jeudi 16 septembre 2010

Hot Sale !

Souvent, on entend les gens se plaindre de la déchéance de la société Ayitienne. La morale, les coutumes, le « coumbite ». Tout cela semble s’être évanoui.

Il y a pourtant de nouvelles habitudes qui voient le jour. Par exemple, notre nouveau regard sur l’argent.

Depuis quelques temps, j’ai remarqué que certains avaient, tout le temps, quelque chose à vendre: un téléphone portable, un ordinateur, une paire de lunettes, des souliers, une voiture etc.

Je ne parle pas de commerçants professionnels qui investissent en constituant un stock puis qui cherchent à en tirer légitimement un bénéfice. Non.

Je parle plutôt de ces amis, contacts et connaissances qui, comme passe-temps, ont toujours un « deal cho» à nous offrir. «Brasseurs» qu’on les appelle. On n’est jamais sûr de la provenance de la marchandise. C’est toujours soit un envoi d’un cousin de l’étranger, soit un ancien article dont ils ne veulent plus. Il est plausible aussi de penser que c’est peut-être un produit volé qu’ils essaient de nous refourguer ;)

Mais il y a aussi le commerçant qui n’a pas de marchandise. Celui-là, on l’appelle «raketteur». Il est à l’affût de toute transaction possible pour s’interposer et en tirer quelque chose.

Il est marchand de tout ce qui se vend, au moment où il connait quelqu’un qui en a à vendre, fournisseur de tout service au moment où il lui est possible de l’offrir. S’il est régulièrement employé d’une compagnie de téléphone, il offrira à tous ses proches de leur apporter les services et transactions à domiciles. Charitable, vous dites? Mais son intérêt est d’augmenter le tarif régulier de quelques gourdes qui finiront dans sa poche. Si l'un de ses amis a un soulier à vendre et qu’un autre en a besoin, il ne les mettra jamais en contact. Non! Il proposera au second de lui en vendre à un coût plus élevé que celui demandé par le vendeur.

Même que maintenant, tout cela a influencé tout le monde. Nous avons tous, ou presque, toujours quelque chose à vendre: un vieux livre, une robe que l’on ne porte plus, etc. Nous sommes devenus un peuple au réflexe commercial.

Même nos enfants, maintenant, veulent être rémunérés pour participer aux travaux de la maison. Il paraît que c’est très bien d’apprendre à nos innocents qu’ils doivent travailler pour gagner leur argent. (seeee sa!)

Bon, c’est vrai qu’avec tout cela, la charité chrétienne en prend un coup et le bon samaritain n’a plus qu’à aller se faire voir, mais, c’est comme ça : tout 100 gourdes en plus est bon à prendre!

Tilou

vendredi 10 septembre 2010

Amour du pays !

Depuis quelques années, on n’enseigne plus le civisme dans nos écoles, en Ayiti. Certes, certains établissements, certains professeurs se font encore le devoir de transmettre un peu d’attachement au pays à leurs élèves. Mais cela reste exceptionnel et relève surtout de leur bon vouloir.

Évidemment, les conséquences sont là. Les jeunes et adultes d’aujourd’hui n’ont pas pour première préoccupation l’honneur ou la sauvegarde de la nation. Et cela, on le voit : Nos langues, nos mets, nos habitudes, nos musiques, nos images…toute notre culture s’efface devant l’adoption facile de tout ce qui vient d’ailleurs.

L’autre jour, une dame fit une déclaration qui me troubla : « Mwen pa konn sa blan yo ap tann pou yo pran peyi sa a non. O mwen moun a sispann mouri gragou e peyi a a manyè pwòp! »

Comment quelqu’un peut-il, sans être poussé par l’alcool ou la folie, parler ainsi ? Koumanman ! kòmsi, se nan eta sa a nou rive !?

Collabo, je dis ! C’est ainsi que les français ont désigné ceux d’entre eux qui s’étaient soumis aux nazis au lieu de leur faire face. Vous imaginez donc mon indignation.

Mais en y repensant, je me dis finalement que cette amie mérite peut-être une récompense ; même une médaille. Tiens, on devrait la décorer de l’ordre du Chevalier de la Nation. Pourquoi ? Mais pour son patriotisme, pardi !

A bien réfléchir, si notre culture et notre civisme foutent le camp, peut-on en rendre responsable ceux à qui on ne les a pas transmis ?

Les « mélomanes-granmoun » qui rugissent contre le manque d’intérêt des « timoun-bredjenn» pour la musique « de qualité » n’ont jamais pris le temps d’amener notre musique aux jeunes. N’interdisent-ils pas, le plus souvent, aux plus jeunes de toucher aux « cd de papa » ?

Les mères se désolent que leurs filles ne soient pas aussi bonnes cuisinières qu’elles. Mais avaient-elles pris le temps de le leur enseigner, comme elles en avaient bénéficié de leurs propres aïeules ?

Non.

Et si l’histoire valeureuse de notre pays et de nos héros échappent à notre peuple aujourd’hui, c’est parce qu’on ne la lui a pas apprise comme il le fallait. On n’en entend parler que lorsque quelques rares politiciens s’en servent pour assouvir leur propre soif.

C’est exactement ce qu’ils font en parlant de Nationalisme. « Ayiti aux Ayitiens », C’est la seule chose qu’ils retiennent de Dessalines. Le bien-être de la nation leur a échappé. « Non aux blancs» clament ces apatrides lorsque le blanc en question n’est pas de leur côté.

Et finalement, cette dame qui semblait dire « oui aux blancs » n’exprimait que son ras-le-bol de voir son pays aussi meurtri et sali. Elle en avait marre de voir souffrir ce peuple que tant d’oppresseurs locaux disaient affectionner. Si elle semblait antinationaliste, c'est par amour du pays. Son cri n’était finalement qu’un cri d’amour pour sa terre. Un cri qui peut se traduire par : Ayiti d’abord !

Tilou

jeudi 2 septembre 2010

conspiration !

Vous avez sans doute déjà entendu parler des conspirationnistes. C’est des gens qui cherchent toujours les causes et le dénouement des événements dans un plan orchestré secrètement par des groupes puissants, souvent les gouvernements des grandes puissances.

Mais les conspirationnistes ne se limitent pas à ce qui se dit. Ils dénoncent aussi ce qui leur est présenté.

Par exemple, pour plus d’un, la coupe du monde de football est truquée, Neil Armstrong n’a jamais mis un pied sur la lune; Adolph Hitler, Elvis Presley et Michael Jackson ne sont pas mort. En tout cas, pas quand et où on se plait à le dire; etc.

Et puis, cela va plus loin. Il y a aussi (toujou dapre yo wi! Pa antrave m’) des complots encore plus macabres : Le séisme du 12 janvier est amputable aux USA, l’attaque contre les tours du worldTrade Center a été planifié par les américains, eux-mêmes, etc.

Nous en avons hein, des comme ça, qui prennent pour preuve de ce qu’ils avancent le fait que le gouvernement annonce le contraire ;)

En Ayiti, nous en sommes passés maîtres.

Des phrases comme « tout nèg politik yo se vòlè » s’entendent à longueur de journée (et partout sur le web). On raconte, comme si on y était, comment, où et quel était l’objet du vol de chaque coupable.

Pourtant, quand est posée la question « kijan ou fè konn sa » on en revient toujours au « se sa m’toujou tande ». Parce qu’en réalité, nous n’en savons strictement rien! À part peut-être ce qui nous a été raconté par un tiers pas du tout digne de confiance ;)

Et ce qui est cocasse dans cette démarche, c’est qu’elle favorise la conspiration.

Mais oui! En prenant l’habitude de toujours entretenir les accusations non fondées et les théories conspirationnistes et en mettant tout le monde dans le panier des voleurs, on n’en arrive qu’à cacher les vrais voleurs. Exactement comme la foule de citoyens honnêtes déambulant dans la rue cache le fugitif poursuivit par la police.

Hmm! C’est à se demander si nous ne nous prêtons pas à ce jeu pour justifier nos fraudes à venir.

Alors, moi, pour éviter ça, je conspire! Dès qu’une rumeur se fait insistante, je n’y crois plus.

Par exemple, quand j’étais petit, tout le monde parlait du BonDieu, je n’y prêtais pas trop attention. Une fois qu’on a commencé à dire qu’il n’existait pas, je me suis mis à y croire.

Je pensais que la diaspora voulait aider à reconstruire le pays. Maintenant qu’elle dit vouloir le faire, je n’y crois plus.

Je me disais bien que de bonnes élections seraient organisées pour la fin de l’année. Maintenant que tout le monde en parle, je n’y crois plus.

Tilou