vendredi 30 avril 2010

Église de Dieu...S.A.?

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Les ONG, malgré ce que l'on pourrait croire, n'ont pas inventé la manœuvre de s'enrichir par le biais d'une entreprise à but non lucratif. L'église est, après le gouvernement, de loin pionnière, dans ce domaine.

La dîme n'étant pas toujours utilisée aux fins avouées, il a toujours été de coutume que certains prêtes et pasteurs se donnent à cœur joie dans le détournement de l'argent de l'église. Bon, il faut dire aussi que certains slogans les ont un peu troublés.

Cette affaire « Legliz se nou, nou se legliz » que l'on scandait à longueur de journée n'était pas pour arranger la chose. (Si legliz se yo, lajan legliz se lajan yo.)

Les plus intelligents au cours de l'histoire furent ceux-là qui vécurent avant le grand schisme entre les catholiques et les protestants.

Demander aux fidèles de payer pour recevoir bénédictions, pardon et autres gratuités du Seigneur... ça, il fallait la trouver! Là, encore, ils étaient pardonnables. C'est dans les évangiles que j'ai trouvé l'explication.

Vous vous rappelez de la parabole où le maître se met en colère contre le serviteur qui n'avait pas su faire fructifier son argent? Eh bien nos prêtres ont dû penser que si Dieu leur avait donné la charge d'administrer son Entreprise...euh pardon, son Église, c'est qu'Il voulait plus de rentabilité mais qu'Il ne devait pas être top calé en gestion.

Mais attention. Si dans le passé, les chefs d'église ont vraiment fait fort, notamment avec une période où on a eu droit à quatre Papes en même temps, ceux d'aujourd'hui ne s'en tirent pas trop mal.

Les Protestants ont inspiré les nouvelles ONG dans la pratique d'avoir un « BLAN » pour visiter le peuple de temps à autre et, surtout, pour envoyer « grinbak » et autres « kenkenn » depuis l'Étranger.

Les catholiques continuent de réclamer de l'argent pour citer le nom du donateur, ou celui choisi par ce dernier, à l'autel, en pleine messe. Un jour, qui sait, on ne s'étonnera pas de voir un prêtre, inspiré par nos animateurs d'émission musicale, crié en pleine Action de Grâce: « Allo Untel, legliz la se legliz ou l' ye wi!...kite l' mache… »

Déjà que maintenant, pour l'enregistrement d'un mariage, c'est un menu qui est présenté. Sans rire hein. C'est comme au restaurant:
  • Messe 1 heure de temps X gourdes
  • 2 heures, X gourdes et demi
  • 3 heures, 2 X gourdes, etc.
Carrément du sacrement en gros et au détail.

Pourtant, vous savez, loin de me faire prendre la position de ne pas croire en Dieu ou de renier la Sainte Église, ces expériences-là me font réaliser à quel point le Seigneur est tout-puissant et qu'il veille sur son Église.

En effet, si cela dépendait des hommes, il y a longtemps que cette institution n'existerait plus.

tilou

vendredi 23 avril 2010

kòm se nou...!

Il semblerait qu’à une époque, tous les chemins menaient à Rome. Et bien, ces temps ne sont plus : Maintenant, même en prenant le même chemin, on n’et pas certain d’arriver au même endroit.

Ayiti a emprunté les mêmes chemins que Les États-Unis d’Amérique. Même que nous nous y tenons mieux qu’eux. Pourtant, il n’est pas nécessaire d’être Docteur en Sociologie, Économie ou autre discipline « save » du genre pour comprendre que nous obtenons des résultats différents.

Dans le domaine de la Justice, les Américains sont passés maîtres de la libération sous caution. Celui qui viole une femme, abuse d’un enfant ou braque une banque pourra dans bien des cas ne pas séjourner en prison, moyennant une somme que lui annoncera le juge du procès.

Quand nous faisons pareil en Ayiti, ça nous vaut une première place dans le tableau des pays où règne la corruption.

Les USA prônent, mais vraiment de toutes leurs forces, l’économie de marché : Un produit n’a aucune valeur fixe. Le prix d’un produit ne doit être arrêté par aucune instance. Seul le marché, selon la loi de l’offre et de la demande, décide du montant contre lequel il s’échange. Les économistes (capitalistes) ne jurent que par cela.

Mais quand en Ayiti, certains vendent le gallon d’essence trois fois le prix à la pompe parce qu’ON a oublié de commander de l’étranger et que l’acheteur accepte d’y mettre le prix, on crie « bare vòlè ». Quand je préfère me fournir chez Ti Louis qui offre ces CD à 5 fois moins chers que les disquaires, avec possibilité de retour en cas de défauts; et qui en plus est installé sur le trottoir juste en face de mon bureau, on m’accuse d’encourager le piratage.

J’entends souvent dire des États-Unis que c’est une société ou chacun peut réussir. Illettré, miséreux, handicapé ou attardé, la réussite est toujours possible.

Quand nous-mêmes donnons l’exemple que même sans aucune qualité ou compétence, on peut accéder aux plus hautes marches du Pays, on nous accuse de ne pas savoir choisir. (Toute ressemblance, de loin ou de près ou même de très près, avec une personne existante n’est que pure hasard ;).

Finalement, La Fontaine n’avait pas tort : Puissants ou misérables, les jugements nous rendent blancs ou noirs.

Tilou

vendredi 16 avril 2010

Os, Senseï !

Vous savez à quoi servent les cours de Karaté? Á se transformer en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus).

Je n'étais pas trop enthousiaste lorsque mon épouse proposa de faire suivre des cours de karaté à notre fils. Mais, elle insista tellement que j'acceptai. Et après 2 séances auxquelles j'assistai, j'avoue aujourd'hui que c'est une bonne expérience.

C'est là que je compris vraiment l'utilité de tels cours. (Et puis, ça ma offert le sujet d'un billet ki pap fè m' merite baton).

D'abord, on y parle Japonais: (ou Chinois, je ne sais plus)

Les profs sont appelés Senseï. Ça signifie probablement "Prof", ou "maître" en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus) mais ça met tout de suite dans le bain. C'est comme le "coach" en basket-ball.

On se met aussi en tenue Japonaise d'antan (ou chinoise, je ne sais plus) et on compte même en Japonais (ou chinois, je ne sais plus). Au lieu de "un, deux, trois,...", c'est plutôt "itch, nï, sahn,...".

De temps à autre l'un des senseï vocifère d'autres mots en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus) auxquels les Karateka répondent, en vociférant également: "KÏA!!". Si c'est après la maque de voiture qu'ils en ont, ils doivent vraiment lui en vouloir, tant ils paraissent déterminés.

Évidemment, j'étais un peu mal à l'aise à transformer mon fils en une sorte de brigand qui taperait sur tout ce qui lui tomberait sous la main. Un Senseï m'a alors expliqué que le Karaté préchait avant tout la non-violence. Que les cours de karaté n'étaient que pour apprendre à se défendre. Bon, c'est vrai qu'à notre façon de nous battre en Ayiti, ça ne servira pas à grand chose. Mais avec les débarquements de ces différentes nations depuis le séisme, on ne sait jamais quand on sera attaqué par un Japonais (ou un Chinois? Peut-être que là, ça serait utile de savoir).

Le seul problème, c'est notre couleur de peau. Les profs ont beau être des Senseï, compter "itch, nï, san...", porter le kimono et faire du karaté, il sera toujours difficile de faire passer un Noir pour un Japonais (ou un Chinois, je ne sais plus).

Peut-être devraient-ils intégrer des séances de maquillage à la "medam bobistò". Ça ne sera pas parfait, mais ce sera un plus. Et surtout un sacrifice à faire pour ressembler à un Japonais (ou un Chinois, je ne sais plus); à supposer que se soit le but.

Enfin, ça ne peut être que ça, sinon la logique de toute cette façon de faire ne serait pour moi que du Chinois (ou du Japonais, mais là, c'est pareil).

Tilou

vendredi 9 avril 2010

ONG

L'avenir des Ayitiens semble voué à dépendre de plus en plus des O.N.G. On n'entend plus parler que de ça. Dans les rues, on ne voit que ça. Les hommes politiques ne se plaignent que de ça.

Pourtant, c'est une manne pour le pays, je vous dis. D'ailleurs, il y a longtemps qu'Ayiti n'existerait plus s'il n'y avait pas eu les ONG.

Bon, il est vrai que la dénomination paraît bizarre."Organisation Non Gouvernementale". C'est à se demander en quoi les opérateurs téléphoniques ou les concessionnaires d'automobiles sont plus gouvernementales que nos ONG. Mais c'est qu'étant là où le gouvernement est absent (leur nombre renseignerait-il donc sur la présence du gouvernement?)Et devant donc faire le boulot à sa place, on a souvent envie de les confondre (nan tou 2 sans yo); il faut bien s'assurer d'éviter la méprise.

On leur reproche aussi de travailler chacun dans leurs coins, sans suivre des directives des entités étatiques. Quelle mauvaise foi! Leur fonctionnement n'est-il pas la reproduction exacte des travailleuses de la voirie? Ne prétendez pas n'avoir rien remarqué. Depuis le séisme on n'a droit qu'à ce spectacle: une demi-cinquantaine (je ne voyais pas d'autre moyens d'arriver à cinquante :) de dames balayant 3 mètres carrées de surface. Et si le travail des ONG ne semble pas rendre, les rues ne sont pas mois sales non plus.

Et puis, ne distribuer à la communauté que 1% de la somme récoltée en son nom, c'est quand même être plus charitable que le gouvernement.

En plus, les ONG créent des emplois (1-0 pou yo), fait vendre beaucoup de voitures (la a, gouvènman an pa pè. 2-1), dressent beaucoup de rapports (ah, ça ne compte pas puisqu’il n'y a pas plus de transparence pour autant, toujou 2-1).

Une autre différence entre l'État et les ONG, c'est leurs locaux. Ces derniers ont les leurs plus propres. À part la comptabilité, bien entendu. Parce que quant à la corruption, ça joue serré entre eux. Si pour le gouvernement c'est brutal, nos ONG donnent plus dans la finesse: Ça permet à des étrangers de donner dans l'évasion fiscales et à leurs dirigeants de disposer de beaucoup d'argent sans avoir à en rendre compte. Cool, non?! Et bien plus pratique que l'État où avant même de rentrer en fonction, on est qualifié de voleur. Ici, on peut voler en restant respectable.

Hmm! Ce que j'aimerais en ouvrir une, d'ONG! Quelle trouvaille hein!?, Une entreprise à but non lucratif et qui fait rentrer des sommes incontrôlables.

Tilou

PS: Peut-être que tous les ONG ne sont pas à mettre dans le même panier, mais trouver les exceptions peut relever de l'exploit.

vendredi 2 avril 2010

Oui, Chef!

J’entends souvent parler du «rêve américain». Je ne suis pas sûr de ce que c’est, mais je crois qu’il est question de maison, de voiture, de famille et de paisible retraite. Je ne voyais pas en quoi ce ne fusse pas aussi celui des Ayitiens jusqu’à ce que je découvre ce dont la majorité de mes compatriotes rêvent vraiment: Le pouvoir! (Et plus ses privilèges que ses responsabilités)

Nos femmes et hommes politiques sont les plus sans gênes. Aucune honte à témoigner de leurs aspirations. Chacun veut être LE chef, lorsque ce n’est pas carrément LE SEUL chef. On en a vu hein des coalitions, des regroupements et des plateformes se scinder en autant de morceaux que de membres à l’approche d’élections; parce qu’aucun de ces leaders (qui, en fait, ne «lead» rien ni personne) ne consentait à laisser à un autre la place du Chef.

Mais ils ne sont pas les seuls à rêver de jouir d’une position de «Chef!» J’appelle ça la maladie de la Chefté. C’est quelque chose que nous semblons avoir dans le sang. Tous les jours et partout, nous en faisons preuve.

Les serveurs, dans les pompes à essence s’en donnent à cœur joie quand il y a pénurie. Ils font l’important, boudent et desserrent à peine les dents pour lâcher au pauvre conducteur les suppliant depuis quelques moments de lui éviter la panne : «Pa gen Gaz». Là, c’est lui le Chef.

Le conducteur de voiture publique affectionne les jours où les «occasions» se font rares. Pas seulement parce qu’il a moins de difficulté à remplir son bus, mais parce qu’il peut exercer sa «chefté». Ne se satisfaisant pas de pouvoir monter le prix de la course à sa guise, il répond à qui il veut et sur le ton qui lui fait plaisir; tout prêt à gueuler à ceux déjà dans la voiture «Nou met desann, mwen pa pwale ankò!». Peut-on être plus Chef!?

Mais la petite dame qui vient d’être victime de la chefté de ce conducteur aura vite sa revanche sur les clients de la banque où elle travaille. Chargée de la clientèle, elle choisira ceux à qui sourire, ceux qu’il faudra faire attendre,…ne se rendant même pas compte que son comportement est le même que celui du chauffeur qu’elle maudissait il y a moins d’une heure.

Et ça continue…La boucle ne se boucle jamais, chacun trouvant un esclave de qui être le commandeur et s'évertuant à bien lui montrer qui a besoin de l'autre. Et c’est tout le pays qui vit au rythme de ce refrain des protestants : Mwen se chèf, Ou se chèf, Se sa k’ap kraze peyi a…Ou se chèf, Mwen se chèf…

Tilou