vendredi 26 juin 2009

Étape par étape...

La tendance, ces jours-ci, est à penser que, le niveau scolaire ayant chuté, les jeunes sont moins intelligents. Je n'en suis pas convaincu.

Certes, les écoliers sont moins aptes à résoudre un problème mathématique ou même à comprendre le message porté par un texte.

Mais ne vous méprenez pas. Ils accomplissent des exploits inimaginables et insoupçonnables.

Les fêtes de graduation, par exemple. Les écoliers en classe de terminale réussissent à se procurer un bon nombre de cadeaux à l'occasion des fêtes de graduation. Leur truc: se choisir, chacun, un parrain et une marraine.

Fini cette histoire de parrain ou marraine de promotion, se croyant un modèle et qui venait discourir sans rien apporter (Enfin, ils payaient la salle de cérémonie et le goûter, mais ça ne profitait pas aux poches des écoliers). Maintenant, place à ceux et celles qui n'arrivent pas les mains vides.

Attention, il ne leur est rien demandé. C'est même moins fatigant que lors d'un baptême où parrain et marraine sont contraints de faire écho au prêtre, répétant une tonne de "oui, j'accepte" et de "je renonce".

Là, rien à dire. Rien à faire. Et en fin de compte, on ne comprend vraiment pas de quoi, de qui, pourquoi on est parrain ou marraine.

Toutefois, vous vous sentez toujours obligé d'arriver avec en main un «p'tit quelque chose.»(Pas trop petit quand même).

Vu le nombre de paquets reçus par certains gradués, ils doivent avoir plusieurs parrains et marraine.

Même que je soupçonne certains de reprendre l'année rien que pour revivre la graduation. Tiens! Ça expliquerait le taux élevé d'échec aux examens de la philo!?.

Quand je pose la question de la raison d’être de la cérémonie de graduation (y compris celle des jardins d’enfants), les concernés me rétorquent que c’est pour maquer le passage d’une étape à l’autre.

Oh ! Les rusés ! Oh ! Les finauds !

Ils doivent sans doute planifier 3 ou 4 graduations par année. Mais oui. Parce que depuis qu’il n’existe plus les Trimestres, on ne parle plus que d’étapes. Et s’il faut célébrer chaque changement d’étape…

Tilou

vendredi 19 juin 2009

Fraude sans fraudeur

Commentant les problèmes du pays, j’entends souvent dire qu’il faut une prise de conscience, que nous devons tous faire notre (ou nos) Mea Culpa pour repartir d’un bon pied.

Bon, ce n’est pas une mauvaise chose que ceux qui aient quelque chose à se reprocher se repentissent et décident d’agir différemment. Nul doute que le pays en profiterait grandement.

Cependant, cette tendance à mettre tout le monde dans le même lot est inacceptable. Ce discours du « nou tout koupab » est même dangereux.

D’abord parce que c’est inexact. Tout le monde n’est pas coupable ! Personnellement, je ne vois pas en quoi j’ai contribué aux malheurs d’Ayiti. Pas seulement moi, d’ailleurs. Je connais pas mal de personnes qui paient leurs impôts, se rendent aux urnes et veillent à ne pas salir les villes et aident leurs concitoyens du mieux qu’elles peuvent. Prétendre que « Nou tout koupab » c’est témoigner de l’irrespect envers celles-là.

Ensuite, parce que ce discours, au lieu d’aboutir à une prise de conscience réelle des autres qui contribuent à dégrader la nation, ne fait que les conforter dans leurs attitudes. Ce langage n’étant qu’une arme qu’utilisent les lâches hypocrites pour ne pas se mouiller.

Ils sont au courant de toutes les magouilles, des moindres détails des magouilles, mais n’accusent toujours qu’au sens large. Lorsqu’il s’agit d’un scandale au Sénat, ils certifient sur les ondes que les sénateurs sont corrompus, mais prennent toujours les soins de ne nommer personne et, surtout, de disculper ceux qui les accompagnent sur le plateau.

Ainsi donc, il fait bon vivre pour les pillards. Ils ne sont jamais pointés du doigt. On dénonce l’action en protégeant l’acteur. On protège l’acteur en accusant tout le monde. Le discours paraît sensé mais il ne sert à rien. Et il ne servira à rien jusqu’à ce que le fraudeur soit dénoncé et sanctionné aussi sévèrement que l’est la fraude.

Tilou

vendredi 5 juin 2009

Heureux comme un mort ?


J'ai fini par comprendre pourquoi le monde empirait, pourquoi les mœurs se dégradaient. C'est parce que les bonnes personnes vivaient moins longtemps que les méchantes.

Comment le sais-je?

Bon, je ne vais pas vous mentir en prétendant que cela me vient d'une enquête scientifique. C'est plutôt en assistant à quelques funérailles que je m'en suis fait une conviction.

Les homélies du pasteur ou du prêtre tournent toujours autour des grandes qualités (beaucoup de grandes qualités) dont a fait preuve le défunt.

« C'était un homme charitable. Ceux qui l'ont connu vous diront combien il était honnête, respectueux, avait un grand cœur.» etc. Si le défunt avait une famille, c'était immanquablement un bon père et un merveilleux époux.

Le célébrant ne peut être tenu coupable pour ces appréciations. Le plus souvent il se contente de reprendre ce qu'il appris de la famille endeuillée.

L'admiration témoignée aux défunts va plus loin encore. On se démène pour leur apporter ce dont on ne leur offrirait même pas le dixième de leur vivant. Par exemple certains qui réussissaient à peine à se nourrir obtiennent des funérailles coûtant des sommes qu'ils n'avaient jamais espéré compter de leur existence terrestre.

Bon, je conçois bien que l'on tienne à rendre un dernier hommage à un proche disparu et que l'on veuille qu'il s'en aille dans la dignité. Mais cela a-t-il encore un sens lorsqu'aucun effort n'avait jamais été tenté pour éviter ce départ?

Enfin de compte, je me demande pourquoi on a si peur de mourir, pourquoi s'accroche-t-on autant à la vie... parce que le défunt à tout pour lui: les meilleures qualités du monde, point de soucis et des amis et de la famille parés à s'endetter pour lui. Exactement ce dont rêvent les vivants.

...Et finalement, notre quête de bien vivre ne peut-elle pas se résumer à vouloir accéder aux privilèges réservés aux morts?

Tilou