vendredi 2 octobre 2009

Ça ne se discute pas!

J’ai toujours contesté le bien fondé du proverbe «les goûts et les couleurs ne se discutent pas». Pour moi, ce n’était vrai qu’à moitié.
Ça m’a toujours semblé évident pour la première partie du sujet dans la phrase. Chacun a ses propres goûts. Et il n’y a pas trop à chicaner sur les préférences de qui que ce soit. Libre à certains de préférer vivre à la montagne et à d’autres de se sentir plus à l’aise au bord de la mer.
Cependant, pour ce qu’il en est des couleurs, je ne comprends pas comment ça s’est retrouvé dans le proverbe. Une couleur précise n’est autre que cette couleur-là ! Si c’est bleu, ce n’est pas vert. Si c’est vert, ce n’est pas bleu. Si c’est bleu-vert, ce n’est ni bleu ni vert. C’est bleu-vert!
Oui, évidemment que chacun à le droit à une couleur préférée! Être plus attiré par le noir, le bleu ou quelle qu’autre couleur n’a pas à être discuté, on est tous d’accord.
Mais n’est-ce pas encore une question de goût? N’est-ce pas de même que préférer telle saveur à telle autre ? …telle senteur à telle autre? Dans ce cas, pourquoi souligner le domaine des couleurs ? Pourquoi ce n’est pas «Les goûts et les odeurs…»?
Alors, c’est dans la cuisine ayitienne que j’ai trouvé le bien fondé de cette précision.
Vous croyez bien connaître les couleurs ? Vous êtes sûrs de ce que sont les couleurs blanche, noire, jaune, rouge…(seesaa!) Allez donc observer le pois rouge, le riz jaune, le sucre rouge, le pois blanc…Rien à voir avec ce qu’on nous explique au jardin d’enfants. Aussi, chaque fois que je me retrouve à table avec ma mère, j’essaie de soulever le problème (parce que j’aurais bien aimé comprendre, moi!). Elle m’ordonne toujours d’arrêter la discussion. (Ah! nou konprann provèb la kounye a!?)
Et même que je me suis rendu compte qu’il n’est pas complet, le proverbe. On devrait plutôt opter pour : «Les goûts, les couleurs et les mesures ne se discutent plus». Mais oui. Un gallon d’essence n’est pas forcément 3, 78 litres. Ça dépend de la station qui vous la vend. Et dans la même station, il se peut que cela dépende aussi du pompiste que vous rencontrez.
Il y a aussi cette unité de mesure ayitienne: la marmite. Il y a la grosse et la petite. Cependant, une même marmite, non plus, n’a pas toujours la même mesure. Ça dépend de ce qu’elle contient. J’ai appris ça de ma mère. Et elle a mis du temps à me le faire comprendre hein ! Lorsqu’elle m’envoyait chercher une marmite de riz, je la rapportais bien pleine à ras bord. Elle se faisait toujours un sang d’encre pour m’expliquer que «li pa rive yon ti mamit». Parce qu’il fallait pour ça que j’y rajoute le «tillon», cette espèce de dune qui doit dépasser le contenant.
Eh bien, c’est le jour où elle me demanda de lui rapporter une marmite d’eau que je compris que la marmite en question n’était pas un volume fixe. Je ne lui en parlai même pas.
Parce qu’il n’y a pas que les goûts qu’on ne discute pas.
Tilou

1 commentaire:

  1. Tu oublies une chose:"Tu es en Haiti". Rien ne se fait a la normale mon cher Tilou. Donc je suis d'accord avec TON proverbe "les gouts, les couleurs et les mesures ne se discutent pas". Mais ajoute aussi en Haiti.LOL

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