jeudi 25 décembre 2008

aba Tonton Nwèl !?

Noël est, en principe, un temps marquant la naissance de Jésus-Christ. C’est une fête parce que cette venue du Sauveur marque le début de notre rédemption. Avec cette incarnation, nous ne sommes plus voués aux affres de l'enfer. Nous devenons héritiers du Paradis.

On comprend donc que cette fête soit celle de l'espérance, de la joie et de l'assurance aussi bien pour les « aisés » que pour les démunis.

Parce que, justement, ce n’est point une histoire d’«avoir», mais d‘«être», de «devenir»! Devenir enfants de Dieu.

Mais, cette vision de la Nativité a bien changé. Maintenant, le petit Jésus semble ne plus être invité à son propre anniversaire. Il n'est plus question que de Papa Noël. Et même, certains préfèrent TONTON Noël. Nous nous considérons plus cousins que frères.

Avant, il n'y avait que les enfants à croire au Père Noël. Les parents leur achetaient des cadeaux qu'ils déposaient au pied de l'arbre de Noel ayant remplacé la crèche, et faisaient croire aux tous petits que c'est un acte furtif du Père Noël.

Maintenant que les enfants sont moins dupes, je constate que c'est au tour des adultes d'en faire leur croyance. (e granmoun yo pa nan jwèt ak Pè Nowèl!)

Écoutez un peu les chansons d'aujourd’hui. On s'en remet à lui pour...TOUT. Le Père Noël a à sa charge, en plus des "ti pope" et "ti jwèt" traditionnels, l'argent pour les repas et la boisson des fêtes, la bonne marche du pays, le prix du riz, le recul de la misère, l'électricité, la construction des routes, le curage de nos égouts, l’évacuation de nos ordures et même l'obtention de visas américains.

Si, au moins, on le lui demandait poliment...Mais non! Il se voit tout bonnement agressé:

- «Si ou pa pase, mwen pap rele viv Nwél»!**

- «Tonton Nwèl, degaje ou pote bon nouvèl»!***

- «Ton ton Nwèl, pa ban m' bèl pawòl, pa fè m' fè tchòbòl»!****

Bientôt, nous aurons des manifestants, pancartes en main et criant:« Aba lavi chè! Aba Tonton Nwèl!»

(À ce train là, pa étonnant qu'il nous évite.)

Et puis, ça se réduit à une histoire de « grangou »^. Comme pour faire taire l'histoire de « l'homme qui ne devrait pas vivre seulement de pain », n'est plus considéré comme le Père Noël, que celui qui offre la nourriture:

-« Papa Nwèl mwen se papa m', paske ...se li ki toujou pran ka m' nan chache lavi pou ban manje...Ki manche gòl li keyi detwa lam.»^^

(Pitoyable!)

En fin de compte, je ne vois vraiment plus pourquoi encore fêter la Noël si c'est pour reprendre les mêmes plaintes quotidiennes. À moins que nous, adultes, nous soyons vraiment mis à croire au Père Noël!?

Tilou

**Si tu ne passes pas, nous ne te chanterons pas!
***Débrouille-toi, apporte-nous quelque chose.
****Ne me roule pas, sinon je vais me fâcher.
^la Faim
^^Mon Père Noël, c'est mon père parce que lui, il me soigne en me nourrissant.

vendredi 14 novembre 2008

Mon dernier billet

Cela fait une année que le blog est en ligne. Déjà 52 billets postés. N'est-il pas temps d'en faire un bilan?

Cela a-t-il valu le coup? N'est-ce pas du temps perdu?

Je me suis donné la peine (en fait, le plaisir. La peine c'est juste pour la formule rhétorique) de relire les textes. Avec le recul, j'en ai découvert des «pas-bons», des «acceptables» et des «superbes». Certains sont logiquement structurés et offrent une réflexion cartésienne. D'autres résultent plutôt d'instants de délire. Certains autres, de sentiments que m'ont inspirés des comportements ou des réflexions.

Ces derniers semblent les plus appréciés de mes lecteurs. Et c'est leurs réactions à ces billets qui m'ont poussé à écrire aujourd'hui «mon dernier billet».

D'abord, mes réflexions sont souvent prises de façon personnelle: Quand je parle de la liste de cadeaux des mariages, par exemple, je ne fais allusion à personne en particulier. Mais tous celles et ceux qui ont épousé cette pratique se sentent offensés. Je vous avoue que ça rend le dialogue difficile. Je me retrouve dans l'obligation d'essayer une explication en m'avançant à pas feutrés.

Ensuite, Je m'entends dire que l'objectif de mes billets est de démontrer que je "sais tout". Et là, sincèrement, ça blesse!

Je prends toujours le soin d'avancer mes arguments! Il est possible de laisser un commentaire pour une rectification! Et malgré tout, le contre-argument c'est que je me crois supérieur aux autres!

Bon, alors, à ma place, vous feriez quoi? Vous continueriez à écrire? à mettre en ligne ces billets? à les publier chaque vendredi?

Si oui, vous feriez comme moi! parce que je n'ai pas du tout l'intention de fermer boutique. Quant à publier mon dernier billet, si Dieu me prête vie, ce n’est sûrement pas demain la veille.

Tilou

vendredi 10 octobre 2008

Inventifs...ces tordus!

Un ami me faisait remarquer, l’autre jour, que l’expression « thé glacé » était insolite. Avouons qu’il n’a pas tout à fait tort.

D’accord, ça a bon goût. Enfin , le thé lui-même, pas l’expression. Et en plus de goûter bon, c’est rafraîchissant.

Ceci étant dit, il ne faut pas avoir le cerveau trop à l’endroit hein, pour trouver un truc pareil. Du « thé glacé »! et il y en a d’autres : du chocolat…blanc ! du jus en…poudre ! du café…décaféiné ! etc. Carrément des oxymores tangibles.

Il paraît que c’est à mettre sur le compte de «l’inventivité» des gens du Marketing. Pour faire ce boulot, il faut donc se tordre le cerveau: On prend quelque chose de naturel, on le met à l’envers et hop! Ça donne un produit révolutionnaire, probablement utile,... avec un nom coucher dehors.

Je me demande comment n'ont-ils pas encore lancé «l'allumette à geler» ou la «bière chaude».

Certains autres noms, par contre, sont de belles trouvailles. La « Permanente » par exemple.

Ça ne dure pas du tout et il faut la réappliquer régulièrement. Tous les 2, 3 ou 4 mois, suivant les cheveux de la personne (sivan pòch li !). Et en fin de compte il n’y pas plus de permanence dans les effets de la permanente que dans la stabilité des taux de change en Ayiti.

Mais, ne croyez pas que les gens du Marketing aient berné les femmes. Non. Le mot Permanente est convenablement et judicieusement choisi. Parce qu’une fois la permanente essayée, il faudra l’utiliser en permanence.

Ah! ces gens du Marketing!. Croyez-moi, il auraient déjà proposé «l’eau en poudre» s'ils savaient avec quoi mélanger la poudre pour retrouver l’eau.

Tilou

vendredi 3 octobre 2008

Liberté à surveiller!

La démocratie est un terme très utilisé de nos jours. C’est un concept cher à nos dirigeants. Son établissement s’avère cependant néfaste dans certains cas.

S’il est incontestable que la dictature fait du tort à un pays, en empêchant l’épanouissement d’un grand nombre de personnes, dans sa volonté de réprimer toute opinion qui lui soit contraire; il n’en demeure pas moins qu’à la démocratie il faut une structure de forte autorité sinon de répression. Sans cela, la soit-disant démocratie risque de causer plus de tort qu’aurait pu en faire une dictature.

Prenons un exemple banal: le fonctionnement de la presse et des autres médias de communication.

La dictature imposait à la radio et à la télévision ce qui convenait comme émissions et comment elles devaient être présentées. Certaines musiques ne s’y diffusaient pas. Le créole ne s’y parlait pas. Et tout ceci non pas par choix de la population, mais simplement parce que le contraire ne plairait pas au gouvernement.

Ceci a changé, de nos jours. Mais je ne parierais pas que la radio et la télévision se soient améliorées.

Toute censure ayant disparue, la télé nous offrent toutes sortes d’images. Toutes sortes d’images qui ne devraient pas êtres diffusées: des scènes pornographiques ou de violences gratuites que pullulent les productions cinématographiques avant-gardiste ou, comme on a pu le voir récemment, des images de cadavres d’enfants morts, noyés dans les inondations et ramassés à la pelleteuse; sans aucun respect de la dignité humaine.

Et que dire de la radio qui ne trouve plus aucune retenue dans leur émission de chansons triviales?

Évidemment, je pourrais trouver plusieurs autres exemples à mettre dans l’ensemble des exercices de liberté plutôt nuisibles . Le vacarme de certains aux mépris des autres n’y serait pas un intrus.

Mais les pratiques de la radio et de la télé doivent pouvoir convaincre que même en démocratie, il faut une censure de certaines pratiques de la liberté.

Tilou

vendredi 26 septembre 2008

Amateurs professionnels

Ne trouvez-vous pas curieuse cette façon qu’ont certains d’intégrer un domaine professionnel? Ils se contentent de reproduire ce qu’ils croient avoir compris et vu faire par d’autres.

Par exemple, après avoir assisté à un concert de chants, quelques décident que c’est leur destin, qu’ils sont faits pour ça. Et, comme la Loi ne réprime (malheureusement?) pas encore la pollution auditive, sans perdre de temps, ils se mettent à chanter. (Pwoblèm pou zòrèy moun lakay yo!)

Ou encore, quelques autres s’improvisent graphistes parce qu’ils arrivent à manier sans aucune formation un logiciel graphique.

Attention. Je ne dis pas qu’il faut forcément une formation académique pour se professionnaliser. Et je reconnais que l’histoire regorge de génies autodidactes.

Mais autodidactes, justement veut dire «s’instruire soi-même» et non «ne pas s’instruire du tout» pour ne s'en remettre qu’à la routine. Et se former seul, suppose quand même une recherche de la formation et de la connaissance exacte non seulement de la pratique, mais aussi (et même surtout) de la théorie.

Parce que si la théorie sans la pratique reste futile, la pratique sans la théorie perd son efficacité et peut même se révéler dangereuse.

Et comme résultat on obtient ces chanteurs sans voix, ces affiches incompréhensibles et... plus dramatiquement ces chauffards du dimanche, ces instructeurs ignorants, ces hommes politiques incapables...

Il est donc nécessaire de se bien former pour être un bon professionnel. Ne nous contentons pas de reproduire ce qu’on a vu se faire. Cherchons à comprendre d’abord ce qui s’est fait et comment le faire, pour l’améliorer si possible et pour ne pas le dégrader sinon.

Autrement, c’est tout un pays qui en un rien de temps ne comptera plus que des professionnels de l’amateurisme.

Tilou

vendredi 19 septembre 2008

Vocation: Parent.

Pour professer dans un domaine technique, il faut dans la plupart des pays, une licence ou un diplôme. Ceci permet de protéger la population en garantissant un minimum de savoir-faire de la part des techniciens.

J'ai le sentiment que l'on devrait faire autant pour les parents. Il ne serait pas vain d'avoir à passer quelques examens officiels pour être autorisé à enfanter.

Parce qu'y en marre de rencontrer des parents n'ayant rien à cirer de leurs enfants. Ceux qui les abandonnent, celles qui les maltraitent. Celles et ceux qui les gâtent, etc.

Et puis, on en profiterait pour mettre sur pied, une école des Parents; pour aider celles et ceux qui auraient la bonne volonté mais qui ne sauraient pas comment s'y prendre.

Certes, tout cela ne serait pas une garantie que le monde irait mieux.

Mais seraient parents moins de personnes n'ayant pas la vocation. Et ça pourrait aider à diminuer le nombre d'enfants qui doivent, eux-mêmes, assurer leur éducation.

Tilou

vendredi 12 septembre 2008

Solidarité d'1 mois?

En Ayiti, nous sommes passés maître de la solidarité.

Il y a certes beaucoup de problèmes à résoudre, beaucoup de comportements à changer, beaucoup de notions à apprendre; mais la solidarité est point sur lequel personne n'a de leçon à nous donner. Ah, non!

Quand nous donnons, nous donnons. Nous ne nous rabaissons point à nous baser sur la gueule de l'autre pour lui donner. Certains écoliers de la province peuvent en témoigner: À l'école où ils se rendent, il n'y a point de craies, pas de tableau et pas de banc, pas de livres, pas de courant. Mais on ne s'est pas dit que leur cas était perdu. Non! On leur a dégoté de superbes ordinateurs avec quoi ils peuvent maintenant faire le beau.

Le meilleur exemple: les dernières intempéries. Plusieurs villes et régions du pays se retrouvent sinistrés à cause des inondations. Et là encore, nous, professionnels de la solidarité, frappons un grand coup. Nous ne nous contentons pas de leur apporter de quoi manger et boire, de quoi se vêtir; nous compatissons vraiment et avec une belle trouvaille:

Nous demandons aux écoliers du pays se trouvant en mesure de s'instruire de ne point le faire, durant 1 mois, pour laisser à ceux victimes de sinistres le temps de se préparer pour la rentrée scolaire. C'est pas mal, hein!? Moi, je vais encore plus loin. À la maison, j'interdis la télévision, parce que les enfants sinistrés n'y ont pas accès. J'interdis également aux enfants de lire, parce que les enfants sinistrés n'ont pas de quoi lire pour le moment.

Et puis, ce n'est pas seulement aux écoliers d'être solidaires. Toutes les entreprises du pays devraient fermer en solidarité avec celles des villes handicapées. Et les bureaux de l'État aussi...Pourquoi, par exemple, tous les hôpitaux ne feraient pas solidarité avec ceux inondés? hein? dites-moi.

Même que je ne suis pas certain qu'un mois soit suffisant: Les villes à nettoyer ou déplacer, les entreprises à faire redémarrer, les fournitures à acheter,...non! un mois, c'est trop court. Il faudrait leur donner toute une année...au moins. Mais 2 serait idéal.

Tilou

Sexe Faible ?

La Femme est qualifiée de «sexe faible» parce que généralement une femme est moins forte physiquement qu'un homme du même âge.

Sur d’autres points, cependant, je me demande si cette qualification tient la route.

Par exemple, on a tendance à croire que c’est généralement l’homme qui initie une relation amoureuse en faisant la cour à une femme. hmm!

N’est-ce pas plutôt la femme qui invite l’homme à la courtiser?

La femme qui ne trouve aucun intérêt dans un homme lui laissera peu de chances d'exprimer ses sentiments.

Les hommes pensent également être les détenteurs de belles paroles. (adje!)

Les femmes ont gagné pas mal de terrain sur ce point là. Elles arrivent même à tourner certains d’entre-nous en bourrique.

Par exemple, la femme exige de son mari l'achat d’une robe. Elle fait tout pour le convaincre que c’est cet habit-là qui lui sied. (Pauvre idiot!)

Le jour où elle décide de le porter, la femme demande à l'idiot...euh!...au mari de décider entre la fameuse robe et une autre. Quel que soit l'avis du mari, elle l'oublie et porte...la fameuse robe.

L'idiot...euh!...le mari se voulant galant croit bluffer son épouse en lui gratifiant d'un hypocrite «oh! chérie, tu es jolie. Cette robe te va bien!».

Et la femme de rétorquer: «Je l'ai mise pour toi, chéri.»

Tilou

jeudi 4 septembre 2008

Tout koutay se koutay

J'ai remarqué que certains comportements condamnés unanimement dans une société peuvent être parfaitement acceptés dans...la même société, suivant la personne ou la classe sociale la pratiquant.

Le vol, par exemple.

Une cuisinière à qui on confie quotidiennement 100 gourdes pour la préparation de repas ne peut (ne devrait), en aucun cas, conserver pour son compte ou dépenser selon ses propres vœux les 10 gourdes de monnaie qui lui reste occasionnellement un jour de rabais. Ce serait du vol. (ou de la frékansité*). Elle doit impérativement rapporter la monnaie et la remettre à la maîtresse de maison qui en disposera.

Là, on est d’accord.

Mais qu’en est-il lorsqu’une section d’une entreprise (ONG yo!!!), ou d’un ministère de l’État, décident de conserver l’argent non utilisé du budget qui leur a été alloué, sous prétexte que le prochain budget sera réduit si l’argent est rendu ?

C'est malhonnête! Tout koutay** se koutay!

Pas d’accord ?

Alors, je vous en prie, montrez-moi la différence.

Tilou

*impertinence

**expression créole désignant le fait de s'approprier une partie d'une somme d'argent prévue pour autre chose

Malheurs adorés

N'avez-vous pas remarqué notre attirance pour les tragédies?

Déjà autrefois, les romans les plus prisés par les femmes et les filles étaient ceux où l'amour des héros rencontrait embûches après embûches. L'histoire se terminait toujours de la meilleure des façons, certes. Mais elle traversait toujours d'innombrables obstacles et s'arrêtait, justement, lorsqu'il n'y avait plus de problèmes; comme pour dire que lorsque tout va bien, il n'y a rien à raconter.

Maintenant, c'est encore pareil: Le «normal» n'attire pas grand monde. J'imagine souvent un scénario dans lequel un homme et une femme se rencontreraient, tomberaient amoureux l'un de l'autre, seraient acceptés de tous, ne rencontreraient aucun problème, vivraient heureux et auraient beaucoup d'enfants. J'imagine aussi, la salle où je projetterais le film: je la vois vide.

Peut-être inconsciemment, c'est ce qui choque qui attire. Ce qui fait battre plus vite le cœur, ce qui fait monter l'adrénaline.

À la télé, on ne voit jamais d'émission sur un inconnu faisant l'aumône à une mendiante, ou sur un écolier aidant un vieux à traverser une rue. Non. On ne voit pas ça.

Mais quant à l'étudiant qui aura mitraillé une bonne dizaine de ses camarades, il fera la une des journaux.

Ce qui est normal et sans embûche n'intéresse tellement pas que l'on arrive à faire un culte de la difficulté. Un proverbe dit:« à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Comme s'il fallait rechercher le péril avant la victoire. La gloire serait donc dans le péril?

Je ne sais pas pour vous, mais quitte à choisir, moi je préfère le triomphe de la victoire que le péril de la gloire.

Et à tous les habitants de la terre, je souhaite des histoires simples et heureuses qui n'intéressent personne plutôt que les compliquées et tragiques qui attirent tous les regards.

Tilou

vendredi 15 août 2008

L'habit du moine

Certains, dans leurs façons de s'habiller, se mettent mal à l'aise pour plaire à la société. J’en ai déjà parlé (voir: Tenue de circonstance): je trouve cela bizarre.

Il y en a d’autres qui m’intriguent encore plus: Ceux qui ont honte de ce qu‘ils portent.

Plusieurs fois, je me suis retrouvé avec une ou plusieurs de ces personnes rappelant, par leurs tenues, des œuvres d’art surréalistes. Je n’ai jamais compris leur gêne d'être regardées.

Une fois, l’une d’elles m’a demandé pourquoi je la fixais de la sorte. Je lui répondis que j’admirais sa tenue. Mon regard continua visiblement à la gêner.

Évidemment, vous direz que c’était à moi de ne point la fixer du regard, mais...Réfléchissons honnêtement: Si on se fait beau et qu’on insiste pour l’être différemment des autres, c’est bien pour être remarquable, non?! Ne nous faudrait-il donc pas en assumer les conséquences?

Il en va de même pour ceux qui se mettent en «rasta style» et qui s’offusquent qu’on pense qu'ils se droguent.

Le gendarme, le médecin, la prostituée s’habillent pour être remarquables. Lorsqu'ils ne sont pas en service et qu'ils veulent se fondre dans la foule, ils se mettent des tenues que portent tout le monde.

L'habit ne fait pas le moine, d'accord. Mais lorsqu’on ne veut pas être appelé «révérend», on ne porte pas la soutane.

Tilou

vendredi 8 août 2008

Diplômés mais «sans métier»

Un seul métier a pour seul vocation d'enrichir son pratiquant: le Commerce.

C'est dans cette voie, et dans cette voie seulement que devrait se diriger celui ou celle qui ne se préoccupe que de se procurer de l'argent.

Faire du commerce c'est vendre. et empocher. La marchandise a peu d'importance à part sa facilité ou sa difficulté à être vendue. Qu'il s'agisse d'une denrée rare ou d'un produit qui court les rues, seul compte ce que ça peut rapporter.

Tout autre métier est différent; ou du moins devrait l'être.

Pour le bon médecin, le bon avocat, etc. l'argent est de seconde importance. Ce qui réjouit l'architecte c'est de voir qu'on apprécie sa maquette. L'ingénieur aime bien passer devant une belle bâtisse et faire savoir qu'il en est le constructeur. Et tout comme l’écrivain préfère offrir gratuitement son livre à un lecteur passionné plutôt que de le vendre à un analphabète, l'informaticien se réjouit de voir tourner son application bien plus qu'il n'apprécie l'argent qu'elle lui rapporte.

Attention! (mwen konnen nou!) Je n'avance pas que le professionnel ne doit pas gagner son pain. Je dis que son métier doit être son art et sa passion.

Bien entendu, ce n'est plus ce qui se fait. Maintenant, quel que soit le métier choisit, le premier critère semble être la quantité d'argent que l'on peut y gagner.

Le résultat c'est que l'on met moins de soin à son travail et que les seules dates guettées dans l'agenda sont celles auxquelles on reçoit le salaire ou l'on part en congé.

«Il n'y a pas de sot métier», dit le proverbe. Certes. Mais bien des professionnels, diplômés; dans leur rapport avec la profession qu'ils exercent ne font-ils pas penser à des sots sans métier?

Tilou

vendredi 1 août 2008

Culture?...vous avez dit culture?

Il est souvent dit qu'Ayiti possède une culture riche et forte. Je ne suis pas d'accord! (Kouman «se sa [ou] konnen an»?).

...Je ne suis pas d'accord et pense même, au contraire, qu'elle tend à perdre ses traits culturels.

Les dimanches après-midi d'autrefois, les enfants s'habillaient particulièrement, même lorsqu'ils ne devaient se rendre nulle part. Maintenant, c'est du passé.

Les premières semaines de l'année ne tarissaient pas de «bònane», «santé», etc. De nos jours, on est chanceux d'entendre des souhaits le 3 janvier.

Notre musique? quelle «Notre»? Nos musiciens n'ont aucune connaissance de son histoire et la plupart de nos groupes musicaux ne savent même pas ce qu'ils tentent de jouer. Les plus jeunes n'écoutent plus que de l'importée: Hip Hop, RnB, Dancehall (dans sal?), etc.

Nos langues? comment ça, «nos langues»? ah oui! le Créole et le Français. Venons-en donc à notre chère langue maternelle et à notre langue d'instruction. À part que l'on ne s'accorde pas sur qui parle correctement le créole, cette langue est méprisée et humiliée par bon nombre d'entre nous. Et quant au Français!...

Rien que pour faire comme à la télé, un Ayitien, en Ayiti trouve naturel de s'adresser à un compatriote, également en Ayiti, en Anglais; sans se demander si le compatriote en question est familier à la langue de Shakespeare.

Le «bientôt» devient «soon». Les policers ne réclament plus de «renforts» mais «backup». Et nos prénoms se tournent vers les Mackenson, Jackson, Robertson,... Toujours pour reproduire le cinéma, on ne dit plus «bonjou», mais «sali» et pour que ça diffère encore plus du «salut» français certains petits malins préfèrent «salui!»

Alors, comment malgré tout peut-on qualifier notre culture de forte?

Je ne vois vraiment pas!...à moins que mépriser ses traditions puisse être considéré comme un trait culturel!?

Tilou

vendredi 25 juillet 2008

Ayitiâneries

Je suis de ceux qui n'hésitent pas à condamner les propos insinuant que les Ayitiens seraient plus méchants que les autres habitants de la terre. Entendre dire que l'Ayitien ne pense qu'à lui me met hors de moi.

Certaines situations que j'ai vécues récemment diminuent, cependant mon élan à défendre mes compatriotes sur ce terrain.

Connaissez-vous la mauvaise blague de l'Ayitien qui préfère perdre un oeil rien que pour éviter qu'une de ses actions soit profitable à un voisin? (Si non, c'est tant pis pour vous! Mwen pap simaye vye blag konsa!).

Et bien, moi, j'ai vraiment assisté à ça. Imaginez une dame, chrétienne par dessus le marché, qui se retrouve avec une tonne de linge sale à cause d'une pénurie d'eau courante dans le quartier. Elle rencontre un gars qui lui propose de réparer le conduit endommagé causant l'ennui moyennant une maudique somme qu'elle est en mesure de débourser.

Pouvez-vous devinez sa réponse? Elle refusa. Parce que, avança-t-elle, il n'est pas question qu'elle paie seule alors que tout le quartier va en profiter. (Tonniskribòt mwen!)*.

Comprenez bien: Ce qui lui est demandé n'est pas du tout en fonction du nombre d'habitant du quartier. Elle en aurait été la seule habitante que le prix aurait été pareil.

Mais elle préféra garder son linge sale, plutôt que de faire profiter gratuitement quelques prochains.

C'est dans la même logique de ce vieillard refusant de planter un manguier dans sa cour prétextant qu'il sera mort avant que l'arbre ne bourgeonne.

Vous savez? je ne me résous toujours pas à croire que tous les Ayitiens soient des égoïstes méchants et athées. Mais à voir l'état dans lequel se trouve le pays, je me dis que de cette sorte de gens, il doit y en avoir pas mal.

Tilou.

* expression créole équivalent au «Tonnerre de Brest!» du Capitaine Haddock dans LEs aventures de Tintin et Milou. Ici, accompagné d'un soupir.

vendredi 18 juillet 2008

Pas bon!

Lorsqu'une personne rejette un résultat ou autre chose, il lui est certaines fois demandé si elle aurait fait mieux ou a une proposition constructive à faire. Par exemple lorsque j'avance que l'actuel sélectionneur de l'équipe nationale haïtienne de football, au vu de ses résultats, ne mérite pas d'être à cette place, on me demande si, moi, j'aurais mieux fait.

Bon, a priori, il faut effectivement une certaine maîtrise de la chose pour émettre une bonne critique; celle que l'on qualifie généralement de constructive. Ainsi, si j'avais été un technicien en foot, j'aurais avancé que le sélectionneur n'aurait pas dû faire jouer, de manière hasardeuse, un demi-défensif droit dans le couloir gauche, plutôt que de dire qu'il n' a pas sa place à la tête de l'équipe.

Mais, entre nous...ai-je vraiment à connaître tout ça pour comprendre que l'équipe fait de moins bons résultats que d'habitude? Que c'est depuis l'arrivée du nouveau coach que l'équipe ne gagne plus?

C'est comme en cuisine. Si vous choisissez n' importe quel enfant d'1 an et que vous lui donnez à manger une omelette bourrée de sel, il la recrachera, n'obéira pas. Il la trouvera trop salée. Il ne saura pas expliquer si c' est le sel qui est en trop ou s'il n' y a pas assez d'omelette. L'enfant ne saura peut-être même pas dire que c'est trop salé. Mais il dira que c'est PAS BON!...et il aura raison.

Tilou.

vendredi 11 juillet 2008

Langage soigné

J'ai cherché l'expression «gros mot» dans le dictionnaire. Je n'ai pas trouvé grand chose. «Mot grossier» qu'il y a seulement comme explication.

Alors, évidemment, je suis allé voir à «grossier». Non plus! Certes, il est dit que c'est relatif à ce qui offense la bienséance et la pudeur...et puis rien.

J'ai demandé aux gens qui m'entourent. Pas mieux que le dico. Pire même.

Vous dites? ah... ce que j'espérais trouver!? eh bien, pourquoi certains mots sont considérés comme grossiers et d'autres non. Et aussi, pourquoi les «gros mots» ont toujours rapport au sexe.

Vous n'aviez pas remarqué? Allez! faites-le tour de ceux que vous connaissez. Exemple? Ah. non! (apre sa pou n’al di mwen pa gen edikasyon!)

Pourtant, le vol ou le meurtre, tout aussi immoraux, sinon plus, que les déviances sexuelles, ne sont pas prononcés avec gêne. Dans les manuels scolaires ont retrouve le mot voleur, mais pas de...(nou pap jwenn mwen!)

Et des mots renvoyant au sexe on accepte certains pour en bannir d'autres: On dit fièrement vagin. Mais c’est vilain de dire ch...(woy! bouch mwen manke chape)

Revenons au dictionnaire.

Comment donc un mot peut-il être grossier?

1._ Qui manque de soin, de fini

Vraisemblablement ça ne peut être ça.

2._ Qui manque de finesse, de grâce

hmm! Certes, certains mots semblent moins élégant que d' autres. Mais ça reste une simple question de point de vue, non?

3._ Qui n'a pas été dégrossi, poli par la culture, l'éducation.

(Je me perds. Là, je me perds)

4._ Qui offense la pudeur, qui est contraire aux bienséances. Qui agit d'une manière contraire aux bienséances.

ah!. Ça doit être ça. mais un mot peut-il être contraire aux bienséances par lui-même? Ou l’est-il en renvoyant à quelque chose qui l’est? surtout quand d'autres renvoyant à ce même quelque chose, sont très bien acceptés.

Non pas parce qu’il fait référence à quelque chose de vulgaire, le mot serait-il donc grossier lorsqu'il se rapporte au sexe ou à l'acte sexuel?

Puéril, je dis.! Ce n'est pas parce que la fellation doit rester quelque chose d' intime que c' est forcément grossier de dire tib...(oh!? padon!)

Tilou

vendredi 4 juillet 2008

Plaidoyer saugrenu

Il est coutumier d'entendre l'expression : «qui s'excuse s'accuse.». Et c'est un fait. Celui ou celle qui s'excusent ne peuvent le faire qu'à propos d'une faute, d'une erreur ou d'un fait qui leur est imputables. Présenter ses excuses, c'est demander pardon tout en reconnaissant son tort.

Certaines fois cependant, ce n'est pas en s'excusant que certains s'accusent, mais en accusant d'autres.

Et ce qui est drôle dans tout ça, c'est qu'ils ne se rendent même pas comptent de leur aveu.

Prenons en exemple les nouveaux épisodes de l'affaire FHF (Fédération haïtienne de football).

Acte 1. des journalistes accusent ouvertement le comité fédéral de mauvaise gestion, de détournement d'argent aux fins personnels de ses membres. Le président du comité répond que ces journalistes sont des anciens amis qui lui en veulent parce qu'ils ne reçoivent pas d'avantage de la fédération.

Acte 2. la Cour Supérieure des Comptes fait enquête et demande de justifier les dépenses de la Fédération. Un représentant du Comité fédéral fait remarquer que d'autres cas plus graves, à travers notre histoire, n'ont jamais fait l'objet d'enquête. (bon! sa sa a vin’ chache nan bagay la MENM?!)

Sans même chercher à certifier si, oui ou non, le Comité fédéral est coupable de tout ce qui lui est reproché, il est remarquable qu'il n'a encore pris aucune position qui pourrait le disculper, ni même cherché à démentir ou justifier les fautes dont on l'accuse. Ne serait-ce pas plutôt révélateur?

La désignation de la nouvelle prétendante au poste de premier ministre nous gratifie d'aussi belles argumentations: Une dame, défendant la nouvelle Désignée contre les accusations d'homosexualité, rétorque à propos de l'Église: «Elle parle d'immoralité, mais ne doit pas oublier qu'en son sein, des évêques on été accusés de pédophilie.» Je me suis alors demandé: 1. en quoi et de quoi cet argument disculpe-t-il sa cliente? 2. Au cas où l'Église n'aurait été d'aucun soupçon, notre intervenante aurait-elle épousé sa cause?

Je n'ai pu trouver aucune réponse à ces deux questions mais me suis laissé dire que pour leur bonheur, certains auraient intérêt à travailler leurs plaidoiries.

Tilou

vendredi 27 juin 2008

Conjointement seuls.

Le modèle de société occidentale a un côté qui me semble particulièrement bizarre.

Avec la nouvelle conception de la ville, où la densité de la population devient de plus en plus importante, on devrait se sentir de moins en moins seul, non? Surtout que les bals, festivals, dîners, spectacles, réceptions, etc. s'organisent continuellement.

Pourtant, c'est tout à fait le contraire que je crois discerner:

Dans les rues, une foule de gens seuls, déambulant dans tous les sens. Chacun cherchant sa route, avec sa vie, ses soucis et ses pensées particuliers.

Au bureau, pas mieux. Chacun à son poste, s'attellent à boucler son dossier. (bon, se vre ke Ayiti poko fin rive nan stad sa a).

À l'église? Encore pire. Chacun faisant face au célébrant, le regardant sans vraiment le voir. L'écoutant sans vraiment l'entendre. Quant aux «baisers de paix», on n'y retrouve plus de baisers. Plus rien à part une nonchalante rencontre des paumes ou des doigts.

Le carnaval, qui pourtant se veut être une grande communion de toutes les classes sociales, n'y échappe pas non plus. Nous y allons, dansons, chantons et gueulons avec un océan d'inconnus pour en revenir sans avoir fait la rencontre d'aucun d'entre eux.

Nos rassemblements deviennent des assemblages, juxtapositions d'individus; et tous, ensemble, nous restons dans la commune solitude.

Tilou

vendredi 20 juin 2008

T.G.I.M.

Le vendredi est le jour préféré des employés. Il n’est pas nécessaire de chercher l’explication trop loin : c’est le dernier jour de travail de la semaine, tout simplement.

Et dans la même logique, le lundi devient le jour le moins aimé. Allez-y, faites un petit sondage autour de vous. Au bureau. À l’école. Même chez les chômeurs, semble-t-il, le lundi est détesté.

Et je ne déroge pas à la règle (pour une fois ?). Je hais le lundi. Premier jour de bureau. Premier jour de travaux forcés. Avec à sa suite 4 autres jours de bureau. 4 autres jours de travaux forcés. Non, vraiment, lundi n’est pas un jour que j’aime.

J’en arrive même à ne pas aimer le dimanche à cause de ça. Trop proche du lundi. Parce qu’en fin de compte, le dimanche soir c’est comme le lundi matin. Et le dimanche matin aussi d’ailleurs. Tout comme le samedi et le vendredi.

Du coup, le jour idéal est celui le plus éloigné possible du premier jour de travail. Ce jour c’est le lundi ! J’aime donc le lundi parce que c’est le jour le plus éloigné du lundi prochain.

Tilou

vendredi 13 juin 2008

Blah ! Blah ! Blah !

À écouter les chansons contemporaines, on finirait par croire que les hommes d'aujourd'hui sont très amoureux. Les textes chantant la beauté de la convoitée, les charmes de la dulcinée ou l'indispensabilité de la bien-aimée; ne se comptent plus.

Ils s'en donnent à cœur joie : «Mwen renmen ou alafoli». «Se ou ki tout lavi m’», «Ou se sèl fi nan lavi m». «Map toujou la pou ou»,...

La réalité, cependant, est toute autre: la plupart des musiciens sont de véritables coureurs de jupons (ou plutôt coureurs de leurs emplacements : les jupons n'existent plus). Leurs couples ne durent pas longtemps et leurs compagnes de nuit sont innombrables.

Cette différence entre ce qui est proclamé et ce qui est donné en exemple ne se vit pas seulement chez nos amis musiciens. Nous en témoignons presque tous.

Lors de nos mariages, nous promettons fidélité. Combien d'entre nous le restons vraiment? Nous nous engageons pour la vie, pour «le meilleur et pour le pire», disons-nous. Mais au premier obstacle, nous recourons au divorce pour «incompatibilité de caractères»: L’incompatibilité des caractères serait-elle encore pire que le pire? (Et ces cas deviennent si fréquents que je me demande s'il ne serait pas mieux de faire des mariages à durée limitée: 2 ans, 3 ans ou 5 ans renouvelables).

Et la pauvre Bible…!?

Nous sommes presqu’unanime à reconnaître qu’elle est source de vérité. Peu d’entre nous cherchent à savoir ce qu’elle dit vraiment.

Et lorsque nous le faisons, c’est pour certifier: «Labib di…, Labib di…» et ensuite ne suivre que le contraire de ses recommandations.

Nous enseignons à nos enfants que mensonge n'est pas bien. Nous leur mentons aussi souvent que nous les embrassons.

Tout cela se vit pourtant normalement. Tout le monde chante sans mettre en pratique, sans même prendre le temps d'écouter ce qu'il chante.

Nous fêtons Dieu, les enfants, la femme, les animaux et même la planète; sans donner de sens à ses fêtes qui du coup ne deviennent que des moments de répit à la routine insane de nos vies d’hypocrisie.

Tilou

vendredi 6 juin 2008

Parrrôôôlé...Parrrôlé, Parrrôôôlé...

S’il est une chose dont on doit se méfier c’est le mot.

Je ne tiens même pas compte de lorsqu’il est utilisé sciemment pour tromper, comme j’en ai parlé dans un précédent billet (voir Quand la Vérité sert à mentir). Non, je veux parler du mot lui-même, de son sens, sa signification.

On ne peut pas savoir, malgré le dictionnaire, le sens exact d’un mot prononcé par un interlocuteur. Et précisément parce qu’il n’a de sens que celui que lui attribue son utilisateur.

Prenons un exemple concret. Tenez! Le mot «concret», justement. Vous n’avez jamais entendu un politicien parler du «concret»? Il commence par dire:

«Il est temps que chaque citoyen sorte de la passivité pour que le pays se remette sur ses rails. Le journaliste demande alors:

- que lui faut-il donc faire?

- Il est temps qu’il cesse de se demander ce que le pays peut lui offrir, mais plutôt, ce qu’il peut offrir au pays.

- Vous avez parlé d’actions. Peut-on en avoir un exemple?

- Il lui faut agir positivement, en citoyen concerné

- mais concrètement?

- Il ne doit pas baisser les bras. Il doit être prêt à aider son pays et dire non à cet état de choses.»

Croyez-moi, quand j’ai écouté ça, mon regard sur le mot «concret» a vraiment changé.

C’est pareil pour le mot «signification» dont la relativité du sens est très bien illustrée dans un film*. Á un chanteur ayant récemment sorti un album on en demande le titre: «Piyanp, répond-il.

- Et quelle en est la signification?

(Régalez-vous)

- Bon. Comment vous dire?...Piyanp c’est...Comme si... quand tu regardes ce qui t’entoure...C’est...bon. Il ne faudrait pas non plus que ça soit mal interprété. Parce que certains pourraient croire que ça renvoie à quelque chose de négatif ou de malsain...loin de moi cette idée. En fait Piyanp, c’est...par exemple, quand tu regardes ce qu’il y a au plus profond de toi-même,...et que tu dis P I Y A N P...Comme si...En fait, l’album même n’aurait pu avoir de meilleur titre que Piyanp.»

Et à l’interviewer resté abasourdi, il conclut, tout fier: «C’est exactement ça.»

On n’est pas loin de laisser l’interlocuteur deviner le sens de nos phrases puis de trouver eux-mêmes les mots convenables.

Et attention... ça ne serait pas si mal. S’exprimer et comprendre quelqu’un qui parle relèverait de l’art:

En présence d’une belle vue sur la campagne nous nous exclamerions: «c’est Pythagore!» et à ceux qui exigeraient qu’il faille dire «pittoresque», nous rétorquerions que les deux mots sont «synagogue». Et qu’ils n’en conviennent pas nous serait complètement «équidistant» ou...«équilatéral».

Tilou

* Le dialogue qui suit n’est pas une reproduction fidèle de celui du film.

vendredi 30 mai 2008

Femme de ville et femme des chambres

La beauté est supposée relative à celui qui l’apprécie. La couleur bleue n’est pas la plus belle aux yeux de tout le monde, chacun à ses goûts en architecture, etc.

Tout le monde semble pourtant s’entendre sur ce qu’est une belle femme. Pas seulement au niveau du visage, mais, surtout, du corps, de sa posture. Et de cet « unanimité » se déduit un «canon féminin».

Une femme est dite bien faite lorsqu’elle est svelte, élancée et, surtout, lorsqu’elle a un ventre plat.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent pour compagnes mondaines et pour épouses. Ces femmes là sont présentables. Leurs corps attirent les commentaires avoués des hommes. Ce sont elles que l’on recrute comme modèles.

Alors, beaucoup de femmes rêvent de cette apparence. Elles sont prêtes à subir toutes sortes de régimes alimentaires barbares ou à jeûner tout un mois pour garder la ligne. Et constater qu’une jupe leur est devenue trop grande est une victoire.

Ces types de femmes sont «admirées».

Il y a aussi les femmes «d’envergure». Celles qui prennent de la place avec certaines parties de leurs corps.

C’est ce genre de femmes que les hommes recherchent comme amies intimes ou comme amantes. Elles donnent des idées et provoquent les soupirs inavoués des hommes.

Certaines femmes, l’ayant compris, font tout pour se donner de l’envergure. Elles se résignent à partager la médication des truies ou vont jusqu’à passer des heures, assises sur un seau pour que leurs arrière-trains en épouse la forme. (Le résultat est spectaculaire. Je me demande si certaines ne devraient pas être contraintes, comme pour la circulation routière, d'y arborer un ruban pour indiquer le dépassement de la longueur règlementaire. ;)

Ces femmes-là sont «désirées».

Les hommes, pour avoir le beurre et l’argent du beurre, se marient à une admirée (ou qu’ils croient en être une) puis se trouvent comme maîtresse une désirée (et qu’ils savent l’être).

Et bien souvent, aucune d’elle n’est vraiment aimée.

Tilou

vendredi 23 mai 2008

La Mer des Fêtes

L’année comporte plusieurs fêtes donnant l’occasion de rendre hommage à ceux que nous chérissons: la fête des Aïeux, celle des Héros, celle des Morts, la fête des Pères, depuis peu; celle des Enfants et, surtout, la Fête des Mères qui selon moi a toujours été la plus gaie.

La fête des Mères n’est, pourtant, plus ce qu’elle était il y a quelques années. En Ayiti, en tout cas, elle semble perdre de son intensité et les Flèdèmè* ne se portent presque plus. Aussi, la Fête des Pères semble la rattraper à grands pas.

Le cliché Père-irresponsable-et-bourrue contre mère-tendre-et-débrouillarde s’estompant peu à peu, le regard et l’amour des enfants pour les deux parents s’équilibre.

De plus en plus de pères savent aujourd'hui changer la couche du bébé ou lui préparer son biberon. Et au retour ils sont bénéficiaires, au même titre que les mères, de la tendresse de leurs enfants.

Il y a aussi que les mamans «modernes» semblent perdre de l’instinct de leurs prédécesseurs. Parce qu’en ces temps, c’est la bonne** qui nourrit, lave et met au lit le petit. La maman, elle, doit se rendre au bureau. Et comme les bons vieux papas d’antan, elle est trop fatiguée, au retour, pour faire plus qu’un baiser sur le front et dire «bonne nuit».

Cet équilibre ne pourrait-il pas nous amener, et ce ne serait mauvais que pour les magasins, à ne fêter les parents qu’un seul jour? Tiens!? Ce ne serait pas mal: la fête des «Parents». Et on pourrait même faire mieux...avec une seule grande «fête de la Famille» qui remplacerait en les réunissant celle des Mères, celle des Pères et celle des Enfants.

Cela renforcerait peut-être l’unité familiale, éviterait la polémique entre père et mère et surtout nous protègerait de la noyade dans la mer des fêtes.

Tilou

*Fleur des Mères: petite broche que l'on accroche au niveau de la poitrine et dont la couleur varie suivant que sa mère est encore vivante ou non. ** Servante

PS. En attendant que mon rêve soit réalisable, je souhaite une joyeuse fête des Mères à toutes les mamans qui me lisent: Mes amies, mes tantes, mes cousines, mes belles-sœurs, ma belle-mère, mon épouse et ma mère chérie.

vendredi 16 mai 2008

Copies Conformes

Ces derniers temps, il est souvent question de droits d'auteur en Ayiti. Cela devient tellement important de les protéger qu'a été mis sur pied une institution devant y veiller: le BHDA: Bureau Haïtien des Droits d’Auteurs.

L'idée serait qu'une œuvre, surtout musicale, ne soit exploitée sans l'aval de son compositeur ou sans que les détenteurs des droits ne puissent en tirer parti.

À bien y réfléchir, c'est protéger les musiciens de certains autres musiciens (ceux que je me plais à nommer «busniciens»). Parce que les premiers bourreaux de ces busniciens sont les busniciens eux-mêmes, qui plagient sans aucune gêne ce que font d'autres. On ne compte plus les groupes musicaux s'étant mis au pas de Djakout en copiant ses solos.

Et c'est carrément la mode: Hier, Djakout copiait T-vice qui copiait Micky qui copiait Top-Vice. Aujourd'hui, T-Vice, Carimi et bien d'autres copient Djakout qui copie System Band. Ne parlons même pas des autres qui ne savent plus où donner de la tête tant les groupes qu'ils désirent copier sont nombreux. Tous, des copies conformes, les uns des autres.

Le problème est que si le BHDA décide de faire le boulot pour lequel il existe, la production musicale devrait baisser sensiblement.

Alors, on met tout sur le dos de celui qui achète une mauvaise copie (copie non conforme ?) au coin de la rue. C'est lui qui empêche les artistes de manger. Pourtant, ce malheureux ne fait-il pas qu'obéir à la loi du marché, si chère à nos économistes?

Entendons-nous: Tijòj vend, au su de tous, des copies qu'il étale en pleine rue. Il les vend à très bon marché avec la possibilité de retour en cas de mauvaise qualité sonore. Et on voudrait convaincre le citoyen que c'est à lui d'acheter plutôt les mêmes musiques d'un CD beaucoup plus cher et pour lequel, d' ailleurs, il ne pourra que difficilement faire une réclamation?!

Allons..., soyons sérieux... et reconnaissons que les copies à sanctionner sont d'abord les originales.

Tilou

jeudi 1 mai 2008

À leur Santé!

Il a été de coutume que la famille Ayitienne célèbre ses moments importants - baptême, première communion, épousailles, etc. - en recevant pour quelques heures les proches amis.

L’événement est souvent clos par une réception au cours de laquelle les principaux concernés - le bébé, l’enfant, les époux - se verront offrir des cadeaux et des voeux par ceux venus apporter leurs félicitations.

Cette tradition semble ne plus être de nos jours. Non pas dans la forme - Il y a toujours réception et toujours des invités (E pou anpil la, yo anpil) - mais dans le fond.

Connaître les époux, le communié ou le baptisé n’est plus nécessaire. Certains, d’ailleurs s’invitent eux-mêmes. «Gratteurs» qu’on les appelle!. Et avec ça, plus question de voeux ou de souhaits.

Il s’agit maintenant de venir profiter du repas. Uniquement du repas: on arrive, on mange, on se goinfre si possible et on fout le camp (littéralement hein!). Et une fois qu’ il ne reste plus rien à «descendre», tout le monde ne cherche qu’à partir. D’abord une partie des gratteurs qui n’ont personne à qui dire au revoir, ensuite les invités et, enfin, le reste des gratteurs qui attendait une roulibe pour faire la route.

Chaque fois que j’assiste à pareil événement, je me demande pourquoi la famille ne réclame pas de subvention auprès du gouvernement. Parce qu’en fin de compte, c’est contribuer à l’apaisement social, non!?

Comment ça j’exagère? Mais non! Ce n’est pas seulement caricatural. Sinon, pourquoi personne ne rend visite pour féliciter quand il n’y a pas de réception et de repas?

Tilou

vendredi 25 avril 2008

Tenue de circonstance

«Si sur quelqu’un on prétend se régler, c’est par les bons côtés qu’il faut lui ressembler.»

Seulement. Il faut identifier «ces» bons côtés. Dans certains cas, cela paraît difficile, dans d’autres, non.

Par exemple, la culture occidentale européenne qui a beaucoup influencé d’autres régions nous a légué, en Ayiti, notre tenue de cérémonies protocolaires. Et c’est pas mal joli. Sous-vêtements, chemise et pantalon, chaussettes, cravate, gilet, veste.

Et en plus de rendre beau, ça protège du froid. Même sous les tropiques!

C’est une expérience à faire, je vous assure. Assister, à midi, à un mariage avec tous ses «djobolobosou» qui font suer. Si en plus on se fait accompagner d’un chapeau et d’une paire de lunettes, c’est carrément la classe.

Il n’ est pas question de porter n’importe quoi hein! Pas de légères sandales, pas de t-shirts à manches courtes. Avec ça on risquerait d’avoir froid, sous les tropiques!

Parce qu’être bien emmitouflé, sous le soleil ou sous la pluie, c’est ça être protocolaire!

Tilou

vendredi 18 avril 2008

Presse Parano ?

La Presse peut être bien et utile.

Bien lorsque, par exemple, elle nous tient informés des affaires de l'État. Elle aide ainsi à la transparence de ce qui se fait avec nos taxes.

Elle est utile en nous aidant souvent à prendre certaines décisions. Ne serait-ce qu'en nous signalant l'embouteillage d'une rue; ce qui nous évite de venir nous y coincer.

C'est pour cela que le journaliste doit, selon moi, être considéré et respecté.

La Presse peut être dangereuse.

Dangereuse par le pouvoir qu'elle attribue à celui qui l'exerce. Rien que déclarer publiquement qu'une banque est en difficulté peut être la seule cause de la faillite de cette institution.

C'est pour cela que le journalisme doit, selon moi, être exercé par des personnes lucides et intègres.

La Presse peut être indécente.

Il arrive souvent que la vie privée et l’intimité soient bafouées au nom du droit à l’information. Les paparazzis en sont la parfaite illustration.

C'est pour cela que le journaliste doit, selon moi, toujours veiller à respecter particulièrement les droits des autres.

Le journalisme peut enlever le bon sens.

Par exemple, quand j'entends une association de journalistes ou de média réclamer que les journalistes ne soient pas agressés par des casseurs qu'ils veulent filmer, sous prétexte qu'ils font leur boulot!?

C'est pour cela que certains journalistes doivent eux aussi, toujours selon moi, consulter un psy de temps à autre. :)

Tilou

vendredi 11 avril 2008

du Nationalisme au Racisme

Il y a de cela quelques années, je recevais un courriel me demandant de participer à un vote devant élire la meilleure de trois chansons. Le courriel me précisait que je devais voter l’une des chansons en particulier pour soutenir un compatriote. «C’est presque du racisme», me suis-je dit.

La plupart de ceux à qui j’en ai parlé avait également reçu le courrier. Mais, contrairement à moi, ils trouvaient la démarche normale. Pour eux, j’exagérais de vouloir comparer cela à du racisme.

Et pourtant…ET POURTANT !

Le raciste tient compte, pour trancher en faveur ou au détriment de l’autre, d’une seule chose: sa race (sa couleur). Ainsi, l’œuvre en elle-même ne compte pas. Seul lui importe celui qui l’ a produite. Et de ce fait, pour le Noir raciste, le sifflement d’un nègre sous sa douche sera toujours un chef d’œuvre comparé à la 5e symphonie de Beethoven.

Alors, n’est-ce pas ce que demande de faire ce courriel invitant à voter pour un compatriote sans tenir compte des œuvres produites par ses concurrents ? Et après que ce compatriote aura remporté le concours, aura-ce été le triomphe de l’art ou du sectarisme ? Dites-moi. Et que pourra-t-on dire le jour ou un jury étranger nous fera du tort parce qu’il aura préféré un de ses compatriotes ?

Bon. J’admets qu’il sera difficile d’engendrer autant de souffrance qu’en a fait le racisme avec un simple concours.

Mais, honnêtement la démarche ne s’en éloigne pas trop.

Tilou

vendredi 4 avril 2008

Leurs Meilleurs Vœux

Qui n’ aime pas se sentir à l’aise? Qui n’ aime pas être facilité par le confort?

C’est naturellement que nous le recherchons, ce confort. Nous inventons le réfrigérateur pour amener à nous la fraîcheur de l’eau potable et conserver notre nourriture. Ceci nous évite d’aller à la source et à la chasse trop souvent. La télévision nous raconte en quelques minutes ce que nous peinons à apprendre, des heures durant, dans les livres. Avec le téléphone portable, la distance ne nous éloigne plus de nos proches.

Mis à part les inventions technologiques, le confort nous est aussi apporté par des services.

L’eau que nous utilisons pour notre quotidien nous est livrée à domicile. Tout comme le gaz, le courrier, le journal et la pizza du vendredi après-midi.

Mais ce confort qui améliore notre vie nous rend parfois insensés.

Je n’ aborderai pas les exactions que nous commettons pour l’obtention de ce confort, à savoir: vol, mensonge, meurtre et exploitation. Ces histoires-là sont flagrantes et nous sommes tous d’accord qu’ elles sont à proscrire.

Ce qui cependant est plus subtil, c’est l’absurde de certaines de nos démarches dans l’utilisation de certains services.

Comme d’habitude, prenons quelques exemples.

Envoyer un billet, une carte, avec un petit mot ou des vœux pour un ami ou un membre de la famille a de précieux, non seulement le témoignage que nous avons pensé à cette personne, mais aussi le temps que nous lui avons consacré, à penser puis à rédiger la correspondance.

Avec les cartes pré-imprimées, sensées nous aider à trouver nos mots, il n’ est plus obligatoire de perdre son temps. Il n’ est même plus nécessaire de savoir ce que dit la carte.

Et l’histoire des fleurs que nous faisons livrer à nos amours!?

L’ idée de départ était de passer un peu de temps à les cueillir, les arranger suivant un code entre les amoureux et à les offrir d’une façon qui faisait passer un message. Rien à voir avec une livraison faite par un coursier sous simple commande d’un bureaucrate via un appel téléphonique.

Et le résultat ne se fait pas attendre, nos amours, en recevant les fleurs ne sont heureuses que de recevoir des fleurs. Et nous, nous ne prenons plus le temps de lire les cartes que nous recevons. (Certains ne les ouvre que pour vérifier que ne s’y trouve pas un billet d’argent). Et nous n' avons pas tort puisque lorsqu'il est écrit «Mes meilleurs Vœux», nous ne savons plus de qui sont vraiment ces vœux.

Tilou

vendredi 28 mars 2008

Art en bouteille

Je ne sais plus à quoi penser quand j’entends parler d’«artiste» et d’«art».

Autrefois c’était l’art qui primait, qui comptait aux yeux des critiques et des amateurs. C’était l’art qui donnait de la valeur à l’artiste.

Et l’artiste, cependant, ne se laissait pas trop influencé par l’accueil que pouvait faire le public aux oeuvres qu’il réalisait. C’était, bien souvent, sa manière de s’exprimer, de faire passer ses émotions.

Qu’il trouvât un public qui appréciât et l’acclamât ou qu’il fût ignoré de tous, la vraie satisfaction d’un artiste était de réaliser son oeuvre à son propre goût, exactement comme il l’avait souhaité, voulu!

Mais, tout cela semble être du bon vieux à temps à pleurer.

Le mot «artiste» veut, ces temps-ci, se confondre à «vedette». Parce que maintenant, peu importe l’oeuvre. L’important c’est l’aura de l’«artisan». On a, ces jours-ci, en Ayiti, une kyrielle d’artistes qui ne pratiquent aucun art.

Et de ces artisans-vedette, on en fabrique.

Ainsi, des émissions, surtout télévisées, pullulent pour mettre sur le marché ces «vedettes-nées» qu’elles forgent. Citons, entre autres, la Star Académy en France, le American Idol aux États-Unis d’Amérique et la DigicelStars en Ayiti. (à noter qu'elles font preuve d' honnêteté en parlant de star, d' idole... et non d'Art dans leurs titres.) Bien évidemment, la chanson c’est que ces émissions supportées par d’énormes productions ne font que donner la chance à des artistes en herbe n’ayant pas, tous, les moyens de développer leurs talents.

La vérité est pourtant toute autre. Le but est d’anticiper sur celle ou celui qui sera la vedette de demain pour lui faire signer dès le départ un contrat de publicité.

Et le résultat de tout ça...c’est que l’artiste, plutôt que d’exprimer quelque chose qui lui vient de l’intérieur, se plie aux caprices de son public, exactement comme le font les industriels et les commerçants... et une composition musicale, supposée être une oeuvre d’art, devient malheureusement un produit de l’industrie musicale.

Tilou

lundi 24 mars 2008

Quand la vérité sert à mentir

Mentir n’est pas forcément affirmer quelque chose de faux. C’est surtout faire croire ce qui n’est pas vrai. Et souvent ce résultat s’obtient en disant la vérité. En l’affirmant d’une certaine façon qui la cache.

Ok, pour mieux comprendre, prenons un exemple: une fille après les cours se retrouve chez son petit ami, à des kilomètres plus bas de l’établissement scolaire. Eh bien, à ses parents lui demandant où elle était, elle affirmera avoir été chez un ami habitant plus bas de l’école.

Textuellement elle dit la vérité puisque l’ami en question n’habite pas plus haut de l’école. Mais il est clair que sa réponse a été formulée de manière à faire croire (sans le dire) qu’elle ne s’est pas trop éloignée de l’établissement. Ce qui est faux.

L’un des outils les plus intéressants pour la pratique de ce «jeu» sont les Statistiques. Il est souvent possible de présenter les données chiffrées pour orienter l’interlocuteur dans le sens que l’on veut.

D’accord, allons-y pour un autre exemple: d’un côté un pays «A» comptant 10 habitants avec chacun une fortune de 100 gourdes. De l’autre un pays «B» avec également 10 habitants. Mais dans ce pays là 8 habitants n’ont que 2 gourdes et chacun des 2 autres en possède 742.

Les rapports officiels et internationaux nous présenteront la comparaison entre ces revenus en utilisant la moyenne de la richesse par habitant. Ainsi, le pays «A» aura une moyenne de 100 gourdes par habitant alors que l’autre pays affichera 150.

Bien qu’exactes, ces données nous éloignent de la vérité à savoir que dans le pays «B», 80% de la population ne vit qu’avec l/5e de l’avoir d’un habitant du pays «A».

Et les Statistiques peuvent être encore plus dangereux lorsqu’elles se mêlent aux prédictions.

Et oui, un troisième exemple. Mettons qu’un tirage se fasse chaque jour de la semaine. Pour cela on utilise 2 dés que l’on lance et on additionne les montants sur les deux faces donnant vers le ciel. Si sur une semaine on obtient 7 fois les nombre 2, donc «1 + 1» 7 jours sur 7 , statistiquement on devrait avoir 100% de chance de retrouver le même résultat le jour suivant. Vous conviendrez que ça ne peut tenir la route.

Le mensonge, vous l’aurez compris n’est pas forcément l’«anti-vérité». Bien souvent il est le résultat d’une vérité que l’on présente sur un angle calculé à dessein.

Tilou

vendredi 14 mars 2008

Le cercle

La productivité passe de nos jours pour un joli terme. C’est le maître mot de l’Entreprise, des pays et du monde. C’est la qualité la plus recherchée ces temps-ci. Il faut pouvoir produire beaucoup, rapidement et bien. Produire quoi ? Tout ce qu’ on a à produire : biens, services, etc.

Parce que c’est avec ça que l'on génère du profit qui servira à nous enrichir (pwoblèm nan se ki « nous » sa a), à développer le pays et à améliorer nos conditions de vie.

Par exemple, la productivité américaine ou européenne offre aux habitants des grands pays de meilleures conditions de vie dans les domaines de la santé. Ainsi, l’américain moyen trouve facilement les soins nécessaires pour se remettre au travail lorsque dans un pays comme Haïti, une simple fièvre lui ferait manquer la partie de dominos de l’après-midi.

Et les infrastructures ? Ah oui ! Il est cent fois préférable de monter un joli bus, ou un taxi dernier cri, pour aller donner l’heure au blanc*, que d’avoir à monter un bogota** pour se rendre à un match de football.

Et ca Paye mieux aussi. Comme ça, on a de quoi bien s’habiller pour concurrencer les collègues, se sentir bien face aux clients et travailler dans de meilleures conditions...pour être plus productif quoi !.

Parce qu’en fin de compte, c’ est ça l’affaire. Nous améliorons nos conditions de vie pour être encore plus productifs. Comme quoi, la productivité vise moins l’amélioration du niveau de vie, que cette dernière cherche à augmenter notre productivité.

Tilou

* (bay blan an lè a) expression créole traduisant les heures de travail à respecter * * voiture en mauvais état

jeudi 6 mars 2008

Faciiiile!

Je critique souvent les scientifiques qui font preuve de condescendance envers les gens moins « connaisseurs» qu’eux. Je n’arrive toujours pas à accepter qu’une connaissance, aussi grande fusse-t-elle et en quelque domaine que ce soit, puisse apporter une quelconque supériorité.

Surtout qu’en réalité, les scientifiques ne savent pas grand-chose. Leur point fort, c’est de toujours chercher à faire dans le compliqué lorsqu’il existe un autre chemin bien plus facile.

Par exemple, pour savoir si une personne est prédisposée au diabète, les hommes de science n’ont rien trouvé de plus amusant que se lancer dans des affaires de «décryptage du génome humain» et «étude du patrimoine génétique». Opérations qui requièrent un temps fou.

Pourtant, l’astrologie, d’un simple coup d’œil dans le ciel, nous apprend l’avenir. C’est carrément fascinant ce qu’elle arrive à faire. Déduire, en se basant sur la position et le déplacement des astres, que, parce que je suis né en avril, je vais passer une heureuse première semaine de juin avec ma femme qui, elle, étant née en mars verra sa pire semaine de l’année se pointer au début de mois de…juin. Trop fort !

Je pense aussi à la panoplie de croyances classées honteusement aujourd’hui comme superstitieuses. Pauvres idiots va ! Ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Eux, ils vont dépenser une fortune pour se faire soigner d’une fièvre, d’une grippe ou d’un simple malaise. Moi, je suis les conseils de ma collègue : lorsque je suis constipé, il me suffit de tirer 7 fois mon oreille gauche vers le bas et... hop ! Tout est débloqué. Pratique hein!? Certes, je fais attention à ne pas trop souvent me retrouver dans cette situation de peur que mon oreille ne m’arrive aux épaules, mais c’est une technique qui vaut son pesant d’or.

Et puis, il y a aussi ces signes qui servent d’indices pour bien mener son quotidien. La main qui gratte pour avertir que l’on va encaisser de l’argent, le pied gauche qui heurte quelque chose pour annoncer un danger, se mordre la langue lorsqu’on est victime de ragots, etc.

Les scientifiques ont du pain sur la planche s’ils veulent rivaliser avec ça. Surtout qu’ils ne savent pas grand-chose, ces scientifiques. Ils s’obstinent à faire dans le compliqué alors que bien souvent tout est tellement plus faciiiile !

Tilou

vendredi 29 février 2008

Comment détourne-t-on un mineur?

Détournement de mineur.

Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire aujourd’hui? Quel sens peut encore avoir cette notion?

J’ai tendance à penser que cela consistait à des avances - plutôt sexuelles - d’une personne de plus de 18 ans envers un mineur. La Loi et la morale (de qui?) par cette notion veut empêcher qu’un adulte apprenne trop tôt à un enfant des attitudes trop intimes.

Bon. Sur le principe, je ne pense pas que cela soit contestable. Mais en pratique, certaines fois, je me demande si ça tient la route.

Par exemple, comment est-ce possible de parler de détournement entre une fille de 20 ans et un garçon de 16? Ou entre un garçon de 19 ans et une fille de 17? Surtout, lorsque, semble-t-il, la fille mûrit plus vite que le garçon.

On peut se demander aussi comment appeler le cas ou un adulte se compromettrait avec un mineur qui aurait été précédemment détourné par un autre adulte: «redétournement de mineur détourné» ou «surdétournement de mineur»?

Et lorsque le mineur en question en sait plus sur la sexualité que l’adulte, ca devient carrément bizarre. Imaginez une femme de 20 ans qui, pour avoir couché avec un garçon de 16 ans, alors qu’elle était encore pucelle, se voit accusée de détournement sur le mineur qui, lui, avait déjà mis enceintes 2 autres filles du quartier.

Bon, d’accord. Les 2 précédents paragraphes sont un peu trop humoristiques pour un sujet aussi grave.

Mais soyez rassurés, le «détournement de mineur» va disparaître.

Oui, ça va s’effacer ou changer de main. Parce que bien avant que la Kannay du quartier ou le pervers d’à côté auront pu lever le p’tit doigt pour corrompre notre garçonnet et notre fillette, nos mineurs seront détournés avec nos campagnes publicitaires, comme celles pour le condom qui leur disent : «Allez-y, mettez ça, et foncez!»

Tilou

Oasis de charité

Le monde va mal. Il y a beaucoup de choses à corriger. Il y en a tellement que la mission semble impossible.

Et en plus des comportements (égoïsme, vol, viol,...) qui nous éloignent d’un monde heureux, nous devons aussi compter les malheurs qui ne dépendent pas de nous: maladies, catastrophes naturelles...

Pourtant, c’est au milieu des ces misères, au cœur même de ces ombres que l’espoir me vient. L’espoir et la confiance que l’Homme peut faire preuve de bonté.

Lorsque j’aperçois quelqu’un faire la charité à un mendiant, un autre aider une vieille dame à traverser une rue, une infirmière se dévouer au chevet d’un patient qu’elle connaît à peine, un médecin fondre en larmes lorsqu’il ne réussit pas à sauver un mourant ou, plus banalement, lorsque je surprends une personne répondre au timide sourire d’un voisin dans le bus...Je me dis : «eh bien oui, l’humanité qui sait se montrer si méchante, monstrueuse, faisant souvent preuve du pire...cette humanité-là est aussi capable du meilleur».

Tilou

vendredi 22 février 2008

Forcément Libre

«Le travail c’est la liberté!»

Vous y croyez vous? Pour moi, ça dépend!

Ça dépend de ce qu’on entend par «travail».

Si l’on considère ce mot dans le sens de s’occuper à faire quelque chose, ca peut, en effet, rendre libre par rapport à certaines autres choses. L’oisiveté est mère de tous les vices dit-on. Par exemple, faire du sport peut éviter à un Jeune la pratique de la drogue (Comment ça «et Maradona»?).

On peut également voir le travail, et je pense que c’est l’idée première de notre proverbe, comme un boulot, un job. Et là, c’est à ne plus rien comprendre. Parce qu’elle doit être très malheureuse de ne pas être libre, la Reine d’Angleterre. Je la plains de n’avoir rien à faire, à part quelques réunions mondaines, alors que moi, je suis très libre, travaillant toute la journée. Il y en a d’autres qui ont même deux ou trois job pour tenter de joindre les deux bouts. Je me demande si vraiment ils sont deux ou trois fois plus libres que les autres.

Regardez aussi les animaux. N’est-ce pas un exemple patent? Entre la bourrique et le chien peyi je ne suis pas certain que le premier soit le plus libre. Pourtant il n’y a aucun doute que c’est la bourrique qui... bourrique.

Le dictionnaire aussi est très instructif sur le sujet. J’ai jeté un oeil à la définition du mot travail. J’ y ai appris que ce mot vient du Latin trepalium (ou tripalium) qui se définissait par «instrument de torture». Et c’ est pas tout, ce mot désigne aussi un «Dispositif servant à immobiliser les chevaux, les bœufs, pour pratiquer sur eux certaines opérations.» Aïe!

Révélateur, non?

Se trouver un emploi, j’en conviens, peut permettre de s’affranchir d’une certaine dépendance envers les parents. Mais cette dépendance n’est pas effacée. Elle est seulement transférée. Et dans bien des cas, nous sommes nostalgiques de ces bons vieux temps où nous dépendions des parents, où nous n’étions pas libres mais faisions ce que nous voulions.

Tilou

vendredi 15 février 2008

Le choix des riches

Tout le monde peut-il être riche?

Attention, ma question n’est pas de savoir s’il est possible à chaque individu d’accéder à la richesse, mais plutôt si tout le monde peut l’être en même temps.

Bon je ne suis pas expert en économie, mais je pense que la réponse est:«non».

Et pour cause. si tout le monde est riche personne ne l’est plus. Pour être riche, ne faut-il pas l’être par rapport à quelqu’un d’autre qui lui ne le serait pas? Si chaque habitant de la planète possédait exactement le même avoir, on ne parlerait point de riche.

Alors, quel sens peut donc avoir les grands discours et promesses d’amélioration du niveau de vie que font les responsables politiques? Est-ce que développer un pays passe forcément par l’appauvrissement d’un autre?

Bon je ne suis pas expert en politique, mais je pense que la réponse est: «oui».

Parce que sinon, ils doivent être masochistes, ces riches hommes, ces grands pays de préférer avoir ces tas de mendiants à les importuner, ces tas de mendiants à ne pouvoir qu’être dépendants pour leur nourriture, leur santé...leur survie. Ils doivent être vraiment tarés ces hommes riches de tolérer ces quémandeurs au lieu d’en faire des riches «autonomes» comme eux-mêmes.

Comment ça, «les riches ne sont pas autonomes»? Comment ca «ils dépendent aussi des modestes»? Si c’était le cas, ne témoigneraient-ils pas, à leur égard, un peu plus de compassion et de respect?

Tilou