vendredi 28 mars 2008

Art en bouteille

Je ne sais plus à quoi penser quand j’entends parler d’«artiste» et d’«art».

Autrefois c’était l’art qui primait, qui comptait aux yeux des critiques et des amateurs. C’était l’art qui donnait de la valeur à l’artiste.

Et l’artiste, cependant, ne se laissait pas trop influencé par l’accueil que pouvait faire le public aux oeuvres qu’il réalisait. C’était, bien souvent, sa manière de s’exprimer, de faire passer ses émotions.

Qu’il trouvât un public qui appréciât et l’acclamât ou qu’il fût ignoré de tous, la vraie satisfaction d’un artiste était de réaliser son oeuvre à son propre goût, exactement comme il l’avait souhaité, voulu!

Mais, tout cela semble être du bon vieux à temps à pleurer.

Le mot «artiste» veut, ces temps-ci, se confondre à «vedette». Parce que maintenant, peu importe l’oeuvre. L’important c’est l’aura de l’«artisan». On a, ces jours-ci, en Ayiti, une kyrielle d’artistes qui ne pratiquent aucun art.

Et de ces artisans-vedette, on en fabrique.

Ainsi, des émissions, surtout télévisées, pullulent pour mettre sur le marché ces «vedettes-nées» qu’elles forgent. Citons, entre autres, la Star Académy en France, le American Idol aux États-Unis d’Amérique et la DigicelStars en Ayiti. (à noter qu'elles font preuve d' honnêteté en parlant de star, d' idole... et non d'Art dans leurs titres.) Bien évidemment, la chanson c’est que ces émissions supportées par d’énormes productions ne font que donner la chance à des artistes en herbe n’ayant pas, tous, les moyens de développer leurs talents.

La vérité est pourtant toute autre. Le but est d’anticiper sur celle ou celui qui sera la vedette de demain pour lui faire signer dès le départ un contrat de publicité.

Et le résultat de tout ça...c’est que l’artiste, plutôt que d’exprimer quelque chose qui lui vient de l’intérieur, se plie aux caprices de son public, exactement comme le font les industriels et les commerçants... et une composition musicale, supposée être une oeuvre d’art, devient malheureusement un produit de l’industrie musicale.

Tilou

lundi 24 mars 2008

Quand la vérité sert à mentir

Mentir n’est pas forcément affirmer quelque chose de faux. C’est surtout faire croire ce qui n’est pas vrai. Et souvent ce résultat s’obtient en disant la vérité. En l’affirmant d’une certaine façon qui la cache.

Ok, pour mieux comprendre, prenons un exemple: une fille après les cours se retrouve chez son petit ami, à des kilomètres plus bas de l’établissement scolaire. Eh bien, à ses parents lui demandant où elle était, elle affirmera avoir été chez un ami habitant plus bas de l’école.

Textuellement elle dit la vérité puisque l’ami en question n’habite pas plus haut de l’école. Mais il est clair que sa réponse a été formulée de manière à faire croire (sans le dire) qu’elle ne s’est pas trop éloignée de l’établissement. Ce qui est faux.

L’un des outils les plus intéressants pour la pratique de ce «jeu» sont les Statistiques. Il est souvent possible de présenter les données chiffrées pour orienter l’interlocuteur dans le sens que l’on veut.

D’accord, allons-y pour un autre exemple: d’un côté un pays «A» comptant 10 habitants avec chacun une fortune de 100 gourdes. De l’autre un pays «B» avec également 10 habitants. Mais dans ce pays là 8 habitants n’ont que 2 gourdes et chacun des 2 autres en possède 742.

Les rapports officiels et internationaux nous présenteront la comparaison entre ces revenus en utilisant la moyenne de la richesse par habitant. Ainsi, le pays «A» aura une moyenne de 100 gourdes par habitant alors que l’autre pays affichera 150.

Bien qu’exactes, ces données nous éloignent de la vérité à savoir que dans le pays «B», 80% de la population ne vit qu’avec l/5e de l’avoir d’un habitant du pays «A».

Et les Statistiques peuvent être encore plus dangereux lorsqu’elles se mêlent aux prédictions.

Et oui, un troisième exemple. Mettons qu’un tirage se fasse chaque jour de la semaine. Pour cela on utilise 2 dés que l’on lance et on additionne les montants sur les deux faces donnant vers le ciel. Si sur une semaine on obtient 7 fois les nombre 2, donc «1 + 1» 7 jours sur 7 , statistiquement on devrait avoir 100% de chance de retrouver le même résultat le jour suivant. Vous conviendrez que ça ne peut tenir la route.

Le mensonge, vous l’aurez compris n’est pas forcément l’«anti-vérité». Bien souvent il est le résultat d’une vérité que l’on présente sur un angle calculé à dessein.

Tilou

vendredi 14 mars 2008

Le cercle

La productivité passe de nos jours pour un joli terme. C’est le maître mot de l’Entreprise, des pays et du monde. C’est la qualité la plus recherchée ces temps-ci. Il faut pouvoir produire beaucoup, rapidement et bien. Produire quoi ? Tout ce qu’ on a à produire : biens, services, etc.

Parce que c’est avec ça que l'on génère du profit qui servira à nous enrichir (pwoblèm nan se ki « nous » sa a), à développer le pays et à améliorer nos conditions de vie.

Par exemple, la productivité américaine ou européenne offre aux habitants des grands pays de meilleures conditions de vie dans les domaines de la santé. Ainsi, l’américain moyen trouve facilement les soins nécessaires pour se remettre au travail lorsque dans un pays comme Haïti, une simple fièvre lui ferait manquer la partie de dominos de l’après-midi.

Et les infrastructures ? Ah oui ! Il est cent fois préférable de monter un joli bus, ou un taxi dernier cri, pour aller donner l’heure au blanc*, que d’avoir à monter un bogota** pour se rendre à un match de football.

Et ca Paye mieux aussi. Comme ça, on a de quoi bien s’habiller pour concurrencer les collègues, se sentir bien face aux clients et travailler dans de meilleures conditions...pour être plus productif quoi !.

Parce qu’en fin de compte, c’ est ça l’affaire. Nous améliorons nos conditions de vie pour être encore plus productifs. Comme quoi, la productivité vise moins l’amélioration du niveau de vie, que cette dernière cherche à augmenter notre productivité.

Tilou

* (bay blan an lè a) expression créole traduisant les heures de travail à respecter * * voiture en mauvais état

jeudi 6 mars 2008

Faciiiile!

Je critique souvent les scientifiques qui font preuve de condescendance envers les gens moins « connaisseurs» qu’eux. Je n’arrive toujours pas à accepter qu’une connaissance, aussi grande fusse-t-elle et en quelque domaine que ce soit, puisse apporter une quelconque supériorité.

Surtout qu’en réalité, les scientifiques ne savent pas grand-chose. Leur point fort, c’est de toujours chercher à faire dans le compliqué lorsqu’il existe un autre chemin bien plus facile.

Par exemple, pour savoir si une personne est prédisposée au diabète, les hommes de science n’ont rien trouvé de plus amusant que se lancer dans des affaires de «décryptage du génome humain» et «étude du patrimoine génétique». Opérations qui requièrent un temps fou.

Pourtant, l’astrologie, d’un simple coup d’œil dans le ciel, nous apprend l’avenir. C’est carrément fascinant ce qu’elle arrive à faire. Déduire, en se basant sur la position et le déplacement des astres, que, parce que je suis né en avril, je vais passer une heureuse première semaine de juin avec ma femme qui, elle, étant née en mars verra sa pire semaine de l’année se pointer au début de mois de…juin. Trop fort !

Je pense aussi à la panoplie de croyances classées honteusement aujourd’hui comme superstitieuses. Pauvres idiots va ! Ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Eux, ils vont dépenser une fortune pour se faire soigner d’une fièvre, d’une grippe ou d’un simple malaise. Moi, je suis les conseils de ma collègue : lorsque je suis constipé, il me suffit de tirer 7 fois mon oreille gauche vers le bas et... hop ! Tout est débloqué. Pratique hein!? Certes, je fais attention à ne pas trop souvent me retrouver dans cette situation de peur que mon oreille ne m’arrive aux épaules, mais c’est une technique qui vaut son pesant d’or.

Et puis, il y a aussi ces signes qui servent d’indices pour bien mener son quotidien. La main qui gratte pour avertir que l’on va encaisser de l’argent, le pied gauche qui heurte quelque chose pour annoncer un danger, se mordre la langue lorsqu’on est victime de ragots, etc.

Les scientifiques ont du pain sur la planche s’ils veulent rivaliser avec ça. Surtout qu’ils ne savent pas grand-chose, ces scientifiques. Ils s’obstinent à faire dans le compliqué alors que bien souvent tout est tellement plus faciiiile !

Tilou