dans les bak des marchandes.
Tout ça n'est pas arrivé par hasard hein! Cette révolution a été bien pensée et mise en place par ceux qui pensent à nous, ceux qui s'évertuent à transformer notre monde en une société de folle consommation.
Ils désirent nous procurer ce qu'il nous faut, Ils nous offrent ce qu'il ne nous faut pas.
Un spot publicitaire vente les mérites d'un sandwich que personne ne peut manger en entier. Quand même! Le plus simple aurait été de baisser le prix du sandwich normal, certes, mais où en serait l'originalité? Ah. Je vous dis...Ils sont géniaux, ceux-là qui pensent à nous.
Sur les affichent conçues pour nous inciter à nous gaver d'alcool, ils nous est conseillé de ne pas faire d'excès (Ça s’ rait quand même dommage de perdre un fidèle client). Et pour nous bien faire comprendre la chose, ils nous offrent, de temps à autres, pour le prix d'une, deux bouteilles de bière indiquant de façon clairement subtile : « à consommer avec modération». Tout ça parce qu'ils pensent à nous.
Même les fabricants de cigarettes pensent à nous. Les paquets qu'ils nous offrent gratuitement à l'entrée des boites de nuits nous rappellent que fumer nuit gravement à la santé. À ce train là, Ils vont finir par nous mettre une posologie sur les paquets de clopes et les bouteilles d'alcool. Ça sera du genre : «un verre bien rempli 3 à 4 fois par jour».
Et les pharmaciens, eux aussi, tiennent à nous montrer qu'ils pensent à nous. Vous n'avez jamais remarqué qu'après un traitement, il vous reste toujours quelques comprimés dans le dernier flacon?
Les contenants sont toujours remplis de sorte que la posologie du traitement réclame toujours l'achat d'un dernier flacon que vous utiliserez à peine. Toujours parce qu'ils pensent à nous?
Et bien moi aussi, j’ai une recommandation à faire, elle est pour ceux-là qui pensent à nous. «Si vous ne pouvez vous empêcher de nous prendre pour des ânes, faites-le, au moins, avec modération.
Tilou
J'ai longtemps pensé que les femmes se disant féministes avaient une dent contre les hommes. Récemment, j'ai réalisé que j'avais tout faux.
En fait, c'est leur amour du masculin qui guide leurs comportements. Elles aiment tellement les hommes qu'elles ne rêvent que d'une chose: devenir des hommes! Pas seulement de se mettre à leur place ou de faire comme eux, mais vraiment de se transformer en hommes.
Regardez leur façon de s'habiller. La plupart de ces medam, sinon toutes, ne portent que pantalon. Leurs coiffures sont affreu...euh...pardon! afro ou rasta. Et leurs gestualités ne sont pas sans rappeler celles des bons vieux gaillards machos.
Bon, cela ne m'avait pas tout de suite frappé.
Mais je me suis demandé pourquoi on ne rencontrait pas de belles filles, coquettes et féminines dans le mouvement féministe? Pourquoi la majorité rappelait étrangement ces «manman poul a zepon»?
C'est ce qui m'a mis la puce à l'oreille. Je me suis dit que la femme étant très jalouse, ça doit être un mouvement, contre les belles femmes (les féminines), mené par certaines femmes moins belles (les féministes).
Et c'est pas idiot hein!? Si elles réussissent à faire disparaître la Féminité, leur complexe d'infériorité sera vaincu. Et ça sera deux coups d'une seule pierre: Toutes les femmes ressembleront à des mecs et aucune n'aura la préférence des hommes puisque la féminité aura disparu.
Alors, pour atteindre leur but, elles emploient les grands moyens.
En plus de se vêtir comme les hommes, les féministes visent la pointure des «gwo soulye» : (Tout bon wi !) La première des féministes, la fée-ministre, s’est rendue à une foire du livre, là où vont ceux animés de la folie des livres. Elle fit la tournée des écrivains femelles sautant (dans le sens de ignorer hein !) au passage tous les mâles.
Aujourd’hui, comme il y a quelques années, un spot publicitaire demande aux femmes d’aller voter les femmes parce que ce sont des femmes. Je vais faire pareil. Ne pas voter les femmes parce que je ne suis pas une femme.
À bien réfléchir, c’est pas forcément une mauvaise idée : Les hommes votent les hommes, les femmes votent les femmes. De cette façon, ce ne sera plus nécessaire de dépenser autant d’argent pour des élections. Il suffira de faire un recensement et le sexe majoritaire sera vainqueur.
Et Messieurs ! Pas besoin de s’inquiéter du fait que la population compte plus de femmes que d’hommes, les féministes par leurs plumages et leurs ramages se chargent de rétablir l’équilibre.
Tilou
Aujourd'hui, c'est jour de jeûne. C'est vendredi-saint. C'est pour commémorer le sacrifice du Christ que les Chrétiens soulignent ce jour.
En Ayiti, on en profite pour manger en famille. Les occasions se raréfiant, c'est un temps que l'on chérit.
Mais, le moment culminant de ce jour reste celui du repas. Ah vraiment, on a droit à l'abondance.
Entre nous , je ne connais aucun jour de l'année ou les Ayitiens mangent autant. Mais, vraiment, aucun. Même le dimanche pâques et le 2 janvier ne sont à la hauteur. On croirait que la gourmandise est passée au rang d'«idéal».
Certes le vendredi saint, la viande rouge n'a pas droit de citer. Mais à part ça....
On a droit, rien que pour l'entrée à du poisson, beaucoup de poisson. Surtout de la morue, du gros sel et de la sardine. On l'accompagne d'oeufs, de betteraves, de vivres de salade. Ensuite, comme dans tout repas Ayitien digne de ce nom, on fait place au riz. hmmmmm... un bon riz blanc, bien chaud sur lequel une bonne coulée de purée de poids blanc vient layiter. Et avec ça, on reprend du poisson. Beaucoup de poisson.
On se régale aussi d'un bon vin, quand on peut. Mais un dessert ne servirait à rien, puisque le temps de desservir n'arrive jamais: quand on croit avoir fini...il reste encore pour plus tard et demain.
Heureusement que c'est un jour de jeûne. Sinon, qu'est-ce que ça serait!!!
L'inconvénient (l'avantage, pour certains que je connais) c'est que le mot «jeûne», lui-même perd son sens. Il devient toujours associé à nourriture. En témoignent les réunions de prières où l'on apporte sa cantine de viande et de riz et qui sont malgré tout appelées :«jeûnes!», faisant ainsi des jours où l'on jeûne les plus gras de l'année.
Tilou
Existe-t-il vraiment des bonnes et des mauvaises personnes? Les personnes ne nous paraissent-elles pas bonnes, ou non, selon les avantages qu'elles nous laissent tirer d'elles?
Je me suis posé la question après qu'un bòs kawotchoumann m'ait qualifié de «bon moun» parce que je lui avais laissé un bon pourboire en plus de son dû.
Comment cet homme pouvait-il affirmer que j'étais bon? Certes, je pense que je le suis. Tout comme le pense, pour lui-même, chacun de vous qui me lisez. Tout comme le pense, pour lui-même, chacun de ceux qui ne me lisent pas. Mais comment a-t-il pu deviner?
Simplement en regardant le billet de 100 gourdes que je lui ai tendu?
C'est donc que le critère pour être «bon moun» est l'aptitude ou la facilité à tendre la main? (pou bay wi, paske ou ka lonje men pou ou pran tou)
Dans ce cas, il n'existe pas de «move moun». Puisque tout le monde, à un moment ou à un autre, sait faire preuve de charité. Enfin, je suppose. Ainsi, chacun est «bon» à un moment précis et, surtout, pour quelqu'un en particulier.
Mais il y a des moun plus bon que d'autres. Ça dépend de la fréquence ou (et) de la quantité que tu donnes.
Si tu donnes une fois en passant, t'es un «bon moun». Si tu le fais régulièrement, t'es un très «bon moun» mais si tu donnes souvent et beaucoup, t'es un «bon mooooouuuun!!!!» (Nan istwa saa, pòv pa ka bon moun?)
Mais attention, il ne faut pas toujours donné à la même personne, sinon, même si, celui-là te considèrera comme un «bon moun», les autres auxquels tu n'auras rien gratifié te verront peut-être comme un «moun de byen», mais certainement pas comme un «bon moun»
Tilou
Passer pour un imbécile ne plaît pas à tout le monde. Et même si dès fois certains jouent la victime, c'est en vue d'une victoire qu'ils pensent ne pouvoir obtenir qu'en éveillant la pitié des autres. Ainsi, une fois leur but atteint, ils auront acquis la victoire.
Celui qui se rend compte qu'il a été berné le prend toujours très mal. Il se sent blessé dans son amour-propre, dons son orgueil. Et la peur d'être abusé devient tellement grande que ça vire à la paranoïa.
Maintenant tout le monde voit en chacun un potentiel voleur. La ménagère qui va au marché discute toujours le prix proposé par la marchande. Même si son budget prévoyait 200 gourdes pour un article, si la marchande en réclame 100, elle en propose 30. Et si son prix est acquiescé trop facilement, elle ne cessera de s'inquiéter d'avoir été dupée.
Et ne nous empressons pas d'accuser la marchande, qui, pour se défendre, avouera que si elle avait réclamé les 40 gourdes tout de go, l'acheteuse ne s'en serait pas accommodé pas et lui aurait offert peut-être dix, voire cinq gourdes.
Avec ça, aller au marché peut se comparer à des «deals» de mafia, où, l'on a toujours peur que l'adversaire ne se saisisse et de la marchandise et de l'argent.
Cette mentalité de vouloir gagner à tout prix est maintenant si bien ancrée que mêmes le fables de la Fontaine perdent leur sens.
Dans la «Cigale et la Fourmi», cette dernière passe pour une héroïne malgré son égoïsme gratuit. Elle ne veut pas prêter; non parce que ça la dérangerait, mais surtout pour punir la Cigale de n'avoir pas travailler.
Dans le «Corbeau et le Renard», on souligne la naïveté du premier et l'intelligence du second. On oublie la méchanceté du canidé.
Et ça va encore plus loin. On acclame les gagnants en faisant fi de la morale. Dans la comédie musicale «Notre-Dame de Pars», Fleur-de-Lys, la fiancée du chevalier Phœbus, n'a rien a se reprocher. Pourtant, elle n'intéresse personne alors qu’ Esmeralda, la bohémienne qui rend fous tous les hommes de la pièce, est la préférée de toutes les filles qui préfèrent s'identifier à elle plutôt qu'à l'autre...
Simplement pour ne pas être le dindon de la farce.
Tilou
Dans La Bible il est dit que nul n'est prophète en son pays. En Ayiti, nous côtoyons cette maxime tous les jours. On a beau être professionnel et le plus qualifié dans un domaine, nos concitoyens ne font jamais confiance à nos diagnostics.
Mais…(nou konnen pap pa gen «Mais») il y a une exception de taille.
La seule chose qui puisse accorder la confiance des autres c'est de parler de lougarou, de sorcellerie ou de ces autres bizaroïderies. Là, ce n'est plus question de prophète, c'est «paroles d'évangile».
Si tu racontes que ton cousin, avec lequel tu vis, est un type intelligent, qu'il peut résoudre les problèmes auxquels font face la NASA et la ESA, on te prendra soit pour un fou, soit pour un prétentieux...soit pour un fou prétentieux!
Si, par contre, tu leur expliques que le voisin, que tu connais à peine, est un lougarou et que, chaque soir, il se transforme en Kodenn pour vòltiger de toit en toit, on te croira sur parole.
Si tu arrives en retard au boulot et prétends que la veille tu étais en réunion avec un chabraque au Palais National, on te demandera la marque du joint que tu as fumé.
Si, de préférence, tu avoues n'avoir pas pu te lever de lit parce qu'une certaine force te «pesait» et ne t’a libéré qu’après plusieurs bonnes minutes, on ne trouvera rien à redire.
Si tu prétends que la maladie du bébé du quartier n'est pas «simple», le p’tite vieille habitant au coin de la rue a intérêt à metdeyò. Parce que ce sera forcément elle qui la «mange».
En Ayiti, nous accordons tellement de foi en la puissance du mal qu'on laisserait croire que le diable serait plus puissant que le Bon Dieu. C'est fou ce qui se dit:
«Des gens se transforment en bœufs, chien, cabri et même poules». (Et tellement fréquemment que certaines ne savent plus s'ils sont humaines ou bœufs, chiens, cabris poules. Maintenant, quand je vois quelqu'un, je me demande si c'est pas une poule transformée en humain.)
«Certains se mettent brusquement à parler des langues qu'elles n'auraient jamais côtoyées.»
«D'autres peuvent se déplacer de Port-au-Prince à Jérémie instantanément.»
Tout cela se dit avec une ferveur et une assurance troublante. Mais n'est toujours raconté que par un intermédiaire. Jamais par la personne en question ou un témoin oculaire. Toujours par quelqu'un qui, on ne sait jamais pourquoi, témoigne d'une foi aveugle en des histoires très improbables.
Tilou
L'école est vraiment le premier le lieu de perdition, vous savez !? C'est là que les enfants commencent à apprendre les mauvaises actions, les mauvaises attitudes.
Et je ne parle pas de l'Université, du Secondaire ou du Primaire. Là, les adhérents acquièrent des habitudes répréhensibles et des pensées crochues, certes, mais c'est normal. Ils font leurs les défauts des autres tout en leur renvoyant l'ascenseur. C'est un partage naturel contre lequel on ne peut pas grand chose.
Le vrai problème, c'est l'école maternelle. (Poko joure, mwen poko menm di anyen!)
Parce que dans les «jardins d'enfants»(jan yo rele bagay sa a pa bon non!), en plus du partage naturel des défauts, il y a les jardinières qui enseignent de mauvaises choses à leurs plantations.(nou wè lè mwen te di li pa bon an!)
Vous n'écoutez pas les chansons qu'on y apprend? Bien sûr que vous les écoutez. Vous n'y prêtez pas attention, peut-être, mais ces comptines sont connues de tout le monde.
Alouette par exemple.
C'est une chanson qui fait preuve, non seulement de cruauté mais aussi de cynisme. L'alouette, elle n'a rien fait. Elle est même qualifiée de gentille. Mais on la plume quand même.
Bon. on aurait pu trouver ça normal, puis qu'il faut peut-être la manger. Mais la plumer ne suffit pas. Il faut la narguer avec ça. On l'appelle sur un ton mélodieux pour le lui dire:
Alouette, gentille alouette
Alouette, je te plumerai.
Une autre : J'ai du bon tabac.
Avec cette chanson, l'enfant va non seulement côtoyer la cigarette ou la pipe, mais aussi expérimenter l'égoïsme:
J'ai du bon tabac dans ma tabatièèère
J' ai du bon tabac, tu n'en auras pas!
Et la fameuse comptine du nain,... pour développer la violence envers la femme. Et en plus, c' est une chanson débile; on n'y comprend rien:
Un petit bonhomme pas plus grand qu' un rat
Il battait sa femme comme un scélérat
En disant: 'Madame ça vous apprendra
à manger des pommes quand j'ne suis pas là.'
La plus intrigante est celle de la Mère Michelle.
Il s'agit ici d'un maître chanteur qui réclame une rançon contre la restitution d'un chat ne lui appartenant pas; et d'une femme avec les mœurs un peu pervers:
C'est la mèr' Michel qui a perdu son chat
Qui crie par la fenêtr' à qui le lui rendra
C'est le pèr' Lustucru qui lui a répondu :
Allez, la mèr' Michel, vot' chat n'est pas perdu.
{Refrain:} Sur l'air du tralala, (bis) Sur l'aire du tradéridéra, Et tralala.
C'est la mèr' Michel qui lui a demandé :
Mon chat n'est pas perdu, vous l'avez donc trouvé
C'est le pèr' Lustucru qui lui a répondu :
Donnez une récompense, il vous sera rendu
C'est la mèr' Michel qui dit : C'est décidé,
Rendez-moi donc mon chat, vous aurez un baiser
Mais le pèr' Lustucru qui n'en a pas voulu
Lui dit : Pour un lapin, votre chat est vendu.
Vous voyez?! La dame là, elle a de drôles d'intentions non!? et c'est ça qu'on apprend à chanter chez les bambins!
Et le plus cocasse de l'affaire, c'est qu'on nous envoie ces textes que nous entonnons fièrement avec nos enfants.
Tilou
Les gens éprouvent de la fierté pour des choses, des événements ou des situations bien différentes. Certaines se disent fières d'être Noirs, d'autres d'être Ayitiens. Maintenant, c'est au tour des femmes de se montrer fières de leur féminité.
Moi, je me sens fier d'avoir vu, une fois, une poule poursuivre et mordre un chien.
Le toutous était sorti de sa niche pour faire un tour lorsqu'il se retrouva nez à ...(bon, la poule n'a pas vraiment un nez). En tout cas ils firent face. Sur le coup le chien paniqua et se mit à courir dans tous les sens. Évidemment la poule sauta sur l'occasion pour venger son espèce de toutes les misères qu'elle a pu endurer face aux chiens. Elle le pourchassa et, avec son petit bec, le fit hurler de douleur.
D' accord, d'accord...ça n'a pas de sens que je puisse en éprouver un quelconque sentiment de fierté. Ce privilège ne peut revenir qu'à la SuperChicken. Et vous savez pourquoi? parce que je n'ai rien à voir avec le fait; parce qu'en aucune façon, mon influence n'a compté dans l'histoire.
On ne devrait être fier que de ce qui dépend, ou à dépendu à un moment, ou un autre, de nous.
L'écolier peut être fier d'une bonne note obtenue; le sportif, d'un record établi; le chercheur, d'une découverte. Il est normal qu'ils en soient orgueilleux (pas dans le mauvais sens du terme) parce qu'ils ont leur part de responsabilité dans la chose.
Mais on ne peut pas éprouver de la fierté pour la couleur de sa peau. (Bon, c'est vrai que l'exemple est mal choisi lorsque l'on tient compte de Michael Jackson et de nos Bobistò*). Disons plutôt qu'être fier d'appartenir à une race n'a pas de sens, puisque on n' y est pour rien. C'est pareil pour les ancêtres ou pour les résultats de nos sélections nationales.
Évidemment, on peut en être content. J'ai bien apprécié l'exploit de SuperChicken... Je saute de joie quand une équipe Ayitienne rapporte un trophée... Je suis reconnaissant aux aïeuls d'avoir effacer l'esclavage, etc.
Mais la fierté n'a pas lieu d'être. C'est ridicule d'en avoir parce qu'on est Noir ou Femme parce qu'on n'en décide pas et parce que ne pas l'être ne devrait pas faire de différence.
Tilou
Je critique souvent certaines pratiques des médecins. Celles qui manquent d'humanité, celles qui ne visent que le gain. On aura beau m'expliquer que le médecin doit vivre de son travail, je ne comprendrai jamais que la Salle d’Urgence d'un hôpital soit transférée à l’Économat.
Mais les médecins ne sont les plus reprochables qu'à cause de leur serment (voir Serment d'Hypoc...). Il y en a qui font pire. Bien pire!
Non, pas les avocats (pour cette fois?). Je parle des Assureurs.
L'idée de l'assurance n'est pas mauvaise en soi. Bien au contraire. Épargner quelques gourdes pour être, plus ou moins, couvert en cas d'une catastrophe ou d'une grave maladie, c'est une très bonne démarche.
Mais évidemment, les gens honnêtes se faisant rare, il n'est plus possible de faire dans la simplicité. Pour tromper et arnaquer, les assureurs veulent tout compliquer.
Dans une feuille de souscription d'assurance-maison je lis ceci: «Assurance contre tout sinistre, sauf: vandalisme, catastrophe naturelle et incendie.»
Ça ne semble pas poser de problème, sauf que je ne trouve plus grand chose qui pourrait mettre la maison en péril.
Une autre perle: «Assurance-accident: prime de X gourdes en cas de perte de la main.» Et puis au bas de la page, il est expliqué que pour que la perte de la main doit s'étendre jusqu'au poignet! Ainsi, si elle n'est coupée que jusqu'à la paume, vous n'avez pas droit à l'indemnité.
Pour ce qu'il en est du service,...Problème!
Lorsqu'il s'agit de les joindre pour répondre à leurs obligations avant une intervention d'un médecin, c'est toute une histoire. Lorsqu'il est question de recevoir l'indemnité, c'est tout un livre...d'histoires!
C'est peut-être pour ça que l'indemnité est aussi appelée «Prime». Parce que celui qui réussit à soutirer quelques sous d'un assureur mérite bien une récompense ;)
Une solution à cette affaire serait que le gouvernement mette en place une assurance-assurance. Ah! oui, lorsqu'on a à signer un contrat conçu par un avocat, un médecin et un assureur, on s'expose à tous les risques.
Tilou
«Qu'y a-t-il, oh!? Dans la rue, oh!?
Qu'y a-t-il, oh!? Je neeeeeu peux pas dormir.»
C'est jour de Carnaval, un moment important dans notre vie sociale en Ayiti. C'est une bouffée d'air contre l'asphyxie que nous imposent les problèmes quotidiens liés au mauvais fonctionnement des institutions et services du pays.
Lorsqu'une année a été difficile on s'en donne à cœur joie pendant les trois jours gras: déhanchements, mots orduriers, vulgarité, sexe... tout y passe. Et que ça soulage! Ensuite on peut repartir d'un bon pied pour refaire face à nos problèmes: Vie chère, insécurité, blakawout, grangou, élection, CEP, etc.
Et ce n’est pas une nouveauté.
Certaines musiques datant de la bataille Ti konkonm-berejèn chantaient déjà les mérites de ces trois jours.
Croyez-moi, ce sont les seuls jours de l'année où l'on peut se défouler...correctement. Tout comme les 5 ou 6 dimanches «précarnavalesques», les jours de manifestations, les jours de kermesse dans les écoles, les jours de kermesses gratuites sur le Champs-de-Mars, les jours de match brezil-ajantin, et...certains jours où l'on rencontre un DJ monté sur char sans que personne ne puisse expliquer sa présence dans les rues. A part ça, ce sont les seuls jours où l'on puisse s'amuser.
C'est important hein, les jours gras! C'est vital.
Et pour certains, ça l'est au sens propre. Vous ne vous imaginez pas combien de personnes gagnent leur vie grâce aux festivités carnavalesques.
Sans même mentionner ces petits marchands qui nous inondent de leurs zodevan et autres aphrodisiaques, ou encore les marchands de papita, bannann et griots qui, comme les précédents, ont de toute façon, le reste de l'année pour liquider leurs degaje; sans donc mentionner ceux-là, je pense à ces musiciens qui ne composent leurs « ...» (je n'ai pas encore compris ce qu'ils composaient) qu'à cette occasion.
Ils ne profitent pas du moment pour se faire seulement remarquer. Ces artistes (de je ne sais quel art) y voient la seule occasion de l'année pour trouver un sponsor pour leurs groupes fictifs.
Et, croyez-moi ça marche.
À un tel point que leur nombre croit chaque année. On doit vraisemblablement «fleurter» avec les 600 méringues, actuellement. Chaque Ayitien semble de nos jours vouloir participer au carnaval en tant que musicien.
hmm!...Mais c'est quand même dommage que l'on ne s'arrange pas pour faire défiler tous les groupes, sur char. Ah oui, au rythme où ça avance, le problème de la sécurité du parcours serait résolu de lui-même puisqu’il ne resterait plus personne sur le pavé.
Tiens!?..., Je devrais tenter ma chance, moi aussi. Après tout, n'est pas requis un talent particulier (à part le sens du ridicule) lorsqu'il ne s'agit que de faire le madigra au carnaval.
Tilou