samedi 8 octobre 2011

Oh l'artiste!

 
On nous avait promis le changement, eh bien on le sent déjà, le changement.
 
Bon, les chemins sont encore troués; les tentes, encore sur la place du champs-de-mars; la reconstruction n’a toujours pas commencé (enfin, ça dépend aussi de la reconstruction en question); les grosses voitures de luxe du gouvernement illuminent encore nos petites routes; le gouvernement, toujours pas installé…
 
Mais, ça vient :
 
D’abord, La Minustha ne veut plus rester. Maintenant c’est le président qui leur supplie de continuer à le stabiliser.
 
Ensuite, l’école « gratis » a commencé. Pas encore pour tout le monde, mais c’est un début.
 
Enfin (et surtout), la campagne continue. Et là, vraiment, c’est super !
 
Quand à un président qui ne parlait pas, ne se montrait pas et ne souriait pas, succède un autre qui monopolise le devant de la scène, c’est quand même à souligner non ?
 
Notre président n’a pas trouvé de meilleur moyen de rester près de son peuple, ou présent dans son esprit, que de transformer la Capitale (paske se la mwen konnen) en une véritable galerie de photos. Ses propres photos.
 
Et en plus, c’est artistique : on ne comprend même pas trop le message. Certaines affiches montrent le président avec vieille femme de condition visiblement modeste, et un texte dit : « Viktwa a se pou pèp la » (Si vous essayez de trouver une explication, allez-y, pendant ce temps, je continue...).
 
Certaines autres sont plus banales. Par exemple celles qui affichent le même texte mais avec 3 fillettes en route pour l’école. On comprend trop bien que c’est une publicité pour l’école « gratis » que promet le président. Et le texte « Vitwa pou pèp la », cette fois prend tout son sens. Heureusement que le président n’a pas oublié d’y ajouter sa photo. J’adore tellement son sourire… (Ben quoi, je préfère le voir sourire que l’entendre parler).
 
En tout cas, les affiches à chaque coin de rue ne le satisfont pas. Il y a aussi un bus camouflé d’images (deviner de qui ?) qui joue à fond la musique « Viktwa pou pèp la ! » (mwen komanse panse sérieusement se pwal refrain kanaval 2012 Sweet Micky a). De temps à autre, un « MC »  interrompt la musique pour crier « N’ap di Prezidan an mesi pou lekòl gratis ! »
 
Oui, c’est bizarre de dépenser autant d’argent pour…rien. Mais, c’est cela, l’art. Bien souvent, l’artiste est le seul à vraiment comprendre son œuvre.
 
Et dans ce sens-là, le changement apporté par le président est bel et bien une œuvre d’art.
 
Tilou
 

vendredi 30 septembre 2011

Point de vue


Aviez-vous remarqué comme la relativité était présente dans notre quotidien?

Bon oui, je sais qu'il n'échappe à personne que tout n'a pas la même valeur pour tout le monde.

Certains trouvent que l'instruction est importante et encouragent les actions qui permettent aux jeunes d'accéder aux salles de classes. D’autres préfèrent investir dans les journées RAP  et autres bals où la marijuana est servie comme plat du jour (ou de nuit, plus précisément).

Certains encore, pensent que les postes électifs devraient être respectés et occupés par les plus qualifiés. D'autres ne voient qu'une position avantageuse et, égoïstement ou naïvement, ils y mettent n'importe qui.

Nous sommes donc tous d'accord tout le monde n’a pas le même regard sur tout.

Cependant, la relativité dont je parle concerne plutôt les regards diamétralement opposés qu'une même personne peut avoir sur un même sujet.

La gouvernance par exemple. À chaque élection, tous nos candidats se tuent à nous expliquer comme il convient de faire autrement que les dirigeants en place. Que le gouvernement ne fait rien, que la Minustha doit partir. Mais, ne sont-ce pas les mêmes qui, une fois arrivés aux postes viennent nous démontrer que le gouvernement d'avant faisait en fait, ce qu'il fallait faire, disais ce qu'il fallait dire?

Mais là encore, ça peut passer. Le discours n'ayant changé qu'après la prise de fonction, on ne saurait leur tenir rigueur. Et puis, il n'y a pas que les intelligents qui changent. ;-)

Ici en Ayiti, on se plait à déplorer la prise du pays par les étrangers. « Mezanmi, blan fin pran peyi a !». Et les plus nationalistes (ou kwè!?) se désolent en se remémorant l'illustre Charlemagne Péralte. Mais quand ces mêmes propos sont tenus par le Front-National en France, ça n'a plus la même saveur.

Le cas de l'épouse pro féministe est encore plus flagrant. À la télé ou face à son mari elle se bat pour la reconnaissance de toute la corvée qu'elle abat à la maison. «Travay nan kay pi rèd pase travay nan biro» ou encore «mesye yo al chita nan biro, men nou menm se tout jounen an n’ap bourike nan kay la». Hmm...Est-ce le même discours quand il faut négocier le salaire de la bonne? N’est-ce­ pas plutôt : «O! Kot travay ki gen pou fèt la a pou fi a ap mande tout kòb sa a? Rete ! Pa preske gen anyen pou fèt nan kay la non!»

Vous voyez comme tout peut être relatif?

Et si vous cherchez bien, si vous jetez un œil autour de vous ou, même, si vous prêtez attentions à chacune de vos prises de position, vous en trouverez bien d’autres exemples de relativité dans le regard que vous portez à un sujet :)

Alors, et si de temps à autre on essayait de se mettre à la place de l'autre? Et si on arrêtait de tirer aveuglément la corde de son côté?  Ça ne vous dirait pas, d’essayer de temps en temps de comprendre ce que l’autre peut être en train de vivre ? Si tout le monde s’y mettait, peut-être que les compromis seraient moins difficiles à trouver, qui sait ?

Mais bon, c’était juste une idée comme ça hein! Pas la peine non plus d’en faire une fixation…n’est-ce pas ? D’ailleurs, il n’est  écrit nulle part que tous, nous souhaitons vraiment un monde meilleur ;)

Tilou

jeudi 22 septembre 2011

Yo pa vle wè n’ !


Beaucoup d’Ayitiens sont à la recherche du vrai blocage de notre pays. Ils pensent que d’une façon ou d’une autre, il existe UN problème qui une fois résolu, ne constituera plus un obstacle au progrès tant souhaité par la grande majorité.

Certes, les plaies de l’ancienne chelèn des caraïbes sont nombreuses. Si nombreuses qu’il semble de plus en plus impossible de la polir sans la faire disparaître. 

Mais bien d’autres jolies perles d’aujourd’hui ont été des  grizon  par le passé. Et encore plus kolboso que l’est l’Ayiti contemporaine. L’intuition est donc qu’il faut trouver LE problème. Mettre la main sur LE fil à couper pour désamorcer cette bombe dont la minuterie n’est pas loin de terminer son compte à rebours.

Alors, moi aussi je me suis mis à la recherche de cette tare qui fait notre malheur. J’ai procédé méthodiquement en me demandant ce que nous, Ayitiens, avions en commun.

D’abord, Ayiti! Mais ça ne peut pas être ça. ça n’aurait pas de sens que le pays soit maudit parce qu’il nous est commun. Et même si on considère cet angle, cela signifie simplement que c’est nous le problème et donc, retour à la case départ : qu’avons-nous donc en commun qui puisse nous être néfaste?

Notre couleur de peau? Peut-être! Les pays les plus pauvres sont ceux où les noirs sont majoritaires. Mais, le Brésil et l’Inde sont en pleine progression. L’Afrique du Sud n’est pas mal lotie non plus. Et puis, avec nos mulâtres et nos « bobistò blitch », on se rattrape pas mal hein! 

Parce que nous ne parlons pas anglais? Hmm Je doute fort que les américains parlent vraiment anglais ;)

Ainsi donc, après avoir passé en revue tous les points communs que je nous connais, je n’en ai trouvé qu’un seul qui puisse faire l’affaire : la persécution (Nou gen pèsekisyon!).

Mais oui, ç’est ça. Tous nos problèmes sont dus à une persécution :

Un  bébé mal nourri ou trouvant peu de soin ne meurt jamais de faim ou de maladie. Il a tout simplement été manje. Et le pauvre vieillard du quartier sera soupçonné. Même que si en plus d’être tigranmoun et pauvre, il circule aussi très sale, il a intérêt à déguerpir du quartier le plus vite que possible car sa culpabilité ne souffrira alors d'aucun doute.

Un écolier abonné à l’école buissonnière et qui ne réussit pas est simplement victime de l’instituteur qui lui aura volé ces notes pour les donner à un autre camarade. (Bon sa a vre, mwen pa janm konprann li. Vòlè nòt : ok! Men pou bay yon lòt la…)

Les  protestants et les karismatik eux, ils visent haut. C’est le diable qui est constamment après eux. (Tout la jounen y’ap lonmen non li, kou li reponn yo kouri!)

Un président qui fait reculer le pays n’est pas coupable non plus, il indexera les traditionnels « fòs fè nwa » que personne ne pourra identifier.

Le groupe musical s’en prendra aux « malpalan yo » qui constamment « ap fè manti sou do djaz la » et si ses soirées sont de moins en moins réussies, les malpalan en question seront les animateurs d’émissions musicales, coupables de boycott.

Et le commerce qui verra sa clientèle diminuer à cause de ses prix exhorbitants et du peu de service offert renverra la balle à un supposé zonbi que lui aura expédié le voisin d'en face.

Eh oui! Quelle que soit la situation, quelle que soit l’action que nous posons ou que nous ne posons pas, la cause de nos problèmes vient toujours d’un autre qui, pour milles raisons que nous tâcherons mystérieusement d’identifier, nous en veut et fait tout pour nous mettre les bâtons dans les roues.

Alors, pourquoi donc les malheurs du pays devraient échapper à la règle? Nous continuons à être corrompus, à oublier toute notion de civisme, à ne pas éduquer nos enfants…mais le mal dont souffre le pays n’est toujours qu’une persécution des autres nations, des blancs ou même des lwa parce que nous ne les « servons » pas assez…

C’est ce point commun là que j’indexe, moi; Le «yo pa vle wè n’». Tachons de ne plus fuir nos responsabilités et peut-être ainsi, un jour,  y’a kontan wè n’!

Tilou
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jeudi 28 juillet 2011

...secondes natures


Voilà déjà deux mois sans aucune activité sur le blog. J’étais certes parti un moment, mais je n’avais pas compté m’absenter aussi longtemps. Ce temps, que je prévoyais donc bien plus court, aurait dû suffire pour la mise en page d’une compilation des meilleurs billets déjà publiés. C’était donc pour la bonne cause.

Enfin, ça AURAIT dû l’être ! Puisque la bonne cause en question n’a pas été plaidée :( Deux semaines seulement après avoir commencé le chantier, l’inondation de ma demeure a tout remis à la case départ. Même un peu plus avant la case départ, puisque le peu que j’avais exécuté s’est envolé avec mon ordinateur et mes disques de sauvegarde.

Évidemment, le projet de sortir un recueil reste vivant, mais je ne m’e sens pas encore la force de m’y remettre déjà. J’attendrai aussi que j’aie un autre ordinateur pour le relancer (le projet, hein! pas l’ordi).
Me voilà donc, sans recueil, de retour à mon passe-temps favori.

Et pendant que moi, je perdais mon temps à prendre des vacances pour finaliser un fichier que dlo ta pral fin avè l’, y en a qui n’ont pas chômé pour reprendre leurs bonnes vieille habitudes.

Tenez ! Le président par exemple. Ben… il a vite fait de remettre son déguisement de clown par-dessus son costume de dignitaire pour amuser la foule. Il ne loupe aucune occasion de prouver qu’il en a dans la ceinture ;) ou de rappeler que Ayiti est ce pays à propos duquel il a longtemps chanté « Gad’on Peyi, Woy Woy !!! gad’on peyi, m’fè sa m’ pito !!! ». Il n’a toujours pas de premier ministre (Bon, sa a se genleu pa fòt pa li seulman). Son électorat couche toujours dehors, mais il s’amuse à parader avec un cortège (record) de voitures qui mettent bien en pratique ses refrains d’antan : « Micky rive, rale kò w ban m' pase ! » 

Le Ministère de l’Éducation Nationale n’est pas en reste non plus dans la pratique de la bouffonnerie. Pas mal hein cette histoire de demander secours au ministère des femmes parce que les candidates aux examens du Baccalauréat cachent leurs téléphones dans leurs culottes. (Elles auront au moins trouvé une bonne raison d’en porter :). Si vous saviez avec quelle impatience j’attends la solution que proposera le Ministère à la condition féminine ! Espérons seulement que leur trouvaille ne sera pas d’interdire les culottes dans les centres d’examens.

Et la police qui arrête un homme qui serait armé d’un fusil d’assaut parce qu’une bouteille a été lancée en direction du président. Je ne sais pas si vous étiez au courant, mais moi, c’est la première fois que j’apprends qu’un fusil serait capable de lancer des bouteilles. On n’arrête pas le progrès, dis donc !

Tout ceci pour vous dire donc que bien des choses qui se sont passées ou se passent me poussent à redémarrer le blog. C’est plus fort que moi, sans doute. Et, tout comme le président, le ministère de l’Éducation et la police, je vais tacher de revenir à mes vieilles habitudes ;) 

Tilou

vendredi 7 janvier 2011

Psy? Chic!

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Êtres psychologue est un métier intéressant, vous savez?

Ça donne de la valeur, du prestige. Tout comme un médecin. D'ailleurs le psy est souvent considéré comme un médecin.

On va chez lui en consultation. Il nous écoute, nous examine, nous étudie, et classe tout dans un dossier. Chez lui on est un patient. C'est quelqu'un qui nous vient en aide. Comment? C’est là tout l’intérêt de l’histoire.

Le psy, contrairement au médecin, sera difficilement tenu responsable de l'échec d'une thérapie. Et ceci, pour la simple et bonne raison que ce n'est pas à lui de nous guérir. (Men Koze!) Il semblerait que la guérison ne puisse venir que de nous-mêmes. Le psy lui, n'est là que pour nous aider à trouver nous-mêmes la solution. Comment? On cherche encore...

En fait, il fait plus qu’être présent dans la pièce où on se guérit tout seul. Et ce qu’il fait est même extrêmement indispensable à la guérison. Mais on n’a pas encore trouvé ce que c’est.

Je n'avais jamais rien compris à cette histoire, ce qui me faisait souvent douter de l'utilité d'une thérapie.

J’étais d’accord (et le suis encore) qu’une personne puisse avoir besoin d’un appui psychologique, mais que l’aide devait plutôt venir d’un parent, d’un ami, d’un proche qui serait plus à même de lui remonter le morale ou lui faire dépasser une impasse, traverser un blocage. Parce que, d’après moi, il fallait que l’accompagnateur ait vécu un peu avec la personne en question pour comprendre ce qu’elle ressent ou ce qu'elle vit.

Mais une amie m’a tout expliqué. Eh bien c'est tout simplement de l'art, de la médecine surréaliste!

Le psy, pour être efficace, doit faire preuve de créativité (allez comprendre! ;).

Rien ne doit lui échapper, rien ne doit l'étonner: le moindre geste, les tics, les réflexions, les soupirs, les aveux et même les non-dits....Tout doit prendre un sens. Exactement comme un puzzle qu'on met en place. Même qu'elle m'a avoué que plus il y a de pièces, plus c'est intéressant.

Mais on ne sait pas encore comment il met en place les pièces et ce qu’est exactement le puzzle.
Il n'y a aucune garantie sur le sens exacte ou sur l'interprétation de tel comportement ou de tel aveu.

Ce n’est pas les maths, tout de même! Tout est élastique! Rien n'est dans du béton armé.

Mais quand ça coince vraiment, le psy peut faire appel à des tests psychologiques. Ce sont des tests vendus au prix forts et auxquels ont accès seulement des privilégiés.

Bon, ça fait monter les prix des consultations et en plus qu’il faut rattraper l’argent dépensé pour toutes ces années d’études. Du coup, il ne faut pas être trop pauvre pour être client d’un psy. Sinon, autant se rendre chez le bòcor.

Tenez, le bòcor lui, il ne fait pas autant d'études. Mais il traite pareil: Il vous écoute parler et choisit parmi les noms que vous citez lequel vous a envoûté. Et il mériterait bien plus d’être payé, lui, le bòcor, puisque qu’il assume faire le travail…

Tandis que le psy, on cherche encore ce qu’il fait!

Tilou
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