vendredi 22 mai 2009

monnaies courantes

En Ayiti nous disposons de très peu d'argent mais de beaucoup de devises.

La Gourde est la monnaie reconnue par la Loi, mais elle est loin d'être la seule à parader sur la place.

Ces temps-ci, le Dollar américain lui fait de l'ombre. Il devient courant, même normal d'être facturé en grinbak par les commerçants et fournisseurs de services. Plusieurs entreprises, d'ailleurs, paient leurs employés dans cette devise.

Et le gouvernement, qui pourtant a pour devoir de faire respecter la loi s'y met aussi, notamment à l'aéroport de Port-au-Prince où certains frais sont perçus en dollars youwès.

L'utilisation du Dollar américain n'est cependant pas la plus intrigante. On peut très bien comprendre la préférence qui lui est accordée en tenant compte de l'instabilité du taux de change.

Il existe plusieurs autres devises qui, carrément, peuvent donner le tournis à un étranger.

D'abord le Dollar Ayitien, qui vaut 5 gourdes, est plus utilisé que toutes les autres. Même loin devant la Gourde. Pourtant il n'existe pas. Aucun billet ne mentionne « Dollar haïtien » Il n'a même jamais existé. C'est un vestige d'une époque très lointaine où 5 Gourdes s'échangeaient contre un Dollar américain. Et croyez-moi, le Dollar Ayitien a encore de longs jours à vivre.

Ensuite il y a le Adoken. Enfin…LES Adoken. Le gros Adoken qui vaut 5 gourdes et le petit Adoken, que je préfère appeler brik, qui vaut 1 Gourde. Mais ce n’est pas tant leurs valeurs qui font leur particularité, mais plutôt leur aspect.

Il y a enfin la devise cryptée. Celle qu’on utilise pour ne pas attirer l’attention. On l’appelle aussi Gourde. Plutôt Goud, en créole. Ne vous y fier pourtant pas : ça n’a rien à voir avec la monnaie nationale. Elle peut d’ailleurs faire référence au Dollar ayitien aussi bien qu’au Dollar américain. Mais avec la particularité de sous entendre les milliers ou les centaines.

Ainsi un type peut vous proposer 4 Goud pour sa voiture et un autre 4 Goud pour sa camera numérique. N’allez pas croire que les deux objets se valent. Le premier vous coûtera quatre mille Dollars américains tandis que le second, quatre cents Dollars ayitiens.

Vous voyez ? Si en Ayiti l’argent ne circule pas assez, les devises, elles, courent les rues.

Tilou

vendredi 15 mai 2009

Djaaa Rastafaraaaay!

Si beaucoup de gens méprisent le rastafarisme, c'est par peur et par ignorance.

D'abord, certains se contentent de l'apparence des adeptes pour s'en faire une opinion. Et l'apparence étant trompeuse, elle induit forcément en erreur.

Certes, les rastas, avec leurs «dread locks», ont un air de brocolis calcinés, mais c'est pour la bonne cause, pour l'équilibre de la planète. En effet, avec le déboisement que connaît la terre, il faut bien que la reforestation se fasse quelque part. Et même à bien observer leurs crinières, je me demande si certains d'entre eux, prenant le problème environnemental trop à cœur, ne s'y rajoutent pas un peu de fumier.

Le seul hic avec leurs coiffures (je ne suis vraiment pas sûr que ce mot convienne) c'est la chaleur que ça dégage. C'est de ce côté, peut-être qu'il faudrait rechercher la cause du réchauffement planétaire. Ah, oui! J'ai remarqué que la chaleur croissait avec le nombre de nouveaux rastas.

À part ça, il n'y a rien à craindre du rastafarisme. C'est d'ailleurs une religion comme beaucoup d'autres.

Elle a un dieu: Hailé Sélassié, le Ras Tafari. Elle à son Moïse, Marcus Garvey qu’on appelle d’ailleurs The Black Moses, et son messie, Bòz...euh, pardon!...Bob Marley.

Bon! Leur dieu, celui qu'ils appellent Jah, n'a pas voulu marcher dans l'affaire parce qu'il était chrétien orthodoxe (le traître).

Mais c'est pas grave. Ils se sont rabattus sur le messie. Bob Marley est donc devenu leur dieu. Exactement comme ça se passe aux États-Unis d'Amérique quand le président est empêché.

La place du messie étant donc vacante maintenant, il va falloir la combler avec un nouveau messie. Et quoi de mieux que s'inspirer d'une autre religion. Vous rappelez-vous l'annonciation, avec l'ange qui disait à Marie de ne pas avoir peur, etc.? Et bien les rastas ont voulu faire pareil. Mais comme ils n'avaient aucun tuyau sur qui cela pouvait être, ils ont fait une annonciation «plon gaye». C'est une chanson qui circulait sur les ondes et disant «kè kal manman, kè kal si pitit ou rasta». Pas mal hein!?

Et puis, ils ont leur repas sacré aussi. Non, ça n'a pas de levain. Ce n'est d'ailleurs pas du pain. C'est du ganja, du chanvre ou «pay» pour les initiés. Ç'est une aide à la méditation, disent-ils. Entre nous, ils doivent méditer seulement en altitude, puisqu'ils avouent qu'en en absorbant ils se sentent toujours «High».

Quoiqu'il en soit, le ganja, c'est leur meilleur atout. Si le rastafarisme prêche la fraternité, la sagesse et la simplicité COMME les autres religion, elle est la seule qui offre la High-attitude. Vous ne savez pas ce que c'est ?

Eh bien, après une bonne bouffée de ganja, vous mettez votre index et votre majeure en V et vous commencez vos phrases par «Peace» et les terminez par «dja rastafaray Ayile selasyay». hm ! Coooool.

Tilou

vendredi 8 mai 2009

Toc, à l'affiche!

Les événements sportifs se développent d’une façon assez curieuse.

Normalement, un match de foot ou de basket, est un spectacle. Donc, ceux qui viennent y assister paient leur place pour admirer une représentation. Exactement comme pour une pièce de théâtre. La seule différence est que, pour le sport, le jeu des acteurs est improvisé.

Et si une pièce de théâtre ou un cirque attire beaucoup de monde, c’est que le spectacle offert est jugé bon. Parce que si ce n’est pas le cas, l’événement n’intéressera pas grand monde.

Les événements sportifs ne semblent plus faire partie de cette catégorie. À écouter un chroniqueur, l’autre jour, j’ai eu l’impression que se rendre au stade pour suivre un match de foot relevait plus d’un geste de charité que de l’envie de voir le spectacle. Il exhortait ses auditeurs à ne pas abandonner le championnat national de football. Vous trouvez ça normal, vous ?

Imaginez-vous abordé en pleine rue par le propriétaire du bar d’en face qui vous supplie de venir acheter une de ses piquettes rien que pour lui éviter la faillite. Vous auriez sans doute raison de lui expliquer que c’est la mauvaise qualité des boissons qu’il propose qui cause sa faillite ; et non votre désintéressement au vin.

C’est exactement ce qu’il faudrait répondre à ceux qui se plaignent du désintéressement du public à nos matchs de foot.

Mais pour notre Sport-Roi, ça va plus loin encore. Payer pour un spectacle médiocre ne semblent manifestement pas assez. « Ayisyen pa konn sipote ekip, se lè ekip la ap mennen sèlman, oubyen lè li ap jwe byen ke li bat bravo ! » Là, sérieusement, je ne comprends pas. N’est pas normal d’applaudir ce qui est bien et de bouder le mauvais ? C’est le monde à l’envers.

Évidemment, je comprends qu’il puisse être bénéfique d’enhardir les joueurs lors d’une rencontre, comme cela se fait avec les applaudissements de débuts de représentation théâtrale, mais on ne saurait passer tout le match à « ponpe, chante, danse » alors que rien de ce qui est offert n’est plaisant.

Et puis, on en revient aussi trempé de sueur que les joueurs sur le terrain. Et beaucoup plus que ceux restés sur le banc de touche. Tiens ! Pourquoi ils n’encouragent pas leurs coéquipier, ceux-là ? Et je n’entends personne leur reprocher de rester de glace lorsque l’équipe perd hein !

Dans toute cette histoire, c’est le spectateur qui se fait arnaquer : Il se rend au stade, doit bosser encore plus dur que certains joueurs de l’équipe et il doit payer pour ça.

Tilou

vendredi 1 mai 2009

Deyò a pa gen anyen

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Assister à une réunion protestante peut être très déstabilisant.

Je m’y suis aventuré une fois et j’ai été traumatisé. Ce ne fut pas une messe. Ce terme est réservé, semble-t-il au catholicisme. Ce ne fut pas non plus leur « culte du dimanche ». Non. Ils appellent ça un « Jeune ». (Je me demande encore pourquoi).

Ça avait pourtant bien commencé.

Le pasteur après avoir lu…non, plutôt vociféré quelques versets de Psaumes, invita tout le monde à louer le Seigneur. L’Assistance se mit alors debout pour danser au rythme d’une musique entraînante et bien cadencée. Un ami qui m’accompagnait faillit enlever son maillot, par habitude du champs de mars, pour imiter la danse dite d’hélicoptère. Il commença même à chanter « chemiz anlè, chemiz anlè…»

Tout avait donc bien commencé.

Mais lorsque Pass..euh! pardon!...le pasteur invita les nouveaux convertis à venir témoigner, ce fut, en tout cas pour moi, la panique.

Le premier avoua avoir volé plus d’une trentaine de téléphones portables. Tout le monde applaudit.

Le second, employé des douanes, s’accusa d’avoir détourné une somme d'argent lui ayant permis de bâtir sa maison. On applaudit plus fort. Un autre reconnut qu’il était coupable d’avoir mangé, lougaroument, près d’une douzaine de bébés. Plus c'était grave, plus on applaudissait.

Je compris alors l’assurance d’aller au paradis dont font étalage les protestants. À écouter ces témoignages-là, ceux-là qui n’offensent Dieu qu’en mentant doivent finir par se prendre pour des saints.

Dire que les protestants trouvent bizarre la confession des Catholiques! Ils font pareille pourtant. À la seule différence que toute l'assemblée est invitée au confessionnal. Oh! il y a aussi, qu'ils n'ont pas de pénitence. C'est marrant non!? On vole, on vient l'avouer sur l'estrade et on est blanchi. Parce que je n'ai entendu aucun d' entre eux dire s'il avait remis les objets volés ou réparé le tort causé. En fin de compte, c'est peut-être le seul endroit ou rien de ce que vous dites ne peut être retenu contre vous.

Lorsque mon ami se leva pour aller témoigner. J’ai eu envie de déguerpir. Je priai Dieu qu’il n’avoue pas qu’il était policier. Vous imaginez que ce serait comme dans ces films d’Hollywood, où un infiltré se démasque soudain et déclare à la bande de mafiosi qui l’entourent : «Police, je vous arrête!». Ces scènes-là finissent toujours en bain de sang.

En tout cas, je vous le dis, heureusement que nous avons les protestants! Si ceux qu’ils réussissent à recruter…euh, pardon!...convertir se retrouvaient « deyò a », en plus de ceux qui le sont déjà, ça serait peut-être l’enfer.

Tilou
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