jeudi 25 décembre 2008

aba Tonton Nwèl !?

Noël est, en principe, un temps marquant la naissance de Jésus-Christ. C’est une fête parce que cette venue du Sauveur marque le début de notre rédemption. Avec cette incarnation, nous ne sommes plus voués aux affres de l'enfer. Nous devenons héritiers du Paradis.

On comprend donc que cette fête soit celle de l'espérance, de la joie et de l'assurance aussi bien pour les « aisés » que pour les démunis.

Parce que, justement, ce n’est point une histoire d’«avoir», mais d‘«être», de «devenir»! Devenir enfants de Dieu.

Mais, cette vision de la Nativité a bien changé. Maintenant, le petit Jésus semble ne plus être invité à son propre anniversaire. Il n'est plus question que de Papa Noël. Et même, certains préfèrent TONTON Noël. Nous nous considérons plus cousins que frères.

Avant, il n'y avait que les enfants à croire au Père Noël. Les parents leur achetaient des cadeaux qu'ils déposaient au pied de l'arbre de Noel ayant remplacé la crèche, et faisaient croire aux tous petits que c'est un acte furtif du Père Noël.

Maintenant que les enfants sont moins dupes, je constate que c'est au tour des adultes d'en faire leur croyance. (e granmoun yo pa nan jwèt ak Pè Nowèl!)

Écoutez un peu les chansons d'aujourd’hui. On s'en remet à lui pour...TOUT. Le Père Noël a à sa charge, en plus des "ti pope" et "ti jwèt" traditionnels, l'argent pour les repas et la boisson des fêtes, la bonne marche du pays, le prix du riz, le recul de la misère, l'électricité, la construction des routes, le curage de nos égouts, l’évacuation de nos ordures et même l'obtention de visas américains.

Si, au moins, on le lui demandait poliment...Mais non! Il se voit tout bonnement agressé:

- «Si ou pa pase, mwen pap rele viv Nwél»!**

- «Tonton Nwèl, degaje ou pote bon nouvèl»!***

- «Ton ton Nwèl, pa ban m' bèl pawòl, pa fè m' fè tchòbòl»!****

Bientôt, nous aurons des manifestants, pancartes en main et criant:« Aba lavi chè! Aba Tonton Nwèl!»

(À ce train là, pa étonnant qu'il nous évite.)

Et puis, ça se réduit à une histoire de « grangou »^. Comme pour faire taire l'histoire de « l'homme qui ne devrait pas vivre seulement de pain », n'est plus considéré comme le Père Noël, que celui qui offre la nourriture:

-« Papa Nwèl mwen se papa m', paske ...se li ki toujou pran ka m' nan chache lavi pou ban manje...Ki manche gòl li keyi detwa lam.»^^

(Pitoyable!)

En fin de compte, je ne vois vraiment plus pourquoi encore fêter la Noël si c'est pour reprendre les mêmes plaintes quotidiennes. À moins que nous, adultes, nous soyons vraiment mis à croire au Père Noël!?

Tilou

**Si tu ne passes pas, nous ne te chanterons pas!
***Débrouille-toi, apporte-nous quelque chose.
****Ne me roule pas, sinon je vais me fâcher.
^la Faim
^^Mon Père Noël, c'est mon père parce que lui, il me soigne en me nourrissant.

vendredi 12 décembre 2008

Miss Glouglou

Je ne connais pas l’origine des concours de «Miss». Lorsque j’étais enfant je n’entendais parler que de Miss Monde et de Miss France.

Déjà, en ces temps-là, je n’approuvais pas l’affaire. Je trouvais incompréhensible que l’on demande à des jeunes filles d’exposer leurs corps au monde, de leur enseigner d’afficher un air abêti par un synthétique sourire, de leur poser quelques questions au hasard, sur tout et rien et...décider qu’«unetelle» est meilleure que les autres. Meilleure en quoi?

Et puis, ça me faisait trop penser au rituel de ma mère, quand elle voulait choisir la dinde à acheter pour les fêtes de Pâques. Elle faisait toujours pareil: Elle les soulevait, les soupesait et choisissait la gagnante. Certes, les dindes n'avaient pas de questions à répondre. Mais elles faisaient quand même un «glouglou» rappelant étrangement certaines réponses des postulantes.

Évidemment, en Ayiti, on a copié.(Ça, on sait faire hein!). Et on a beaucoup copié. Les écoles, les stations de radio ou de télévisions s’acharnent tous contre ces concours, et les dévorent carrément. Maintenant, il y a «Miss Tout», «Miss Rien» et «Miss Nimportequoi».

On en a eu avec, comme invité, un groupe de rap venu chanté «banm afè m'**» et «se trip m'ap trip***». Et les postulantes de reprendre ces refrains en chœur.

Avant hier, j'ai vu ce qu'on pouvait faire de pire avec un concours de Miss. C’était pour une station de télévision. On aurait choisi des arabes muets pour répondre en chinois que le spectacle n’aurait pas été aussi pitoyable. Certaines des filles tentèrent même la poésie. L'une d'elle, renseignant sur la date de sa naissance expliqua: «C’est ce jour que la flamme de ma chandelle fut allumée». Pas mal hein!?

Quant à leurs maquillages, certains ressemblaient à des expériences chimiques ayant mal tourné.

Pour finir on a eu droit à l’hymne du concours. Ça disait que la station était le «Royaume du plaisir sans limite(sans commentaire)

Évidemment, je ne donnerai pas le nom de la station en question. Je dirai seulement qu'à ce concours la médiocrité atteignit son zénith.

Tilou

** Donne-moi ce qui m’est dû (dans le sens de «donne-moi ton vagin») *** Je ne fait que m'amuser (dans le sens de «Je ne veux pas m'engager»)

vendredi 5 décembre 2008

L'union fait quelle Force?

On n'aime à dire que nous, Ayitiens, méprisons notre devise «l’union fait la force», que l’unité est absente de notre vie de peuple. Je ne suis pas d'accord. Alors là, pas du tout.

Nous sommes même un peu trop portés vers l'unité.

En témoigne le nombre incalculable d'associations présentes dans la république. Des regroupements de Médias à ceux des journalistes, des Enseignants, des étudiants, en passant par ceux des coopératives ou de leurs victimes, des associations de patrons d'entreprises, de syndicats, d'employés de la voirie, de maires, de partis politiques, sans oublier les femmes, ...on en rencontre de tous bords et de tous genres. (Et même plusieurs par bord et par genre).

D'après Verly Dabel, il y aurait même une association d'anciens évadés de prison. Ces regroupements résultant souvent du caractère minoritaire de leurs membres, il faudra bientôt une association de «non-membres» d'association.

L'unité ultime devient donc un jeu d'enfant. On crée une association des associations d'Ayiti pour avoir tous les citoyens dans la même coalition et...le tour est joué.

Toutefois, faire une association c'est une chose, qu'elle s'attelle à SA tache c'en est une autre. Et une toute autre.

Je pense à cette annonce d'une conférence que veut donner l'association des Pharmaciens sur les désastres naturels. Les a-t-on entendu concernant les piètres services qu'offrent les vendeurs en pharmacie? ou sur la condition de travail des pharmaciens? Quel peut donc être l’apport spécifique d'un pharmacien à une situation de sinistre?

Je pense aussi à cette association d'étudiants qui réclamait leur participation au gouvernement.

Je pourrais trouver plein d'autres exemples, mais cela n'est pas nécessaire. Vous avez déjà, compris, je présume, que l'existence de nos associations semble plus importantes que leurs raisons d'être.

Alors, n’oubliez pas: quand vous n’aurez rien à faire, vous pourrez toujours vous associer.

Tilou

vendredi 28 novembre 2008

Coups de Pub

C'est quand même assez bizarre comme on peut croire, dur comme fer, détenir la vérité et avoir, vraisemblablement tout faux.

J'ai toujours cru que la publicité avait pour premier rôle d'informer le public; donc de lui apporter la vérité. Eh bien non. À ce qu'il paraît, c'est pas ça.

Un ami ayant fait des études de Marketing m' a tout expliqué: Il y a différents types de pub!

Certes, il y en a qui ne servent qu'à informer. Par exemple pour dire comment se brosser les dents ou utiliser un préservatif (ce sont ses exemples, hein!). Mais ceux-là ne sont pas intéressants. D'ailleurs c'est plus un genre de documentaires que de la publicité.

Mais surtout, certains visent à créer des effets.

hm!

Soit pour attirer les clients vers un produit, (Ça peut se comprendre) soit pour les repousser (rete!?). Parce que (toujours selon l'ami) ça arrive que l'on ne souhaite pas vendre ce que l'on a à vendre.

hmmm!

On comprend alors que la vérité ne soit plus indispensable dans le message à faire passer. L'important c'est l'impact sur le public. Ce qu'ils appellent «L'effet». Si l'effet est créé avec la vérité, c'est tant mieux. Sinon, c'est pas grave. Mais l'important c'est «L'effet». C'est même plus important que le produit lui-même.

Le producteur n'aura pas vraiment à se soucier de la qualité du produit. Il devra concentrer ses efforts sur le marchandisage qui l'accompagnera.

Mais moi, comme d'habitude, j'ai une technique pour repérer les arnaques. J'observe les campagnes publicitaires qui les présentent: Plus ça matraque, moins c'est bon.

Et c'est logique. Parce que si c'était le cas, ç’aurait pas été la peine de payer un menteur pour le faire croire. Les journalistes s'en seraient charger, eux qui touchent pour dire tout et n'importe quoi.

Grâce à la publicité, on a vu un sportif attribuer sa bonne forme physique à sa non-consommation de tabac, pour ensuite s'exhiber grillant plusieurs clopes sur un banc de touche et, tenez-vous bien, s'afficher sur un pancarte publicitaire vantant les mérites d'une marque de cigarettes.

Mais je ne condamne pas le premier menteur ni le sportif. Je pense qu'ils ont agi, un peu par égoïsme, mais surtout, en légitime défense:

Le premier trouvant le produit tellement mauvais qu'il incite tout le monde à venir s'en procurer pour qu'il n' en reste plus pour lui. Et le second évidemment, affectionnant tellement la cigarette, feint que sa nuit à la santé pour qu' il n'en reste que pour lui.

Tilou

vendredi 21 novembre 2008

Prédire le Passé

De tout temps, des personnes ont prétendu prédire l'avenir, affirmé pouvoir informer sur ce qui va arriver dans un futur proche ou lointain.

Pour certains c'est un don qu'ils ne peuvent expliquer. Ils devinent, carrément. Sans être capable d'expliquer clairement comment ils savent, sans même trop bien comprendre eux-mêmes... ils savent. Une sorte d'intuition profonde et mystérieuse.

Pour certains autres, les informations viennent d'une force d'un autre monde. Soit Dieu, soit un parent mort, soit un quelqu’autre esprit les renseignent sur le futur; dans la plupart des cas durant leur sommeil.

Pour d'autres encore, c'est dû à de savants calculs arithmétiques avec, notamment, les chiffres de dates et d'années.

C'est ainsi que certains affirment qu'on aurait pu empêcher la tragédie indonésienne du 26 décembre 2004 si l'on avait consulté les chiffres.

Et bien, j'ai relevé un point commun, à part qu'ils prédisent, entre les membres de ces trois catégories: leurs vaticinations ne concernent que le passé. (Bagay tout bon wi!)

Les premiers disent toujours «Lide m' te di m' sa!»*.

Les deuxièmes:« Mesye! Lè mwen di nou mwen gen tèt klè a! Yè swa wi mwen wè nan dòmi sa t'ap rive!»**.

Et enfin les derniers viennent démontrer chiffres à l'appui que c'était prévisible.

Et tous ne viennent dévoiler leurs prophéties qu'après que l'événement en question se soit produit.

Vous ne trouvez pas ça bizarre?

J'ai même examiné de près les recettes de mon oncle, basées sur les calculs avec les dates, pour jouer à la borlette***. Ils tombent toujours juste... pour les tirages d'hier, ceux d'avant hier ou de la semaine d'avant! jamais pour ceux de demain ou d'après-demain.

Et toujours suivant les calculs, les tours jumelles américaines, si elles sont reconstruites, seront détruites le 11/09/2010. Ah, oui! les résultats arithmétiques sont les mêmes que pour le 11/09/2001.

Mais maintenant que je l’ai annoncé, ça n’arrivera peut-être plus. Parce qu'une prédiction qui parle du futur, ces temps-ci, n’a pas de sens.

Tilou

* J’en ai eu l'intuition ** j’ai eu cette révélation en songe ***lotterie

vendredi 14 novembre 2008

Mon dernier billet

Cela fait une année que le blog est en ligne. Déjà 52 billets postés. N'est-il pas temps d'en faire un bilan?

Cela a-t-il valu le coup? N'est-ce pas du temps perdu?

Je me suis donné la peine (en fait, le plaisir. La peine c'est juste pour la formule rhétorique) de relire les textes. Avec le recul, j'en ai découvert des «pas-bons», des «acceptables» et des «superbes». Certains sont logiquement structurés et offrent une réflexion cartésienne. D'autres résultent plutôt d'instants de délire. Certains autres, de sentiments que m'ont inspirés des comportements ou des réflexions.

Ces derniers semblent les plus appréciés de mes lecteurs. Et c'est leurs réactions à ces billets qui m'ont poussé à écrire aujourd'hui «mon dernier billet».

D'abord, mes réflexions sont souvent prises de façon personnelle: Quand je parle de la liste de cadeaux des mariages, par exemple, je ne fais allusion à personne en particulier. Mais tous celles et ceux qui ont épousé cette pratique se sentent offensés. Je vous avoue que ça rend le dialogue difficile. Je me retrouve dans l'obligation d'essayer une explication en m'avançant à pas feutrés.

Ensuite, Je m'entends dire que l'objectif de mes billets est de démontrer que je "sais tout". Et là, sincèrement, ça blesse!

Je prends toujours le soin d'avancer mes arguments! Il est possible de laisser un commentaire pour une rectification! Et malgré tout, le contre-argument c'est que je me crois supérieur aux autres!

Bon, alors, à ma place, vous feriez quoi? Vous continueriez à écrire? à mettre en ligne ces billets? à les publier chaque vendredi?

Si oui, vous feriez comme moi! parce que je n'ai pas du tout l'intention de fermer boutique. Quant à publier mon dernier billet, si Dieu me prête vie, ce n’est sûrement pas demain la veille.

Tilou

vendredi 7 novembre 2008

paroles muettes et...résonnantes

Lorsque j'étais enfant, j'entendais souvent qu'avoir de la conversation était une bonne chose, que cela témoignait d'une bonne culture générale.

Et bien, s'il n'y a qu'une notion qui a été retenue par les Ayitiens, c'est certainement celle-là.

Nous avons toujours quelque chose à dire, un commentaire à faire, une opinion à exprimer. Et ceci que nous maîtrisions le sujet ou que nous n'ayons aucune idée de ce dont il est question. L'important c'est de ne pas rester coi.

Quand le sujet de conversation gagne en popularité, ça devient encore plus interessant. Tout le monde parle, tout le monde dit la même chose, tout le monde répète tout le monde.

Évidemment, le sujet finit par s'épuiser en quelques jours.

Mais on se débrouille toujours pour trouver autre chose pour occuper nos fades journées

Ainsi, après l'histoire des poules grippées, on s'est tourné vers la ratification du premier ministre, puis on a eu les inondations dues aux cyclones, ensuite, les élections américaines et (pendant que j'écris ce billet) la catastrophe de l'école de Nerette.

Il ne s'agit pas de chercher à expliquer ou résoudre un problème. Il ne s'agit même pas de faire une belle conversation.

Mais, on ne veut pas risquer d'être pris pour des muets...même si, parfois se taire aurait été plus enrichissant pour la conversation.

Tilou

vendredi 31 octobre 2008

Vive les Morts!!!


En Ayiti, nous affectionnons beaucoup les morts. Bien plus que les vivants. ça vous étonne peut-être, mais c'est une réalité.

En témoignent les jours fériés officiels:

2 janvier: Jour des Aïeux (tous, des morts!)

17 octobre: Mort de Dessalines (Remarquez que l'on fête sa mort et non sa naissance)

1er novembre: Fête des Saints (surtout ceux qui sont morts!)

2 Novembre: Fête des Morts (sans commentaire!)

Ça ne s' arrête pas là. Il y a aussi les enterrements.

Premièrement, il devient beaucoup plus coûteux d'enterrer un parent que de donner naissance à un enfant. Très souvent , le mort n' a jamais eu espoir, durant sa vie (pas sa vie de mort, bien entendu), de posséder la somme dépensée pour ses funérailles. Deuxièmement, l'ambiance qui y règne...:Caméra, pâté, kola,... On ne rencontre presque plus de têtes d'enterrement à des funérailles. Il ne manque qu'un gâteau coiffé d'une petite maquette de cercueil!

Mais c'est compréhensible aussi. Faut dire qu'en Ayiti, on n'est jamais sûr du décès d'un mort. Même, parfois, on rencontre des morts bien vivants qui courent les rues.

Il y a une expression très révélatrice de ce trait de notre culture. Alors que normalement nous devons nous aimer «jusqu'à la fin de nos vies», ici nous disons: «Mwen renmen l' amò!»*

Tilou
*Je l'aime à mort

vendredi 24 octobre 2008

Secrets publics

Ce qui est secret, logiquement, ne doit être connu que de ses détenteurs. Faire circuler un secret va à l'encontre du caractère secret de l'affaire. Vous êtes d'accord?

En tout cas, si c'est le cas, il n'est pas certain que vous ayez raison. Parce que ça dépend de qui détient le secret.

Si c'est à une femme qu'un secret est confié, ce n'est qu'un secret provisoire. Une sorte de scoop à l'état latent. Scoop qu'elle dévoilera avec fierté un jour, pas très lointain, venu.

Si c'est à un prêtre que vous confiez votre secret, par exemple, dans un confessionnal, vous aurez au moins la garantie de votre anonymat dans l'histoire. Mais n' allez pas croire que l'histoire elle-même restera forcément secrète. Ah non! Ca peut arriver que dans une banale conversation ou, et c'est la meilleure, lors d'une homélie, il déclare: «...Comme l'autre jour au confessionnal, un fidèle m'a avoué avoir...»

Certains entendent, aussi, par secret, ce qui ne peut se dire qu'en chuchotant et à deux. Tout le monde peut être au courant, pas de problème. L'essentiel c'est de ne pas le divulguer à plusieurs dans une même conversation. Ce secret est dit de polichinelle. J'appelle ça, moi, un ch'cret. Parce qu'avant de le dévoiler il faut toujours préciser: «Chuuut! Ne le dis à personne!»

Et puis il y a aussi les secrets que l'on vient raconter à la télé, sans pour autant vouloir les dévoiler. Ah, oui! ça existe. Et il y a même des émissions pour ça. L'autre jour. j'en ai suivi une au cours de laquelle des femmes venaient raconter et expliquer leurs relations avec des hommes mariés (pas à elles-mêmes, évidemment ;). Ces femmes s'étaient faites maquillées de sorte qu'on ne les reconnaisse pas parce que...non, sa a debòde,...ça doit rester secret!

Pas mal hein!? cette idée d'aller raconter à la télé une histoire qu'on veut garder secrète?

Tilou

vendredi 10 octobre 2008

Inventifs...ces tordus!

Un ami me faisait remarquer, l’autre jour, que l’expression « thé glacé » était insolite. Avouons qu’il n’a pas tout à fait tort.

D’accord, ça a bon goût. Enfin , le thé lui-même, pas l’expression. Et en plus de goûter bon, c’est rafraîchissant.

Ceci étant dit, il ne faut pas avoir le cerveau trop à l’endroit hein, pour trouver un truc pareil. Du « thé glacé »! et il y en a d’autres : du chocolat…blanc ! du jus en…poudre ! du café…décaféiné ! etc. Carrément des oxymores tangibles.

Il paraît que c’est à mettre sur le compte de «l’inventivité» des gens du Marketing. Pour faire ce boulot, il faut donc se tordre le cerveau: On prend quelque chose de naturel, on le met à l’envers et hop! Ça donne un produit révolutionnaire, probablement utile,... avec un nom coucher dehors.

Je me demande comment n'ont-ils pas encore lancé «l'allumette à geler» ou la «bière chaude».

Certains autres noms, par contre, sont de belles trouvailles. La « Permanente » par exemple.

Ça ne dure pas du tout et il faut la réappliquer régulièrement. Tous les 2, 3 ou 4 mois, suivant les cheveux de la personne (sivan pòch li !). Et en fin de compte il n’y pas plus de permanence dans les effets de la permanente que dans la stabilité des taux de change en Ayiti.

Mais, ne croyez pas que les gens du Marketing aient berné les femmes. Non. Le mot Permanente est convenablement et judicieusement choisi. Parce qu’une fois la permanente essayée, il faudra l’utiliser en permanence.

Ah! ces gens du Marketing!. Croyez-moi, il auraient déjà proposé «l’eau en poudre» s'ils savaient avec quoi mélanger la poudre pour retrouver l’eau.

Tilou

vendredi 3 octobre 2008

Liberté à surveiller!

La démocratie est un terme très utilisé de nos jours. C’est un concept cher à nos dirigeants. Son établissement s’avère cependant néfaste dans certains cas.

S’il est incontestable que la dictature fait du tort à un pays, en empêchant l’épanouissement d’un grand nombre de personnes, dans sa volonté de réprimer toute opinion qui lui soit contraire; il n’en demeure pas moins qu’à la démocratie il faut une structure de forte autorité sinon de répression. Sans cela, la soit-disant démocratie risque de causer plus de tort qu’aurait pu en faire une dictature.

Prenons un exemple banal: le fonctionnement de la presse et des autres médias de communication.

La dictature imposait à la radio et à la télévision ce qui convenait comme émissions et comment elles devaient être présentées. Certaines musiques ne s’y diffusaient pas. Le créole ne s’y parlait pas. Et tout ceci non pas par choix de la population, mais simplement parce que le contraire ne plairait pas au gouvernement.

Ceci a changé, de nos jours. Mais je ne parierais pas que la radio et la télévision se soient améliorées.

Toute censure ayant disparue, la télé nous offrent toutes sortes d’images. Toutes sortes d’images qui ne devraient pas êtres diffusées: des scènes pornographiques ou de violences gratuites que pullulent les productions cinématographiques avant-gardiste ou, comme on a pu le voir récemment, des images de cadavres d’enfants morts, noyés dans les inondations et ramassés à la pelleteuse; sans aucun respect de la dignité humaine.

Et que dire de la radio qui ne trouve plus aucune retenue dans leur émission de chansons triviales?

Évidemment, je pourrais trouver plusieurs autres exemples à mettre dans l’ensemble des exercices de liberté plutôt nuisibles . Le vacarme de certains aux mépris des autres n’y serait pas un intrus.

Mais les pratiques de la radio et de la télé doivent pouvoir convaincre que même en démocratie, il faut une censure de certaines pratiques de la liberté.

Tilou

vendredi 26 septembre 2008

Amateurs professionnels

Ne trouvez-vous pas curieuse cette façon qu’ont certains d’intégrer un domaine professionnel? Ils se contentent de reproduire ce qu’ils croient avoir compris et vu faire par d’autres.

Par exemple, après avoir assisté à un concert de chants, quelques décident que c’est leur destin, qu’ils sont faits pour ça. Et, comme la Loi ne réprime (malheureusement?) pas encore la pollution auditive, sans perdre de temps, ils se mettent à chanter. (Pwoblèm pou zòrèy moun lakay yo!)

Ou encore, quelques autres s’improvisent graphistes parce qu’ils arrivent à manier sans aucune formation un logiciel graphique.

Attention. Je ne dis pas qu’il faut forcément une formation académique pour se professionnaliser. Et je reconnais que l’histoire regorge de génies autodidactes.

Mais autodidactes, justement veut dire «s’instruire soi-même» et non «ne pas s’instruire du tout» pour ne s'en remettre qu’à la routine. Et se former seul, suppose quand même une recherche de la formation et de la connaissance exacte non seulement de la pratique, mais aussi (et même surtout) de la théorie.

Parce que si la théorie sans la pratique reste futile, la pratique sans la théorie perd son efficacité et peut même se révéler dangereuse.

Et comme résultat on obtient ces chanteurs sans voix, ces affiches incompréhensibles et... plus dramatiquement ces chauffards du dimanche, ces instructeurs ignorants, ces hommes politiques incapables...

Il est donc nécessaire de se bien former pour être un bon professionnel. Ne nous contentons pas de reproduire ce qu’on a vu se faire. Cherchons à comprendre d’abord ce qui s’est fait et comment le faire, pour l’améliorer si possible et pour ne pas le dégrader sinon.

Autrement, c’est tout un pays qui en un rien de temps ne comptera plus que des professionnels de l’amateurisme.

Tilou

vendredi 19 septembre 2008

Vocation: Parent.

Pour professer dans un domaine technique, il faut dans la plupart des pays, une licence ou un diplôme. Ceci permet de protéger la population en garantissant un minimum de savoir-faire de la part des techniciens.

J'ai le sentiment que l'on devrait faire autant pour les parents. Il ne serait pas vain d'avoir à passer quelques examens officiels pour être autorisé à enfanter.

Parce qu'y en marre de rencontrer des parents n'ayant rien à cirer de leurs enfants. Ceux qui les abandonnent, celles qui les maltraitent. Celles et ceux qui les gâtent, etc.

Et puis, on en profiterait pour mettre sur pied, une école des Parents; pour aider celles et ceux qui auraient la bonne volonté mais qui ne sauraient pas comment s'y prendre.

Certes, tout cela ne serait pas une garantie que le monde irait mieux.

Mais seraient parents moins de personnes n'ayant pas la vocation. Et ça pourrait aider à diminuer le nombre d'enfants qui doivent, eux-mêmes, assurer leur éducation.

Tilou

vendredi 12 septembre 2008

Solidarité d'1 mois?

En Ayiti, nous sommes passés maître de la solidarité.

Il y a certes beaucoup de problèmes à résoudre, beaucoup de comportements à changer, beaucoup de notions à apprendre; mais la solidarité est point sur lequel personne n'a de leçon à nous donner. Ah, non!

Quand nous donnons, nous donnons. Nous ne nous rabaissons point à nous baser sur la gueule de l'autre pour lui donner. Certains écoliers de la province peuvent en témoigner: À l'école où ils se rendent, il n'y a point de craies, pas de tableau et pas de banc, pas de livres, pas de courant. Mais on ne s'est pas dit que leur cas était perdu. Non! On leur a dégoté de superbes ordinateurs avec quoi ils peuvent maintenant faire le beau.

Le meilleur exemple: les dernières intempéries. Plusieurs villes et régions du pays se retrouvent sinistrés à cause des inondations. Et là encore, nous, professionnels de la solidarité, frappons un grand coup. Nous ne nous contentons pas de leur apporter de quoi manger et boire, de quoi se vêtir; nous compatissons vraiment et avec une belle trouvaille:

Nous demandons aux écoliers du pays se trouvant en mesure de s'instruire de ne point le faire, durant 1 mois, pour laisser à ceux victimes de sinistres le temps de se préparer pour la rentrée scolaire. C'est pas mal, hein!? Moi, je vais encore plus loin. À la maison, j'interdis la télévision, parce que les enfants sinistrés n'y ont pas accès. J'interdis également aux enfants de lire, parce que les enfants sinistrés n'ont pas de quoi lire pour le moment.

Et puis, ce n'est pas seulement aux écoliers d'être solidaires. Toutes les entreprises du pays devraient fermer en solidarité avec celles des villes handicapées. Et les bureaux de l'État aussi...Pourquoi, par exemple, tous les hôpitaux ne feraient pas solidarité avec ceux inondés? hein? dites-moi.

Même que je ne suis pas certain qu'un mois soit suffisant: Les villes à nettoyer ou déplacer, les entreprises à faire redémarrer, les fournitures à acheter,...non! un mois, c'est trop court. Il faudrait leur donner toute une année...au moins. Mais 2 serait idéal.

Tilou

Sexe Faible ?

La Femme est qualifiée de «sexe faible» parce que généralement une femme est moins forte physiquement qu'un homme du même âge.

Sur d’autres points, cependant, je me demande si cette qualification tient la route.

Par exemple, on a tendance à croire que c’est généralement l’homme qui initie une relation amoureuse en faisant la cour à une femme. hmm!

N’est-ce pas plutôt la femme qui invite l’homme à la courtiser?

La femme qui ne trouve aucun intérêt dans un homme lui laissera peu de chances d'exprimer ses sentiments.

Les hommes pensent également être les détenteurs de belles paroles. (adje!)

Les femmes ont gagné pas mal de terrain sur ce point là. Elles arrivent même à tourner certains d’entre-nous en bourrique.

Par exemple, la femme exige de son mari l'achat d’une robe. Elle fait tout pour le convaincre que c’est cet habit-là qui lui sied. (Pauvre idiot!)

Le jour où elle décide de le porter, la femme demande à l'idiot...euh!...au mari de décider entre la fameuse robe et une autre. Quel que soit l'avis du mari, elle l'oublie et porte...la fameuse robe.

L'idiot...euh!...le mari se voulant galant croit bluffer son épouse en lui gratifiant d'un hypocrite «oh! chérie, tu es jolie. Cette robe te va bien!».

Et la femme de rétorquer: «Je l'ai mise pour toi, chéri.»

Tilou

jeudi 4 septembre 2008

Tout koutay se koutay

J'ai remarqué que certains comportements condamnés unanimement dans une société peuvent être parfaitement acceptés dans...la même société, suivant la personne ou la classe sociale la pratiquant.

Le vol, par exemple.

Une cuisinière à qui on confie quotidiennement 100 gourdes pour la préparation de repas ne peut (ne devrait), en aucun cas, conserver pour son compte ou dépenser selon ses propres vœux les 10 gourdes de monnaie qui lui reste occasionnellement un jour de rabais. Ce serait du vol. (ou de la frékansité*). Elle doit impérativement rapporter la monnaie et la remettre à la maîtresse de maison qui en disposera.

Là, on est d’accord.

Mais qu’en est-il lorsqu’une section d’une entreprise (ONG yo!!!), ou d’un ministère de l’État, décident de conserver l’argent non utilisé du budget qui leur a été alloué, sous prétexte que le prochain budget sera réduit si l’argent est rendu ?

C'est malhonnête! Tout koutay** se koutay!

Pas d’accord ?

Alors, je vous en prie, montrez-moi la différence.

Tilou

*impertinence

**expression créole désignant le fait de s'approprier une partie d'une somme d'argent prévue pour autre chose

Malheurs adorés

N'avez-vous pas remarqué notre attirance pour les tragédies?

Déjà autrefois, les romans les plus prisés par les femmes et les filles étaient ceux où l'amour des héros rencontrait embûches après embûches. L'histoire se terminait toujours de la meilleure des façons, certes. Mais elle traversait toujours d'innombrables obstacles et s'arrêtait, justement, lorsqu'il n'y avait plus de problèmes; comme pour dire que lorsque tout va bien, il n'y a rien à raconter.

Maintenant, c'est encore pareil: Le «normal» n'attire pas grand monde. J'imagine souvent un scénario dans lequel un homme et une femme se rencontreraient, tomberaient amoureux l'un de l'autre, seraient acceptés de tous, ne rencontreraient aucun problème, vivraient heureux et auraient beaucoup d'enfants. J'imagine aussi, la salle où je projetterais le film: je la vois vide.

Peut-être inconsciemment, c'est ce qui choque qui attire. Ce qui fait battre plus vite le cœur, ce qui fait monter l'adrénaline.

À la télé, on ne voit jamais d'émission sur un inconnu faisant l'aumône à une mendiante, ou sur un écolier aidant un vieux à traverser une rue. Non. On ne voit pas ça.

Mais quant à l'étudiant qui aura mitraillé une bonne dizaine de ses camarades, il fera la une des journaux.

Ce qui est normal et sans embûche n'intéresse tellement pas que l'on arrive à faire un culte de la difficulté. Un proverbe dit:« à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Comme s'il fallait rechercher le péril avant la victoire. La gloire serait donc dans le péril?

Je ne sais pas pour vous, mais quitte à choisir, moi je préfère le triomphe de la victoire que le péril de la gloire.

Et à tous les habitants de la terre, je souhaite des histoires simples et heureuses qui n'intéressent personne plutôt que les compliquées et tragiques qui attirent tous les regards.

Tilou

vendredi 15 août 2008

L'habit du moine

Certains, dans leurs façons de s'habiller, se mettent mal à l'aise pour plaire à la société. J’en ai déjà parlé (voir: Tenue de circonstance): je trouve cela bizarre.

Il y en a d’autres qui m’intriguent encore plus: Ceux qui ont honte de ce qu‘ils portent.

Plusieurs fois, je me suis retrouvé avec une ou plusieurs de ces personnes rappelant, par leurs tenues, des œuvres d’art surréalistes. Je n’ai jamais compris leur gêne d'être regardées.

Une fois, l’une d’elles m’a demandé pourquoi je la fixais de la sorte. Je lui répondis que j’admirais sa tenue. Mon regard continua visiblement à la gêner.

Évidemment, vous direz que c’était à moi de ne point la fixer du regard, mais...Réfléchissons honnêtement: Si on se fait beau et qu’on insiste pour l’être différemment des autres, c’est bien pour être remarquable, non?! Ne nous faudrait-il donc pas en assumer les conséquences?

Il en va de même pour ceux qui se mettent en «rasta style» et qui s’offusquent qu’on pense qu'ils se droguent.

Le gendarme, le médecin, la prostituée s’habillent pour être remarquables. Lorsqu'ils ne sont pas en service et qu'ils veulent se fondre dans la foule, ils se mettent des tenues que portent tout le monde.

L'habit ne fait pas le moine, d'accord. Mais lorsqu’on ne veut pas être appelé «révérend», on ne porte pas la soutane.

Tilou

vendredi 8 août 2008

Diplômés mais «sans métier»

Un seul métier a pour seul vocation d'enrichir son pratiquant: le Commerce.

C'est dans cette voie, et dans cette voie seulement que devrait se diriger celui ou celle qui ne se préoccupe que de se procurer de l'argent.

Faire du commerce c'est vendre. et empocher. La marchandise a peu d'importance à part sa facilité ou sa difficulté à être vendue. Qu'il s'agisse d'une denrée rare ou d'un produit qui court les rues, seul compte ce que ça peut rapporter.

Tout autre métier est différent; ou du moins devrait l'être.

Pour le bon médecin, le bon avocat, etc. l'argent est de seconde importance. Ce qui réjouit l'architecte c'est de voir qu'on apprécie sa maquette. L'ingénieur aime bien passer devant une belle bâtisse et faire savoir qu'il en est le constructeur. Et tout comme l’écrivain préfère offrir gratuitement son livre à un lecteur passionné plutôt que de le vendre à un analphabète, l'informaticien se réjouit de voir tourner son application bien plus qu'il n'apprécie l'argent qu'elle lui rapporte.

Attention! (mwen konnen nou!) Je n'avance pas que le professionnel ne doit pas gagner son pain. Je dis que son métier doit être son art et sa passion.

Bien entendu, ce n'est plus ce qui se fait. Maintenant, quel que soit le métier choisit, le premier critère semble être la quantité d'argent que l'on peut y gagner.

Le résultat c'est que l'on met moins de soin à son travail et que les seules dates guettées dans l'agenda sont celles auxquelles on reçoit le salaire ou l'on part en congé.

«Il n'y a pas de sot métier», dit le proverbe. Certes. Mais bien des professionnels, diplômés; dans leur rapport avec la profession qu'ils exercent ne font-ils pas penser à des sots sans métier?

Tilou

vendredi 1 août 2008

Culture?...vous avez dit culture?

Il est souvent dit qu'Ayiti possède une culture riche et forte. Je ne suis pas d'accord! (Kouman «se sa [ou] konnen an»?).

...Je ne suis pas d'accord et pense même, au contraire, qu'elle tend à perdre ses traits culturels.

Les dimanches après-midi d'autrefois, les enfants s'habillaient particulièrement, même lorsqu'ils ne devaient se rendre nulle part. Maintenant, c'est du passé.

Les premières semaines de l'année ne tarissaient pas de «bònane», «santé», etc. De nos jours, on est chanceux d'entendre des souhaits le 3 janvier.

Notre musique? quelle «Notre»? Nos musiciens n'ont aucune connaissance de son histoire et la plupart de nos groupes musicaux ne savent même pas ce qu'ils tentent de jouer. Les plus jeunes n'écoutent plus que de l'importée: Hip Hop, RnB, Dancehall (dans sal?), etc.

Nos langues? comment ça, «nos langues»? ah oui! le Créole et le Français. Venons-en donc à notre chère langue maternelle et à notre langue d'instruction. À part que l'on ne s'accorde pas sur qui parle correctement le créole, cette langue est méprisée et humiliée par bon nombre d'entre nous. Et quant au Français!...

Rien que pour faire comme à la télé, un Ayitien, en Ayiti trouve naturel de s'adresser à un compatriote, également en Ayiti, en Anglais; sans se demander si le compatriote en question est familier à la langue de Shakespeare.

Le «bientôt» devient «soon». Les policers ne réclament plus de «renforts» mais «backup». Et nos prénoms se tournent vers les Mackenson, Jackson, Robertson,... Toujours pour reproduire le cinéma, on ne dit plus «bonjou», mais «sali» et pour que ça diffère encore plus du «salut» français certains petits malins préfèrent «salui!»

Alors, comment malgré tout peut-on qualifier notre culture de forte?

Je ne vois vraiment pas!...à moins que mépriser ses traditions puisse être considéré comme un trait culturel!?

Tilou

vendredi 25 juillet 2008

Ayitiâneries

Je suis de ceux qui n'hésitent pas à condamner les propos insinuant que les Ayitiens seraient plus méchants que les autres habitants de la terre. Entendre dire que l'Ayitien ne pense qu'à lui me met hors de moi.

Certaines situations que j'ai vécues récemment diminuent, cependant mon élan à défendre mes compatriotes sur ce terrain.

Connaissez-vous la mauvaise blague de l'Ayitien qui préfère perdre un oeil rien que pour éviter qu'une de ses actions soit profitable à un voisin? (Si non, c'est tant pis pour vous! Mwen pap simaye vye blag konsa!).

Et bien, moi, j'ai vraiment assisté à ça. Imaginez une dame, chrétienne par dessus le marché, qui se retrouve avec une tonne de linge sale à cause d'une pénurie d'eau courante dans le quartier. Elle rencontre un gars qui lui propose de réparer le conduit endommagé causant l'ennui moyennant une maudique somme qu'elle est en mesure de débourser.

Pouvez-vous devinez sa réponse? Elle refusa. Parce que, avança-t-elle, il n'est pas question qu'elle paie seule alors que tout le quartier va en profiter. (Tonniskribòt mwen!)*.

Comprenez bien: Ce qui lui est demandé n'est pas du tout en fonction du nombre d'habitant du quartier. Elle en aurait été la seule habitante que le prix aurait été pareil.

Mais elle préféra garder son linge sale, plutôt que de faire profiter gratuitement quelques prochains.

C'est dans la même logique de ce vieillard refusant de planter un manguier dans sa cour prétextant qu'il sera mort avant que l'arbre ne bourgeonne.

Vous savez? je ne me résous toujours pas à croire que tous les Ayitiens soient des égoïstes méchants et athées. Mais à voir l'état dans lequel se trouve le pays, je me dis que de cette sorte de gens, il doit y en avoir pas mal.

Tilou.

* expression créole équivalent au «Tonnerre de Brest!» du Capitaine Haddock dans LEs aventures de Tintin et Milou. Ici, accompagné d'un soupir.

vendredi 18 juillet 2008

Pas bon!

Lorsqu'une personne rejette un résultat ou autre chose, il lui est certaines fois demandé si elle aurait fait mieux ou a une proposition constructive à faire. Par exemple lorsque j'avance que l'actuel sélectionneur de l'équipe nationale haïtienne de football, au vu de ses résultats, ne mérite pas d'être à cette place, on me demande si, moi, j'aurais mieux fait.

Bon, a priori, il faut effectivement une certaine maîtrise de la chose pour émettre une bonne critique; celle que l'on qualifie généralement de constructive. Ainsi, si j'avais été un technicien en foot, j'aurais avancé que le sélectionneur n'aurait pas dû faire jouer, de manière hasardeuse, un demi-défensif droit dans le couloir gauche, plutôt que de dire qu'il n' a pas sa place à la tête de l'équipe.

Mais, entre nous...ai-je vraiment à connaître tout ça pour comprendre que l'équipe fait de moins bons résultats que d'habitude? Que c'est depuis l'arrivée du nouveau coach que l'équipe ne gagne plus?

C'est comme en cuisine. Si vous choisissez n' importe quel enfant d'1 an et que vous lui donnez à manger une omelette bourrée de sel, il la recrachera, n'obéira pas. Il la trouvera trop salée. Il ne saura pas expliquer si c' est le sel qui est en trop ou s'il n' y a pas assez d'omelette. L'enfant ne saura peut-être même pas dire que c'est trop salé. Mais il dira que c'est PAS BON!...et il aura raison.

Tilou.

vendredi 11 juillet 2008

Langage soigné

J'ai cherché l'expression «gros mot» dans le dictionnaire. Je n'ai pas trouvé grand chose. «Mot grossier» qu'il y a seulement comme explication.

Alors, évidemment, je suis allé voir à «grossier». Non plus! Certes, il est dit que c'est relatif à ce qui offense la bienséance et la pudeur...et puis rien.

J'ai demandé aux gens qui m'entourent. Pas mieux que le dico. Pire même.

Vous dites? ah... ce que j'espérais trouver!? eh bien, pourquoi certains mots sont considérés comme grossiers et d'autres non. Et aussi, pourquoi les «gros mots» ont toujours rapport au sexe.

Vous n'aviez pas remarqué? Allez! faites-le tour de ceux que vous connaissez. Exemple? Ah. non! (apre sa pou n’al di mwen pa gen edikasyon!)

Pourtant, le vol ou le meurtre, tout aussi immoraux, sinon plus, que les déviances sexuelles, ne sont pas prononcés avec gêne. Dans les manuels scolaires ont retrouve le mot voleur, mais pas de...(nou pap jwenn mwen!)

Et des mots renvoyant au sexe on accepte certains pour en bannir d'autres: On dit fièrement vagin. Mais c’est vilain de dire ch...(woy! bouch mwen manke chape)

Revenons au dictionnaire.

Comment donc un mot peut-il être grossier?

1._ Qui manque de soin, de fini

Vraisemblablement ça ne peut être ça.

2._ Qui manque de finesse, de grâce

hmm! Certes, certains mots semblent moins élégant que d' autres. Mais ça reste une simple question de point de vue, non?

3._ Qui n'a pas été dégrossi, poli par la culture, l'éducation.

(Je me perds. Là, je me perds)

4._ Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances. Qui agit d'une manière contraire aux bienséances.

ah!. Ça doit être ça. mais un mot peut-il être contraire aux bienséances par lui-même? Ou l’est-il en renvoyant à quelque chose qui l’est? surtout quand d'autres renvoyant à ce même quelque chose, sont très bien acceptés.

Non pas parce qu’il fait référence à quelque chose de vulgaire, le mot serait-il donc grossier lorsqu'il se rapporte au sexe ou à l'acte sexuel?

Puéril, je dis.! Ce n'est pas parce que la fellation doit rester quelque chose d' intime que c' est forcément grossier de dire tib...(oh!? padon!)

Tilou

vendredi 4 juillet 2008

Plaidoyer saugrenu

Il est coutumier d'entendre l'expression : «qui s'excuse s'accuse.». Et c'est un fait. Celui ou celle qui s'excusent ne peuvent le faire qu'à propos d'une faute, d'une erreur ou d'un fait qui leur est imputables. Présenter ses excuses, c'est demander pardon tout en reconnaissant son tort.

Certaines fois cependant, ce n'est pas en s'excusant que certains s'accusent, mais en accusant d'autres.

Et ce qui est drôle dans tout ça, c'est qu'ils ne se rendent même pas comptent de leur aveu.

Prenons en exemple les nouveaux épisodes de l'affaire FHF (Fédération haïtienne de football).

Acte 1. des journalistes accusent ouvertement le comité fédéral de mauvaise gestion, de détournement d'argent aux fins personnels de ses membres. Le président du comité répond que ces journalistes sont des anciens amis qui lui en veulent parce qu'ils ne reçoivent pas d'avantage de la fédération.

Acte 2. la Cour Supérieure des Comptes fait enquête et demande de justifier les dépenses de la Fédération. Un représentant du Comité fédéral fait remarquer que d'autres cas plus graves, à travers notre histoire, n'ont jamais fait l'objet d'enquête. (bon! sa sa a vin’ chache nan bagay la MENM?!)

Sans même chercher à certifier si, oui ou non, le Comité fédéral est coupable de tout ce qui lui est reproché, il est remarquable qu'il n'a encore pris aucune position qui pourrait le disculper, ni même cherché à démentir ou justifier les fautes dont on l'accuse. Ne serait-ce pas plutôt révélateur?

La désignation de la nouvelle prétendante au poste de premier ministre nous gratifie d'aussi belles argumentations: Une dame, défendant la nouvelle Désignée contre les accusations d'homosexualité, rétorque à propos de l'Église: «Elle parle d'immoralité, mais ne doit pas oublier qu'en son sein, des évêques on été accusés de pédophilie.» Je me suis alors demandé: 1. en quoi et de quoi cet argument disculpe-t-il sa cliente? 2. Au cas où l'Église n'aurait été d'aucun soupçon, notre intervenante aurait-elle épousé sa cause?

Je n'ai pu trouver aucune réponse à ces deux questions mais me suis laissé dire que pour leur bonheur, certains auraient intérêt à travailler leurs plaidoiries.

Tilou

vendredi 27 juin 2008

Conjointement seuls.

Le modèle de société occidentale a un côté qui me semble particulièrement bizarre.

Avec la nouvelle conception de la ville, où la densité de la population devient de plus en plus importante, on devrait se sentir de moins en moins seul, non? Surtout que les bals, festivals, dîners, spectacles, réceptions, etc. s'organisent continuellement.

Pourtant, c'est tout à fait le contraire que je crois discerner:

Dans les rues, une foule de gens seuls, déambulant dans tous les sens. Chacun cherchant sa route, avec sa vie, ses soucis et ses pensées particuliers.

Au bureau, pas mieux. Chacun à son poste, s'attellent à boucler son dossier. (bon, se vre ke Ayiti poko fin rive nan stad sa a).

À l'église? Encore pire. Chacun faisant face au célébrant, le regardant sans vraiment le voir. L'écoutant sans vraiment l'entendre. Quant aux «baisers de paix», on n'y retrouve plus de baisers. Plus rien à part une nonchalante rencontre des paumes ou des doigts.

Le carnaval, qui pourtant se veut être une grande communion de toutes les classes sociales, n'y échappe pas non plus. Nous y allons, dansons, chantons et gueulons avec un océan d'inconnus pour en revenir sans avoir fait la rencontre d'aucun d'entre eux.

Nos rassemblements deviennent des assemblages, juxtapositions d'individus; et tous, ensemble, nous restons dans la commune solitude.

Tilou

vendredi 20 juin 2008

T.G.I.M.

Le vendredi est le jour préféré des employés. Il n’est pas nécessaire de chercher l’explication trop loin : c’est le dernier jour de travail de la semaine, tout simplement.

Et dans la même logique, le lundi devient le jour le moins aimé. Allez-y, faites un petit sondage autour de vous. Au bureau. À l’école. Même chez les chômeurs, semble-t-il, le lundi est détesté.

Et je ne déroge pas à la règle (pour une fois ?). Je hais le lundi. Premier jour de bureau. Premier jour de travaux forcés. Avec à sa suite 4 autres jours de bureau. 4 autres jours de travaux forcés. Non, vraiment, lundi n’est pas un jour que j’aime.

J’en arrive même à ne pas aimer le dimanche à cause de ça. Trop proche du lundi. Parce qu’en fin de compte, le dimanche soir c’est comme le lundi matin. Et le dimanche matin aussi d’ailleurs. Tout comme le samedi et le vendredi.

Du coup, le jour idéal est celui le plus éloigné possible du premier jour de travail. Ce jour c’est le lundi ! J’aime donc le lundi parce que c’est le jour le plus éloigné du lundi prochain.

Tilou

vendredi 13 juin 2008

Blah ! Blah ! Blah !

À écouter les chansons contemporaines, on finirait par croire que les hommes d'aujourd'hui sont très amoureux. Les textes chantant la beauté de la convoitée, les charmes de la dulcinée ou l'indispensabilité de la bien-aimée; ne se comptent plus.

Ils s'en donnent à cœur joie : «Mwen renmen ou alafoli». «Se ou ki tout lavi m’», «Ou se sèl fi nan lavi m». «Map toujou la pou ou»,...

La réalité, cependant, est toute autre: la plupart des musiciens sont de véritables coureurs de jupons (ou plutôt coureurs de leurs emplacements : les jupons n'existent plus). Leurs couples ne durent pas longtemps et leurs compagnes de nuit sont innombrables.

Cette différence entre ce qui est proclamé et ce qui est donné en exemple ne se vit pas seulement chez nos amis musiciens. Nous en témoignons presque tous.

Lors de nos mariages, nous promettons fidélité. Combien d'entre nous le restons vraiment? Nous nous engageons pour la vie, pour «le meilleur et pour le pire», disons-nous. Mais au premier obstacle, nous recourons au divorce pour «incompatibilité de caractères»: L’incompatibilité des caractères serait-elle encore pire que le pire? (Et ces cas deviennent si fréquents que je me demande s'il ne serait pas mieux de faire des mariages à durée limitée: 2 ans, 3 ans ou 5 ans renouvelables).

Et la pauvre Bible…!?

Nous sommes presqu’unanime à reconnaître qu’elle est source de vérité. Peu d’entre nous cherchent à savoir ce qu’elle dit vraiment.

Et lorsque nous le faisons, c’est pour certifier: «Labib di…, Labib di…» et ensuite ne suivre que le contraire de ses recommandations.

Nous enseignons à nos enfants que mensonge n'est pas bien. Nous leur mentons aussi souvent que nous les embrassons.

Tout cela se vit pourtant normalement. Tout le monde chante sans mettre en pratique, sans même prendre le temps d'écouter ce qu'il chante.

Nous fêtons Dieu, les enfants, la femme, les animaux et même la planète; sans donner de sens à ses fêtes qui du coup ne deviennent que des moments de répit à la routine insane de nos vies d’hypocrisie.

Tilou

vendredi 6 juin 2008

Parrrôôôlé...Parrrôlé, Parrrôôôlé...

S’il est une chose dont on doit se méfier c’est le mot.

Je ne tiens même pas compte de lorsqu’il est utilisé sciemment pour tromper, comme j’en ai parlé dans un précédent billet (voir Quand la Vérité sert à mentir). Non, je veux parler du mot lui-même, de son sens, sa signification.

On ne peut pas savoir, malgré le dictionnaire, le sens exact d’un mot prononcé par un interlocuteur. Et précisément parce qu’il n’a de sens que celui que lui attribue son utilisateur.

Prenons un exemple concret. Tenez! Le mot «concret», justement. Vous n’avez jamais entendu un politicien parler du «concret»? Il commence par dire:

«Il est temps que chaque citoyen sorte de la passivité pour que le pays se remette sur ses rails. Le journaliste demande alors:

- que lui faut-il donc faire?

- Il est temps qu’il cesse de se demander ce que le pays peut lui offrir, mais plutôt, ce qu’il peut offrir au pays.

- Vous avez parlé d’actions. Peut-on en avoir un exemple?

- Il lui faut agir positivement, en citoyen concerné

- mais concrètement?

- Il ne doit pas baisser les bras. Il doit être prêt à aider son pays et dire non à cet état de choses.»

Croyez-moi, quand j’ai écouté ça, mon regard sur le mot «concret» a vraiment changé.

C’est pareil pour le mot «signification» dont la relativité du sens est très bien illustrée dans un film*. Á un chanteur ayant récemment sorti un album on en demande le titre: «Piyanp, répond-il.

- Et quelle en est la signification?

(Régalez-vous)

- Bon. Comment vous dire?...Piyanp c’est...Comme si... quand tu regardes ce qui t’entoure...C’est...bon. Il ne faudrait pas non plus que ça soit mal interprété. Parce que certains pourraient croire que ça renvoie à quelque chose de négatif ou de malsain...loin de moi cette idée. En fait Piyanp, c’est...par exemple, quand tu regardes ce qu’il y a au plus profond de toi-même,...et que tu dis P I Y A N P...Comme si...En fait, l’album même n’aurait pu avoir de meilleur titre que Piyanp.»

Et à l’interviewer resté abasourdi, il conclut, tout fier: «C’est exactement ça.»

On n’est pas loin de laisser l’interlocuteur deviner le sens de nos phrases puis de trouver eux-mêmes les mots convenables.

Et attention... ça ne serait pas si mal. S’exprimer et comprendre quelqu’un qui parle relèverait de l’art:

En présence d’une belle vue sur la campagne nous nous exclamerions: «c’est Pythagore!» et à ceux qui exigeraient qu’il faille dire «pittoresque», nous rétorquerions que les deux mots sont «synagogue». Et qu’ils n’en conviennent pas nous serait complètement «équidistant» ou...«équilatéral».

Tilou

* Le dialogue qui suit n’est pas une reproduction fidèle de celui du film.

vendredi 30 mai 2008

Femme de ville et femme des chambres

La beauté est supposée relative à celui qui l’apprécie. La couleur bleue n’est pas la plus belle aux yeux de tout le monde, chacun à ses goûts en architecture, etc.

Tout le monde semble pourtant s’entendre sur ce qu’est une belle femme. Pas seulement au niveau du visage, mais, surtout, du corps, de sa posture. Et de cet « unanimité » se déduit un «canon féminin».

Une femme est dite bien faite lorsqu’elle est svelte, élancée et, surtout, lorsqu’elle a un ventre plat.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent pour compagnes mondaines et pour épouses. Ces femmes là sont présentables. Leurs corps attirent les commentaires avoués des hommes. Ce sont elles que l’on recrute comme modèles.

Alors, beaucoup de femmes rêvent de cette apparence. Elles sont prêtes à subir toutes sortes de régimes alimentaires barbares ou à jeûner tout un mois pour garder la ligne. Et constater qu’une jupe leur est devenue trop grande est une victoire.

Ces types de femmes sont «admirées».

Il y a aussi les femmes «d’envergure». Celles qui prennent de la place avec certaines parties de leurs corps.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent comme amies intimes ou comme amantes. Elles donnent des idées et provoquent les soupirs inavoués des hommes.

Certaines femmes, l’ayant compris, font tout pour se donner de l’envergure. Elles se résignent à partager la médication des truies ou vont jusqu’à passer des heures, assises sur un seau pour que leurs arrière-trains en épouse la forme. (Le résultat est spectaculaire. Je me demande si certaines ne devraient pas être contraintes, comme pour la circulation routière, d'y arborer un ruban pour indiquer le dépassement de la longueur règlementaire. ;)

Ces femmes-là sont «désirées».

Les hommes, pour avoir le beurre et l’argent du beurre, se marient à une admirée (ou qu’ils croient en être une) puis se trouvent comme maîtresse une désirée (et qu’ils savent l’être).

Et bien souvent, aucune d’elle n’est vraiment aimée.

Tilou

vendredi 23 mai 2008

La Mer des Fêtes

L’année comporte plusieurs fêtes donnant l’occasion de rendre hommage à ceux que nous chérissons: la fête des Aïeux, celle des Héros, celle des Morts, la fête des Pères, depuis peu; celle des Enfants et, surtout, la Fête des Mères qui selon moi a toujours été la plus gaie.

La fête des Mères n’est, pourtant, plus ce qu’elle était il y a quelques années. En Ayiti, en tout cas, elle semble perdre de son intensité et les Flèdèmè* ne se portent presque plus. Aussi, la Fête des Pères semble la rattraper à grands pas.

Le cliché Père-irresponsable-et-bourrue contre mère-tendre-et-débrouillarde s’estompant peu à peu, le regard et l’amour des enfants pour les deux parents s’équilibre.

De plus en plus de pères savent aujourd'hui changer la couche du bébé ou lui préparer son biberon. Et au retour ils sont bénéficiaires, au même titre que les mères, de la tendresse de leurs enfants.

Il y a aussi que les mamans «modernes» semblent perdre de l’instinct de leurs prédécesseurs. Parce qu’en ces temps, c’est la bonne** qui nourrit, lave et met au lit le petit. La maman, elle, doit se rendre au bureau. Et comme les bons vieux papas d’antan, elle est trop fatiguée, au retour, pour faire plus qu’un baiser sur le front et dire «bonne nuit».

Cet équilibre ne pourrait-il pas nous amener, et ce ne serait mauvais que pour les magasins, à ne fêter les parents qu’un seul jour? Tiens!? Ce ne serait pas mal: la fête des «Parents». Et on pourrait même faire mieux...avec une seule grande «fête de la Famille» qui remplacerait en les réunissant celle des Mères, celle des Pères et celle des Enfants.

Cela renforcerait peut-être l’unité familiale, éviterait la polémique entre père et mère et surtout nous protègerait de la noyade dans la mer des fêtes.

Tilou

*Fleur des Mères: petite broche que l'on accroche au niveau de la poitrine et dont la couleur varie suivant que sa mère est encore vivante ou non. ** Servante

PS. En attendant que mon rêve soit réalisable, je souhaite une joyeuse fête des Mères à toutes les mamans qui me lisent: Mes amies, mes tantes, mes cousines, mes belles-sœurs, ma belle-mère, mon épouse et ma mère chérie.

vendredi 16 mai 2008

Copies Conformes

Ces derniers temps, il est souvent question de droits d'auteur en Ayiti. Cela devient tellement important de les protéger qu'a été mis sur pied une institution devant y veiller: le BHDA: Bureau Haïtien des Droits d’Auteurs.

L'idée serait qu'une œuvre, surtout musicale, ne soit exploitée sans l'aval de son compositeur ou sans que les détenteurs des droits ne puissent en tirer parti.

À bien y réfléchir, c'est protéger les musiciens de certains autres musiciens (ceux que je me plais à nommer «busniciens»). Parce que les premiers bourreaux de ces busniciens sont les busniciens eux-mêmes, qui plagient sans aucune gêne ce que font d'autres. On ne compte plus les groupes musicaux s'étant mis au pas de Djakout en copiant ses solos.

Et c'est carrément la mode: Hier, Djakout copiait T-vice qui copiait Micky qui copiait Top-Vice. Aujourd'hui, T-Vice, Carimi et bien d'autres copient Djakout qui copie System Band. Ne parlons même pas des autres qui ne savent plus où donner de la tête tant les groupes qu'ils désirent copier sont nombreux. Tous, des copies conformes, les uns des autres.

Le problème est que si le BHDA décide de faire le boulot pour lequel il existe, la production musicale devrait baisser sensiblement.

Alors, on met tout sur le dos de celui qui achète une mauvaise copie (copie non conforme ?) au coin de la rue. C'est lui qui empêche les artistes de manger. Pourtant, ce malheureux ne fait-il pas qu'obéir à la loi du marché, si chère à nos économistes?

Entendons-nous: Tijòj vend, au su de tous, des copies qu'il étale en pleine rue. Il les vend à très bon marché avec la possibilité de retour en cas de mauvaise qualité sonore. Et on voudrait convaincre le citoyen que c'est à lui d'acheter plutôt les mêmes musiques d'un CD beaucoup plus cher et pour lequel, d' ailleurs, il ne pourra que difficilement faire une réclamation?!

Allons..., soyons sérieux... et reconnaissons que les copies à sanctionner sont d'abord les originales.

Tilou

jeudi 1 mai 2008

À leur Santé!

Il a été de coutume que la famille Ayitienne célèbre ses moments importants - baptême, première communion, épousailles, etc. - en recevant pour quelques heures les proches amis.

L’événement est souvent clos par une réception au cours de laquelle les principaux concernés - le bébé, l’enfant, les époux - se verront offrir des cadeaux et des voeux par ceux venus apporter leurs félicitations.

Cette tradition semble ne plus être de nos jours. Non pas dans la forme - Il y a toujours réception et toujours des invités (E pou anpil la, yo anpil) - mais dans le fond.

Connaître les époux, le communié ou le baptisé n’est plus nécessaire. Certains, d’ailleurs s’invitent eux-mêmes. «Gratteurs» qu’on les appelle!. Et avec ça, plus question de voeux ou de souhaits.

Il s’agit maintenant de venir profiter du repas. Uniquement du repas: on arrive, on mange, on se goinfre si possible et on fout le camp (littéralement hein!). Et une fois qu’ il ne reste plus rien à «descendre», tout le monde ne cherche qu’à partir. D’abord une partie des gratteurs qui n’ont personne à qui dire au revoir, ensuite les invités et, enfin, le reste des gratteurs qui attendait une roulibe pour faire la route.

Chaque fois que j’assiste à pareil événement, je me demande pourquoi la famille ne réclame pas de subvention auprès du gouvernement. Parce qu’en fin de compte, c’est contribuer à l’apaisement social, non!?

Comment ça j’exagère? Mais non! Ce n’est pas seulement caricatural. Sinon, pourquoi personne ne rend visite pour féliciter quand il n’y a pas de réception et de repas?

Tilou

vendredi 25 avril 2008

Tenue de circonstance

«Si sur quelqu’un on prétend se régler, c’est par les bons côtés qu’il faut lui ressembler.»

Seulement. Il faut identifier «ces» bons côtés. Dans certains cas, cela paraît difficile, dans d’autres, non.

Par exemple, la culture occidentale européenne qui a beaucoup influencé d’autres régions nous a légué, en Ayiti, notre tenue de cérémonies protocolaires. Et c’est pas mal joli. Sous-vêtements, chemise et pantalon, chaussettes, cravate, gilet, veste.

Et en plus de rendre beau, ça protège du froid. Même sous les tropiques!

C’est une expérience à faire, je vous assure. Assister, à midi, à un mariage avec tous ses «djobolobosou» qui font suer. Si en plus on se fait accompagner d’un chapeau et d’une paire de lunettes, c’est carrément la classe.

Il n’ est pas question de porter n’importe quoi hein! Pas de légères sandales, pas de t-shirts à manches courtes. Avec ça on risquerait d’avoir froid, sous les tropiques!

Parce qu’être bien emmitouflé, sous le soleil ou sous la pluie, c’est ça être protocolaire!

Tilou

vendredi 18 avril 2008

Presse Parano ?

La Presse peut être bien et utile.

Bien lorsque, par exemple, elle nous tient informés des affaires de l'État. Elle aide ainsi à la transparence de ce qui se fait avec nos taxes.

Elle est utile en nous aidant souvent à prendre certaines décisions. Ne serait-ce qu'en nous signalant l'embouteillage d'une rue; ce qui nous évite de venir nous y coincer.

C'est pour cela que le journaliste doit, selon moi, être considéré et respecté.

La Presse peut être dangereuse.

Dangereuse par le pouvoir qu'elle attribue à celui qui l'exerce. Rien que déclarer publiquement qu'une banque est en difficulté peut être la seule cause de la faillite de cette institution.

C'est pour cela que le journalisme doit, selon moi, être exercé par des personnes lucides et intègres.

La Presse peut être indécente.

Il arrive souvent que la vie privée et l’intimité soient bafouées au nom du droit à l’information. Les paparazzis en sont la parfaite illustration.

C'est pour cela que le journaliste doit, selon moi, toujours veiller à respecter particulièrement les droits des autres.

Le journalisme peut enlever le bon sens.

Par exemple, quand j'entends une association de journalistes ou de média réclamer que les journalistes ne soient pas agressés par des casseurs qu'ils veulent filmer, sous prétexte qu'ils font leur boulot!?

C'est pour cela que certains journalistes doivent eux aussi, toujours selon moi, consulter un psy de temps à autre. :)

Tilou

vendredi 11 avril 2008

du Nationalisme au Racisme

Il y a de cela quelques années, je recevais un courriel me demandant de participer à un vote devant élire la meilleure de trois chansons. Le courriel me précisait que je devais voter l’une des chansons en particulier pour soutenir un compatriote. «C’est presque du racisme», me suis-je dit.

La plupart de ceux à qui j’en ai parlé avait également reçu le courrier. Mais, contrairement à moi, ils trouvaient la démarche normale. Pour eux, j’exagérais de vouloir comparer cela à du racisme.

Et pourtant…ET POURTANT !

Le raciste tient compte, pour trancher en faveur ou au détriment de l’autre, d’une seule chose: sa race (sa couleur). Ainsi, l’œuvre en elle-même ne compte pas. Seul lui importe celui qui l’ a produite. Et de ce fait, pour le Noir raciste, le sifflement d’un nègre sous sa douche sera toujours un chef d’œuvre comparé à la 5e symphonie de Beethoven.

Alors, n’est-ce pas ce que demande de faire ce courriel invitant à voter pour un compatriote sans tenir compte des œuvres produites par ses concurrents ? Et après que ce compatriote aura remporté le concours, aura-ce été le triomphe de l’art ou du sectarisme ? Dites-moi. Et que pourra-t-on dire le jour ou un jury étranger nous fera du tort parce qu’il aura préféré un de ses compatriotes ?

Bon. J’admets qu’il sera difficile d’engendrer autant de souffrance qu’en a fait le racisme avec un simple concours.

Mais, honnêtement la démarche ne s’en éloigne pas trop.

Tilou

vendredi 4 avril 2008

Leurs Meilleurs Vœux

Qui n’ aime pas se sentir à l’aise? Qui n’ aime pas être facilité par le confort?

C’est naturellement que nous le recherchons, ce confort. Nous inventons le réfrigérateur pour amener à nous la fraîcheur de l’eau potable et conserver notre nourriture. Ceci nous évite d’aller à la source et à la chasse trop souvent. La télévision nous raconte en quelques minutes ce que nous peinons à apprendre, des heures durant, dans les livres. Avec le téléphone portable, la distance ne nous éloigne plus de nos proches.

Mis à part les inventions technologiques, le confort nous est aussi apporté par des services.

L’eau que nous utilisons pour notre quotidien nous est livrée à domicile. Tout comme le gaz, le courrier, le journal et la pizza du vendredi après-midi.

Mais ce confort qui améliore notre vie nous rend parfois insensés.

Je n’ aborderai pas les exactions que nous commettons pour l’obtention de ce confort, à savoir: vol, mensonge, meurtre et exploitation. Ces histoires-là sont flagrantes et nous sommes tous d’accord qu’ elles sont à proscrire.

Ce qui cependant est plus subtil, c’est l’absurde de certaines de nos démarches dans l’utilisation de certains services.

Comme d’habitude, prenons quelques exemples.

Envoyer un billet, une carte, avec un petit mot ou des vœux pour un ami ou un membre de la famille a de précieux, non seulement le témoignage que nous avons pensé à cette personne, mais aussi le temps que nous lui avons consacré, à penser puis à rédiger la correspondance.

Avec les cartes pré-imprimées, sensées nous aider à trouver nos mots, il n’ est plus obligatoire de perdre son temps. Il n’ est même plus nécessaire de savoir ce que dit la carte.

Et l’histoire des fleurs que nous faisons livrer à nos amours!?

L’ idée de départ était de passer un peu de temps à les cueillir, les arranger suivant un code entre les amoureux et à les offrir d’une façon qui faisait passer un message. Rien à voir avec une livraison faite par un coursier sous simple commande d’un bureaucrate via un appel téléphonique.

Et le résultat ne se fait pas attendre, nos amours, en recevant les fleurs ne sont heureuses que de recevoir des fleurs. Et nous, nous ne prenons plus le temps de lire les cartes que nous recevons. (Certains ne les ouvre que pour vérifier que ne s’y trouve pas un billet d’argent). Et nous n' avons pas tort puisque lorsqu'il est écrit «Mes meilleurs Vœux», nous ne savons plus de qui sont vraiment ces vœux.

Tilou